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​L'art du tatouage se professionnalise aux Marquises


Une formation professionnelle d'artiste tatoueur démarrera fin septembre à Nuku Hiva. Le tatoueur Teiki Huukena (à gauche) est l'un des formateurs.
Une formation professionnelle d'artiste tatoueur démarrera fin septembre à Nuku Hiva. Le tatoueur Teiki Huukena (à gauche) est l'un des formateurs.
Nuku Hiva, le 31 août 2021 – L'association Patutiki de Nuku Hiva ouvre une formation professionnelle d'artiste tatoueur à douze Marquisiens, soigneusement sélectionnés. Pendant presque un an, ils seront initiés à l'art du tatouage sous toutes ses formes, des Marquises et d'ailleurs. Une initiative soutenue par la commune qui met des locaux à leur disposition.
 
Promouvoir le tatouage en formant des tatoueurs marquisiens, c’est le défi que se sont fixés les intervenants de l’association Patutiki. Ainsi, le 20 septembre débutera à Nuku Hiva une formation de dix mois relative à l’art du tatouage sous toutes ses formes. Elle est mise place en collaboration avec le Sefi et l'école française du tatouage. “L’idée est venue du fait qu’il n’existe pas de formation professionnalisante au tatouage, explique Makiehitu Tamarii, trésorier de l’association Patutiki, ni aux Marquises, ni à Tahiti. Bien sûr il y a le centre des métiers d’arts, mais cette école propose une formation générale alors que ce que nous proposons c’est une formation précise et complète sur l’art du tatouage.”
 
Tatouages de grande qualité
 
Pour ce faire, douze Marquisiens, âgés de 20 à 40 ans, issus des six îles de l’archipel ont été scrupuleusement sélectionnés, notamment sur leur compétence en matière de dessin, pour intégrer cette formation professionnelle qui sera essentiellement dispensée par deux tatoueurs de Nuku Hiva : Heretu Tetahiotupa et Teiki Huukena.
“À travers cette formation, précise ce dernier, nous souhaitons faire en sorte que les tatoueurs marquisiens puissent offrir à ceux qui veulent se faire tatouer, qu’ils soient locaux ou visiteurs, des tatouages de grande qualité, qu’il s’agisse de matatiki ou d’autres motifs, car en réalité c’est très compliqué d’apprendre à tatouer.”

La technique ancestrale du tatouage sera à l’honneur pendant cette formation de 10 mois. Heretu Tetahiotupa (à droite) sera l’un des deux tatoueurs marquisiens à dispenser les cours.
La technique ancestrale du tatouage sera à l’honneur pendant cette formation de 10 mois. Heretu Tetahiotupa (à droite) sera l’un des deux tatoueurs marquisiens à dispenser les cours.
Patutiki et tatouages du monde
 
Trois autres tatoueurs de Tahiti puis un de métropole viendront compléter la formation de façon ponctuelle, comme le précise Makiehitu Tamarii : “En effet, nous avons fait appel à des intervenants extérieurs car la formation se concentrera sur l’apprentissage des techniques modernes et ancestrales du tatouage marquisien, mais il ne sera pas uniquement question de patutiki, nous allons aussi nous tourner vers les tatouages du monde, avec notamment la technique du portrait ou des motifs figuratifs.”
Pour l’heure, la commune de Nuku Hiva vient de mettre à disposition de l’association deux salles de formation, un bureau, un réfectoire et un dortoir car neufs des stagiaires issus des îles seront logés sur le lieu de formation.

En début de semaine, Teiki Huukena et Makiehitu Tamarii ont signé une convention relative au prêt de locaux avec le maire de Nuku Hiva, Benoit Kautai.
En début de semaine, Teiki Huukena et Makiehitu Tamarii ont signé une convention relative au prêt de locaux avec le maire de Nuku Hiva, Benoit Kautai.

Teiki Huukena, tatoueur, auteur du livre Te Patutiki

A 47 ans, Teiki Huukena est un tatoueur passionné par son art qu’il pratique depuis 30 ans. Il est aussi l’auteur d’un ouvrage sur le tatouage marquisien Te Patutiki, devenu une référence pour tous les tatoueurs du Pays et même au-delà : “Quand internet est arrivé, les motifs de tatouage marquisiens se sont propagés partout dans le monde à une vitesse incroyable et je voyais qu’à mesure où les images des matatiki se propageaient, jamais les Marquises n’étaient citées, ou très rarement. Les gens faisaient une confusion avec le tatouage de Nouvelle-Zélande ou celui de Tahiti qui n’ont rien à voir avec celui des Marquises. Donc j’ai voulu remettre les choses à leur place. C’est un patrimoine culturel marquisien et même si nous sommes pour le partage, il est important qu’en tant qu’héritiers de ces symboles qui nous viennent de nos ancêtres, nous fassions respecter cette identité. Cela n’interdit pas aux personnes extérieures à l’archipel de se tatouer des motifs marquisiens puisque nos ancêtres l’acceptaient déjà volontiers, mais il faut que les gens sachent qu’ils sont marquisiens c’est tout. C’était l’objectif de mon livre.”

Rédigé par Marie Laure le Mardi 31 Août 2021 à 15:35 | Lu 3349 fois