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​“Faire revivre” le fort de Taravao


La cérémonie militaire s’est tenue devant le bâti historique (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
La cérémonie militaire s’est tenue devant le bâti historique (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 9 mai 2025 – Le fort de Taravao était au cœur de la commémoration de la victoire du 8 mai 1945, ce jeudi, à la Presqu’île. Bien que le site soit en chantier dans le cadre du Contrat de redynamisation des sites de Défense (CRSD), la population a pu assister à une cérémonie militaire dans ce lieu chargé d’histoire et de souvenirs, mais aussi de projets.

 
Depuis quatre ans, la commémoration du 8-Mai, qui marque la fin de la Seconde Guerre mondiale, est aussi célébrée à la Presqu’île. Pour les 80 ans de la victoire, la population était invitée à assister à une cérémonie militaire au fort de Taravao, habituellement fermé au public. Les pompiers de Taiarapu-Est se sont joints aux militaires du Régiment d’infanterie de marine du Pacifique-Polynésie (RIMaP-P), dont plusieurs jeunes volontaires-découverte de l’armée de Terre.
 

​Un devoir de mémoire


De nombreux élus et administrés avaient fait le déplacement. Dans la foule, Raureni Taufa, 64 ans, était venu de Faa’a pour soutenir un neveu engagé. “J’ai fait mon service militaire ici, à Taravao, pendant un an, en 1982. Le parcours du combattant était en bas. On dormait et on mangeait ici. Ça me rappelle plein de souvenirs ! À l’époque, on était les Sauvages de Taravao de la 1ère Compagnie”, confie-t-il, ému de franchir à nouveau les grilles du fort.
 
Après le défilé, les hommages se sont poursuivis au monument aux morts du parc Teaputa. L’occasion pour le maire de Taiarapu-Est de revenir sur cette intégration du fort à la cérémonie. “C’est la première fois que le vieux fort de Taravao est remis en valeur. Construit en 1843 [lors de la guerre franco-tahitienne, NDLR], ce fort a connu de nombreuses vies durant près de deux siècles. Il a assumé diverses missions : ateliers de discipline, lieu de détention, poste de gendarmerie en 1867, et même la toute première infirmerie et maternité de Taravao en 1952”, a rappelé Anthony Jamet dans son discours.
 

Le grand public a pu à nouveau franchir les portes du fort.
Le grand public a pu à nouveau franchir les portes du fort.

Réhabiliter et préserver


Inexploités depuis 2011, le terrain de 3 hectares et ses bâtiments font l’objet d’un projet de reconversion économique dans le cadre du Contrat de revalorisation des sites de Défense (CRSD) associant la commune, le Pays et l’État. “Une partie est classée aux monuments historiques. On essaie de trouver des solutions pour la valoriser comme il se doit. C’est un premier pas pour faire revivre ce lieu, en gardant le contact avec les militaires”, nous a indiqué le tāvana, concernant ce projet qui “suit son cours”.
 
La municipalité a récemment communiqué sur le sujet sur les réseaux sociaux, rappelant que la première phase des travaux avait permis le désamiantage de cinq bâtiments et la destruction de six bâtiments vétustes en 2024. Une seconde phase doit suivre pour dépolluer onze bâtiments et en démolir 16 autres non-réhabilitables. Les édifices conservés et le foncier récupéré participeront à la reconversion “mixte” du site. À ce stade, le projet envisage cinq zones : une zone événementielle (salle polyvalente), une de loisirs (parc public), une zone culturelle et touristique (partie historique du fort), une dédiée au tertiaire (bureaux, salles de formation) et une zone accueillant des commerces et restaurants.
 
Concernant la partie classée du fort, des experts en restauration ont démarré un état des lieux. “Des premières mesures viseront à retirer les faune et flore invasives, puis à consolider la maçonnerie fragilisée”, est-il expliqué. “Cette mission vise aussi à faire une étude patrimoniale en vue de cerner les champs du possible (et de l’impossible) en ce qui concerne la revalorisation du bâti.”

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Vendredi 9 Mai 2025 à 14:37 | Lu 1773 fois