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Top départ de la Saga avec Hōkūle’a


Arrivée de Hōkūle’a au motu Ovini pour l’ouverture de la Saga (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Arrivée de Hōkūle’a au motu Ovini pour l’ouverture de la Saga (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 7 juillet 2025 – Ce lundi, les voiles de la Saga se sont mêlées à celles des pirogues Hōkūle’a et Hikianalia sur le plan d’eau de Papeari. Une ouverture mémorable pour les 144 enfants de la première semaine, comme pour les membres d’équipage qui ont pris le temps d’échanger avec les jeunes navigateurs et leurs encadrants.
 

Entre le claquement des mâts, les rires et les voiles colorées, aucun doute : la 33e édition de la Saga est officiellement lancée ! Pour cette première semaine, 144 enfants et adolescents de Teva i Uta, Faa’a, Papeete, Moorea et Tikehau ont embarqué dans l’aventure au motu Ovini de Papeari.
 
Des travailleurs sociaux aux moniteurs, une quarantaine d’adultes est mobilisée pour encadrer les apprentis navigateurs. Avec quatorze éditions au compteur, Philippe Bourlier, chef de base de l’école de voile d’Arue et “beach capitaine” en charge de la coordination, est rodé. “J’ai fait les présentations à l’arrivée des enfants ce matin. On a passé en revue les règles de vie et de sécurité, et la répartition dans les groupes par catégorie d’âge avec douze types de supports de voile différents. L’initiation à la navigation commence par la prise de contact avec le moniteur et le matériel. Ils vont apprendre à hisser les voiles et à gréer les bateaux. Ils doivent savoir les manipuler à terre, puis sur l’eau. La première journée est assez éprouvante avec beaucoup de consignes et de vocabulaire nouveau, mais les enfants intègrent rapidement. C’est aussi très émouvant !”, confie-t-il.
 
L’équipe de la Saga peut aussi compter sur Manuia Germain, directrice du placement de vacances : “Il faut caler les enfants dans les transports, s’assurer que tout le monde est là, s’occuper de la logistique et de l’administratif. On est aussi en lien avec la DSFE (Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité, NDLR) et les 43 familles d’accueil. C’est toujours une joie de contribuer au bon déroulement de la Saga et un pincement au cœur d’accueillir des enfants de tous les horizons”.
 


​Un accueil enthousiaste


Après la remise des gilets et un bon petit déjeuner, l’impatience était palpable sous le soleil et le vent de la Presqu’île. Les 12 moniteurs et leurs aides-moniteurs étaient à pied d’œuvre pour expliquer les bases des manœuvres après la mise à l’eau. “J’encadre des jeunes de 14 ans qui sont sur les catamarans Dragoon. On apprend à se connaître en commençant par les prénoms. J’ai un bon groupe : ils sont cools et on va bien s’amuser !”, remarque Keoni Mouëllo, moniteur de voile de 21 ans au rendez-vous depuis plusieurs années après avoir commencé en tant qu’aide-moniteur. “La Saga, c’est ma passion. C’est un rendez-vous qui a tellement de sens dans ma vie et ma formation”, poursuit-il, revenu exprès de France où il suit des études pour devenir professeur de sport.
 
Mais avant de se jeter à l’eau, un autre temps fort attendait les enfants, ce lundi, en milieu de matinée : l’arrivée de la pirogue hawaiienne Hōkūle’a, suivie de Hikianalia. Rassemblés sur la plage, ils ont accueilli les navigateurs traditionnels avec des chants et une haie d’honneur. Un enthousiasme partagé par le maire de Teva i Uta, Tearii Alpha : “La Saga revient à Papeari et les dates convergent avec celles de Hōkūle’a et Hikianalia, qui sont avec nous depuis dimanche. Les enfants peuvent profiter de cette présence exceptionnelle, car Hōkūle’a est certainement la pirogue de voyage la plus illustre dans le Pacifique. Nous avons décidé avec la famille et les amis de construire notre pirogue : j’espère qu’elle sera prête pour le retour de Hōkūle’a dans trois ans”.
 
Cette rencontre a été l’occasion de faire découvrir aux membres d’équipage le fonctionnement de la Saga, qui a permis d’offrir des vacances à plus de 20 000 enfants polynésiens depuis 1993 grâce au soutien du Pays, de l’État, des communes et des familles d’accueil, mais aussi des nombreux parrains et dons de particuliers. Les navigateurs ont pris le temps de répondre aux questions sur les méthodes de navigation ancestrale et les habitudes de vie à bord. Certains ont même navigué aux côtés des enfants.
 

Maeva, 13 ans, résidente de Tikehau : “C’est ma première Saga”

“Je suis arrivée dimanche à Tahiti. Je suis dans la même famille d’accueil que mon frère et mes deux cousins. C’est ma première Saga. C’est ma mamie qui m’a proposé. Je ne connaissais pas, mais maintenant que j’y suis, je trouve ça génial ! J’aime bien mon groupe, on apprend à se connaître. J’ai hâte de naviguer, car je n’ai jamais fait de voile. J’ai aussi pu découvrir Hōkūle’a, qui navigue sans moteur en s’aidant des étoiles. C’est impressionnant !”

Henri Cornette de Saint-Cyr, dit Doudou, fondateur de la Saga : “Une rencontre entre navigateurs”

“J’ai passé la main à Tina Lioux il y a un an et demi, mais je suis là si on a besoin de moi. L’équipe est solide et le système fonctionne très bien. Je participe à l’accueil des enfants de la première semaine, mais aussi de Hōkūle’a avec beaucoup de plaisir. Le monde est petit : quand Hōkūle’a est arrivée il y a 50 ans, j’étais à la pointe Vénus avec un Hobie Cat pour l’accueillir. On est dans la même histoire à la Saga : si on amène les enfants sur l’eau, c’est pour qu’ils renouent avec leurs origines. Je suis impatient d’assister à cette rencontre entre navigateurs.”

Nainoa Thompson, maître-navigateur hawaiien : “C’est très inspirant”

“J’ai grandi en voyant ma grand-mère et mon père consacrer leur vie aux enfants dans le besoin. Quand je vois tous ces enfants réunis sous ce grand fare, c’est très inspirant. (...) Je suis impressionné d’apprendre que la Saga existe depuis 33 ans. Je vois le travail et l’argent que ça demande pour emmener tous ces enfants sur l’océan en toute sécurité tous les jours. Ce n’est pas facile. (...) La première fois que je suis venu à Tahiti, c’était il y a 49 ans. À chaque fois, je découvre de nouvelles choses qui me confirment que les gens d’ici ont un fort attachement à leur terre et à leur famille.”










Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Lundi 7 Juillet 2025 à 15:56 | Lu 1593 fois