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​Dans les coulisses d’un tournage à Vairao


Les collégiens ont enchaîné les prises avec passion (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Les collégiens ont enchaîné les prises avec passion (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 26 février 2025 – Plusieurs séquences du film documentaire Rāhui, la promesse polynésienne, ont été tournées ce mercredi, au marae Nuutere. Parmi les participants, une vingtaine d’élèves du collège de Taravao ont mis à l’honneur les traditions ancestrales. La première diffusion nationale de cette réalisation de 52 minutes centrée sur les deux zones de pêche réglementée de Tautira et Bora Bora est fixée au 8 juin, à l’occasion de la Journée mondiale de l’océan.

 
Une fois n’est pas coutume : le marae Nuutere de Vairao était sous le feu des projecteurs, ce mercredi, dans le cadre du tournage de plusieurs séquences du film documentaire Rāhui, la promesse polynésienne.
 
Derrière la caméra, on retrouve Mélissa Constantinovitch, coréalisatrice avec Thomas Yzèbe, mobilisée sur le tournage depuis octobre dernier. “On suit deux zones de rāhui, en gestion à Tautira et en création à Bora Bora, autour de deux communautés très différentes”, explique-t-elle quant à la trame principale. “Aujourd’hui, on tourne des scènes d’évocation qui, comme d’autres scènes tournées ailleurs, vont être éclairées par des témoignages d’experts en anthropologie, en histoire, en linguistique et en ressources halieutiques. L’idée, c’est de montrer comment le rāhui a été remis au goût du jour en tant que mode de gestion durable des ressources.” La veille, d’autres plans avaient par exemple été tournés entre l’océan et les falaises du Pari.
 
“Ça fait au moins deux ans qu’on a commencé à travailler sur ce projet. Le tournage se terminera la semaine prochaine, à Tautira”, poursuit Corinne Pouplard, productrice de Stories&Co, dont le film Fièr.e.s, la voix du Pacifique a été doublement primé lors du dernier Festival international du film documentaire océanien (Fifo). Pour cette nouvelle production de 52 minutes, la première diffusion est prévue sur France 3 dans le cadre de l’année de la Mer et de la Journée mondiale de l’océan, le 8 juin prochain, mais aussi localement sur Polynésie La 1ère.
 

L’équipe de tournage du film documentaire Rāhui, la promesse polynésienne.
L’équipe de tournage du film documentaire Rāhui, la promesse polynésienne.

Les figurants ont apprécié cette expérience unique.
Les figurants ont apprécié cette expérience unique.

​Des élèves-ambassadeurs


Pour redonner vie au marae, 40 ambassadeurs de la culture polynésienne ont pris part au tournage, dont une vingtaine d’élèves de 4e issus des Classes à horaires aménagés musique et danse (Cham-Chad) du collège de Taravao. Une belle expérience pour Rudy, en tant que danseur : “C’est la première fois que je participe à un tournage. On ressent bien le mana ! Et on nous met vraiment à l’aise par rapport aux différentes prises”. Même énergie chez Tokahi, chargée avec deux autres camarades de faire résonner les pahu. “C’est un peu stressant, mais comme on a beaucoup travaillé, on est fiers de montrer ce qu’on a préparé. Tout le monde nous encourage : c’est une expérience incroyable pour nous, à seulement 13 ou 14 ans !”, se réjouit-elle.
 
Une fierté partagée par leurs professeurs, présents sur place pour les guider au terme de plusieurs mois de préparation. “Notre projet de classe, cette année, c’est de faire le lien entre passé, présent et futur. L’aspect identitaire est important. On a essayé de faire une réinterprétation du Tahiti d’avant contact en se documentant et en interrogeant des personnes-ressources. Je tiens à dire que ce sont les propositions des élèves qui sont présentées”, souligne Fabien Lann, professeur d’éducation musicale et coresponsable de la filière.
 
Cette expérience unique permet aussi aux adolescents d’expérimenter la culture et l’art sous un autre angle, plus professionnel. “C’est un super défi, avec l’opportunité de découvrir les métiers de l’audiovisuel de l’intérieur. C’est une chance pour eux comme pour nous : c’est très motivant et c’est excellent pour l’estime de soi !”, remarque l’enseignant.
 
En toile de fond, plusieurs techniques ont été mises à l’honneur, comme le tressage ou encore le tapa, sur les conseils de Tutana Tetuanui-Peters, grande dame de la culture intervenue avec des agents et des outils de la Direction de la culture et du patrimoine. “C’est un moment fort pour moi : je suis née aux Marquises, mais j’ai des ancêtres du côté de ma mère qui sont des tupuna de ce marae. C’est pour ça que j’ai proposé de prélever quelques racines pour accompagner les enfants dans leur présentation”, nous a-t-elle confié tout en continuant à frapper l’écorce.
 
La participation des élèves ne s’arrête pas là, puisqu’un prochain rendez-vous est fixé en studio pour enregistrer plusieurs chants. Tous n’ont qu’une hâte : voir le résultat final dans quelques mois à la télévision et lors d’une projection privée.
 

Quelques conseils des professeurs entre deux prises.
Quelques conseils des professeurs entre deux prises.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mercredi 26 Février 2025 à 15:35 | Lu 1601 fois