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​Les patrons demandent l'union sacrée sur la vaccination


Tahiti, le 12 août 2021 – Les représentants du patronat, Medef et CPME en tête, se sont entretenus jeudi soir avec les services du haut-commissariat pour faire remonter leurs principales interrogations et doléances après les annonces des nouvelles restrictions sanitaires par le Pays et l'État. Principal message passé par le président du Medef, Frédéric Dock, le président de la CPME, Christophe Plée, et le président du syndicat des restaurants, bars et snack : Les entreprises privées demandent l'union sacrée sur la vaccination et un "discours franc" de chaque élus, responsables d'organisation ou d'association en faveur d'une vaccination obligatoire, massive et immédiate du plus grand nombre. Message qui sera relayé vendredi matin, à l'occasion d'une grande réunion État-Pays-Partenaires sociaux.
 
  • Le privé veut des informations sur la situation sanitaire
 
C'est une demande forte des représentants du patronat réunis jeudi soir avec les services de l'État, les autorités sanitaires doivent davantage et mieux communiquer sur la situation épidémique réelle au fenua. "On demande de la transparence dans la communication du gouvernement sur tout ce qui concerne l'épidémie et la pandémie", explique Maxime-Antoine Michard, à la tête du syndicat des restaurateurs. "Ce serait intéressant, même indispensable, que les autorités sanitaires nous donnent la situation réelle", insiste le patron du Medef, Frédéric Dock. Les responsables du privé regrettent expliquent être tributaires des seules informations relayées dans les médias pour s'informer sur l'état réel de la situation sanitaire en Polynésie.
 
"Est-ce que le Centre hospitalier est débordé ou non ? Est-ce qu'on est au début, au milieu ou à la fin de cette vague ?", interroge le président du Medef, qui explique manquer d'interlocuteur pour avoir "un état précis de la situation sanitaire" et anticiper au mieux les effets de la crise. "Par exemple, on a eu des arrêts de travail en série. On ne savait pas s'ils étaient tous liés au Covid ?". La demande sera transmise vendredi aux autorités du Pays.
 
  • Un "discours franc" sur la vaccination
 
"Il faut que chacun se positionne clairement pour aller sur une vaccination renforcée, voire une obligation", lâche le président de la CPME, Christophe Plée. "On va avoir un discours franc sur la vaccination avec le Pays." Concrètement, les patrons estiment que les entreprises polynésiennes ont massivement poussé leur personnel à la vaccination. Mais pour que l'immunité puisse être collective, ils savent qu'il faudra vacciner bien davantage dans la population. Et pour cela, ils lancent une sorte d'appel à l'union sacrée pour "s'assurer que tous ceux qui ont une influence sur quelqu'un le dise clairement", résume Frédéric Dock.
 
"On représente dans le privé, en tout cas dans le secteur marchand, 45 000 personnes environ, sur une cible de 250 000 personnes susceptibles d'être vaccinées en Polynésie. Le travail on l'a fait. Donc on pense qu'il est temps que chaque responsable à son niveau, que ce soit un maire, un président d'association ou de n'importe quelle organisation, fasse ce même travail", détaille le président du Medef. "Il faut que les choses soient beaucoup plus claires, exprimées de manière solennelle, comme le président du Pays, le haut-commissaire et les entreprises l'ont fait. Je n'ai pas entendu aujourd'hui tout le monde s'exprimer de la même manière sur la vaccination". Cible principale qui semble ressortir de cet appel des deux confédérations patronales : les élus locaux. "Demain on va passer le message aux politiques", prévient Christophe Plée.
 
  • Les restrictions, pas la solution
 
Sur les restrictions sanitaires –couvre-feu, interdictions de rassemblements ou confinement– le patronat regrette globalement un manque de visibilité lié à des décisions prises nécessairement à court terme. Certes ces mesures non-encore totalement restrictives permettent à une partie de l'économie polynésienne de continuer à tourner, mais leur volatilité rend les entreprises incapables de s'adapter. "Comment se projeter ?", regrette Christophe Plée, qui explique que les entreprises sont déjà désorganisées par les arrêts de travail. "On n'a pas la visibilité sur les semaines qui viennent."
 
"Aujourd'hui, les entreprises ne peuvent pas se permettre d'avoir des à-coups comme ça. Un coup couvre-feu, un coup confinement partiel ou total… À très court terme, ça va craquer", explique Maxime-Antoine Michard. "Les restaurants, on a travaillé deux mois sur les seize derniers mois. Aujourd'hui, on va encore nous couper le service du dimanche. On ne va plus pouvoir continuer comme ça." Et le président du syndicat des restaurateurs d'oser : "Je serai même tenté de dire qu'on aurait presque tenté un confinement complet immédiat, comme ça on se place dans une position où on peut faire des demandes d'aides et d'accompagnement. Aujourd'hui on est dans une position un peu batarde où on nous laisse travailler… mais à moitié."
 
  • Des discussions "État-Pays" sur les mesures économiques
 
C'est l'un des objectifs de la réunion de vendredi matin, les patrons veulent des rencontres communes avec l'État et le Pays pour éviter de perdre du temps avec deux interlocuteurs différents. Ils souhaitent "recréer une cellule de crise dans laquelle il y aurait l'État et le Pays", explique Maxime-Antoine Michard, "parce qu'aujourd'hui on rencontre les deux séparément, et ce n'est plus possible". Frédéric Dock approuve, et parle lui de "synchronisation immédiate et permanente entre les forces économiques, le Pays et l'État". Ce préalable posé, les entreprises espèrent que les réponses pourront arriver encore plus vite qu'au début de la crise.
 
FSE et PGE, Diese ou Deseti ont bien fonctionné, estiment les patrons. "Mais la plupart de ces systèmes, ceux de l'État comme du Pays, sont aujourd'hui en dégressivité", explique le patron du Medef. "Il faut tout reposer sur la table et se demander ce qui est essentiel pour que l'activité puisse continuer." Plus précisément, la CPME a notamment demandé une extension du Fond de solidarité à plusieurs secteurs –Formation professionnelle, évènementiel… – et notamment aux prestataires qui travaillaient le dimanche. Les restaurateurs demandent également spécifiquement l'extension du Fonds. Aujourd'hui, ils ne sont pas concernés "car il faut avoir perdu 75% de son chiffre d'affaires", explique Maxime-Antoine Michard. "Depuis le début de la crise, on n'a jamais pu être éligibles".
 
Sur ces dernières questions, un cadrage devait avoir lieu jeudi soir et un courrier était attendu dans la nuit pour apporter les premières réponses aux questions des patrons.
 

Rédigé par Antoine Samoyeau le Jeudi 12 Août 2021 à 22:49 | Lu 5685 fois