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​La Water Patrol en entraînement à Teahupo’o


Derniers préparatifs avant de passer à la théorie et à la pratique, ce samedi (Crédit photos : Anne-Charlotte Lehartel/Manea Fabisch).
Derniers préparatifs avant de passer à la théorie et à la pratique, ce samedi (Crédit photos : Anne-Charlotte Lehartel/Manea Fabisch).
Tahiti, le 30 septembre 2025 – Passionnés de sports aquatiques et de sauvetage, plusieurs amis et membres de la Water Patrol organisent une journée d’initiation et d’aguerrissement, qui devrait réunir une vingtaine de sauveteurs et de surfeurs pour une dizaine de jet-skis ce samedi. Une initiative comme souvent bénévole, qui pourrait être reconduite plusieurs fois par an dans un esprit de cohésion et de partage. Pour tenter de dépasser certains freins à l’exercice de ces missions vitales, la création d’une association est également en projet.

 
Rendez-vous est fixé ce samedi 4 octobre à Teahupo’o, à l’initiative de plusieurs amis et membres de la Water Patrol. Sur le territoire, ils seraient une trentaine “d’anges gardiens” prêts à voler au secours des surfeurs par tous les temps. Ces spécialistes du sauvetage de l’extrême assurent la sécurité des athlètes locaux et internationaux lors de diverses compétitions, notamment les Trials et la Tahiti Pro, sous la coordination de Moana David. Passionnés, ils se mobilisent aussi spontanément à chaque forte houle.
 
Ce week-end, une vingtaine de sauveteurs et de surfeurs vont donc se réunir pour un entraînement grandeur nature dans un esprit de cohésion et de partage. “Je crois que c’est la première fois qu’on va s’entraîner hors compétition. On va essayer de se réunir quatre fois par an pour ne pas rester sur nos acquis et pour partager nos connaissances avec la prochaine génération”, explique Jimmy Tiapari, maître-nageur et membre de la Water Patrol depuis plus de dix ans, interrogé en marge d’une réunion relative à la préparation de cette rencontre.

“Quelques secondes pour intervenir”


L’occasion d’affiner le programme de la journée, qui sera placée sous le signe de “la sécurité avant tout”, tandis que la houle de sud-ouest n’a pas encore dit son dernier mot. Les bases du secourisme seront abordées à terre avant de passer à des exercices pratiques en mer avec une dizaine de jet-skis mobilisés. “Les deux postes-clés sont assurés par le pilote et le grabbeur. Le pilote doit être précis de manière à récupérer le surfeur dans les plus brefs délais. À l’arrière, le grabbeur aide le surfeur à monter sur le sled et il doit être capable d’assurer les gestes de premiers secours, si besoin. Le premier objectif, c’est de procéder à un dégagement d’urgence de la zone d’impact, en sachant qu’on n’a que quelques secondes pour intervenir”, rappelle Kereteki Ellis, rodé au secours en mer en tant que pompier et formateur.
 
À ce titre, il encourage les jeunes à passer les deux niveaux de la formation Premiers secours en équipe (PSE1 et PSE2), le Brevet national de sécurité et de sauvetage aquatique (BNSSA) et le permis côtier. “C’est essentiel d’être formé pour intervenir dans le domaine du secourisme”, poursuit-il. Parmi les potentielles futures recrues, le surfeur Heivaarii Salmon continue à se former au sauvetage en mer : “C’est un vrai plus. J’ai toujours aimé faire ça et c’est important de savoir comment intervenir quand on a des collègues à l’eau. Ça permet de développer de nouvelles techniques et de voir sur quels points on peut s’améliorer.”


​Un projet d’association


Les membres de la Water Patrol sont aux premières loges pour apprécier les exploits des surfeurs ; un privilège qui n’est pas sans contrepartie, puisque leur maîtrise et leur réactivité sauvent régulièrement des vies. “À chaque session, il y a des sauvetages”, confirme Taiau Doom, également sapeur-pompier. “On est tous des passionnés. On est là pour aider les surfeurs à repousser leurs limites en les rassurant par notre présence. Ce n’est pas du business”, poursuit-il. En dehors de certaines missions rémunérées ou dédommagées lors des compétitions, la sécurité est généralement assurée bénévolement en ce qui concerne les sessions de free surf.
 
Au-delà des risques encourus pour eux-mêmes, les dégâts matériels sont fréquents dans des zones où le récif est à fleur d’eau. Or, l’achat, l’entretien et la réparation des jet-skis sont à leurs frais, sans oublier le carburant et les équipements spécifiques au sauvetage. “Au niveau du matériel qui est particulièrement coûteux, on aimerait pouvoir être considérés comme des professionnels du secourisme et pas comme de simples plaisanciers. C’est une mission d’utilité publique. On est tous patentés, mais on n’existe pas collectivement. Il est peut-être temps de monter une association”, suggère Jimmy Tiapari, en sachant qu’il y a “de plus en plus de compétitons de surf, de va’a, de kayak et de natation, et qu’on est de plus en plus sollicités.”
 
Ce projet d’association devrait se concrétiser dans les prochains mois, en 2026 au plus tard. Cette entité aurait également vocation à aller de l’avant sur certains sujets relatifs à l’encadrement des spots à risque : “On s’inquiète aussi de la sécurité lors des grosses houles à Teahupo’o, où ça devient du grand n’importe quoi à cause de certains prestataires qui veulent être toujours plus près de la vague avec tous les risques que ça comporte, y compris pour les surfeurs”. Une pression croissante qui complique la mission déjà périlleuse des sauveteurs.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mardi 30 Septembre 2025 à 17:26 | Lu 2284 fois