Tahiti, le 8 juillet 2025 – Plusieurs experts du Pacifique ont participé au premier colloque international du va’a, organisé par l’association Haururu à l’occasion de la présence de Hōkūle’a au Fenua. De nombreuses personnes avaient fait le déplacement pour profiter de ces échanges sur les symboliques profondes de la pirogue ancestrale.
Le restaurant Gauguin de Papeari s’est transformé en salle de conférence pour accueillir le premier colloque international du va’a, ce mardi. La délégation de Hōkūle’a, en étape à Teva i Uta depuis dimanche, a été accueillie par des chants qui ont ponctué les allocutions anglo-tahitiennes des intervenants de la “grande famille du va’a”, tandis que les voiles de la Saga se dressaient fièrement dans le lagon.
Le restaurant Gauguin de Papeari s’est transformé en salle de conférence pour accueillir le premier colloque international du va’a, ce mardi. La délégation de Hōkūle’a, en étape à Teva i Uta depuis dimanche, a été accueillie par des chants qui ont ponctué les allocutions anglo-tahitiennes des intervenants de la “grande famille du va’a”, tandis que les voiles de la Saga se dressaient fièrement dans le lagon.
Chercheurs et navigateurs
Ce rassemblement était organisé par l’association Haururu avec le soutien du Pays et de la communauté de communes Terehēamanu, dont l’un des symboles n’est autre qu’une pirogue. La question du jour était la suivante : qu’est-ce qu’un va’a ? Edgar Tetahiotupa a été le premier à donner des éléments de réponse. “On voulait apporter un éclairage symbolique du va’a. Le discours, à l’heure actuelle, c’est la navigation avec les étoiles par des gens très doués, mais il y a quelque chose d’encore plus fort qui nous ancre dans notre culture. C’est ce qui devrait aider les personnes à affronter les difficultés de la vie moderne d’une autre manière”, confie l’anthropologue et membre de Haururu.
Navigateur et membre de l’association Fa’afaite i te ao mā’ohi depuis 2009, Titaua Teipoarii est revenu sur cette quête d’identité : “J’ai remercié nos frères et sœurs de Hawai’i d’avoir partagé leurs connaissances autour de la navigation. C’est ce qui nous a permis de faire nos propres recherches pour savoir qui nous sommes à travers nos ancêtres. On invite tous ceux qui veulent apprendre à nous rejoindre pour transmettre à leur tour dans leurs districts et dans leurs îles”.
Une quête identitaire
“Le va'a nous connecte mais pas seulement parce que nous voyageons, il y a quelque chose de plus profond, de plus spirituel”, a déclaré Nainoa Thompson, le maître-navigateur de Hōkūle’a se considérant toujours comme un humble “élève” à ce sujet. D’autres experts internationaux ont partagé leur point de vue, comme le spécialiste néo-zélandais Hoturoa Barclay-Kerr : “Mon message à tous est que le waka n’est pas seulement une embarcation, mais un mode de vie. Il connecte l’océan et la terre, mais pour que ça fonctionne, il faut une grande communauté. Pour y parvenir, nous devons rêver ensemble”. Te Toki Voyaging Trust est un exemple d’application, ce programme créé en 1997 misant sur les pirogues traditionnelles pour raviver les connaissances ancestrales et encourager les jeunes à développer de nouvelles compétences, notamment en matière de leadership.
Pour le maître-navigateur des îles Cook Tua Pittman, “le va’a est un mouvement de personnes”, autrement dit, “il n’y a pas de peuple sans va’a, ni de va’a sans peuple”. “Ça touche à l’identité et à la généalogie : c’est savoir qui on est. Quand on se rend dans d’autres îles, on retrouve des membres de sa famille qui sont partis depuis longtemps. C’est l’essence et le mana de ce que représente le va’a en tant que communauté.” L’occasion de délivrer un message de préservation de l’environnement, qui fait écho au “voyage for earth” entamé par Hōkūle’a : “La terre et l’océan ne nous appartiennent pas, mais tant que nous sommes là, nous en sommes les gardiens”.
Plusieurs membres de Haururu sont intervenus, dont le docteur Éric Parrat au sujet du projet Va’a Ora en faveur d’une approche de la santé davantage tournée vers la culture et la médecine traditionnelle. Le mot de la fin est allé à Yves Doudoute, qui s’intéresse à la signification du va’a depuis de nombreuses années.
De nombreux auditeurs
Du côté des auditeurs, de nombreuses personnes avaient fait le déplacement pour assister à cette rencontre inédite. Le président de la Fédération tahitienne de va’a, Rodolphe Apuarii, était venu avec plusieurs membres de l’équipe : “On voit que le va’a est présent chez nous comme chez nos voisins avec certains mots en commun. Nous avons une représentante de la culture dans la fédération qui s’intéresse à ces questions. Nous avons aussi des événements culturels, comme le Heiva va’a mata’eina’a, ce week-end, à Mataiea, pour lequel nous sommes affiliés au ministère de la Culture pour continuer à faire vivre certaines traditions au-delà du sport”.
Malgré un climat social tendu, le président de la Polynésie française a tenu à assister à ce premier symposium, le suivant devant se tenir en Nouvelle-Zélande : “Ce sont des moments de partage émouvants. On se rend compte que la pirogue, c’est bien plus qu’un moyen de transport. C’est notre culture et notre âme qui voyage depuis sa fabrication jusqu’aux traversées. C’est une école de la vie et un moyen de passer nos traditions. C’est aussi l’occasion de se projeter au-delà du récif avec toutes ces connexions dans le Pacifique”. L’occasion pour Moetai Brotherson d’annoncer qu’un port d’attache avait été trouvé pour Fa’afaite au motu Ovini de Faa’a, où l’association pourra poursuivre sereinement ses projets de transmission entre deux navigations.





































