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​Une nouvelle fédération pour l'environnement


Tahiti le 08 octobre 2020 - Plusieurs associations de protection de l'environnement du fenua se sont réunies jeudi matin à Papeari pour s'unir et être une force de proposition par rapport aux grands projets du Pays qui touchent à l'écosystème du fenua. Une fédération doit voir le jour le 17 octobre prochain.
 
Plus d'une dizaine d'associations de protection de l'environnement, venues de Rairoa, Makatea, Hao, Hitia'a o te ra, Mataiea, Papara, Taravao ou encore Papeari se sont réunies  jeudi matin à Papeari avec pour objectif de mettre en place une nouvelle fédération. Le chef de cabinet du vice-président et élu au conseil municipal de Teva i uta, Tamatoa Doom, était présent ainsi que le président de l'église protestante Mā'ohi, François Pihaatae, enfant de Papeari.
 
L'occasion pour les membres ou présidents des associations présents de faire état de toutes les difficultés qu'ils rencontrent. Ces derniers veulent être "partenaires" avec le Pays pour tous les grands projets que ce dernier prévoit. "Autant nous sommes ouverts pour accompagner le Pays dans les grands projets, autant nous sommes fermés à des choses imposées (…). On n'est pas contre les projets, mais on veut être informés des tenants et aboutissants de ces projets", a affirmé Eugène Tetuanui du collectif Vaiarii nui te mata ara.

​Non à Makatea…

La présidente de l'association Fatu fenua no Makatea, Tupuhina Nordman, a réaffirmé sa ferme opposition au projet minier : "Notre feuille de route ne change pas. On ne s'oppose pas pour s'opposer (…). On peut développer le secteur primaire". Elle regrette que les propriétaires terriens soient écartés de toutes les décisions prises par le gouvernement : "On est les derniers à savoir qu'il y a telle ou telle chose qui se passe, et cela est aberrant". Tupuhina Nordman affirme que si ces derniers ne sont pas associés : "On va aller au casse-pipe". Elle estime aussi que le code minier a été rédigé pour les exploitants et dénonce "des souffrances et des pressions" subies depuis des années par le tāvana Julien Mai.

… Non à la route du Sud

Une grande marche est prévue le 5 décembre prochain contre la route du Sud. Elle est organisée par l'association A Aupuru ia Papara et cette manifestation sera soutenue par la future fédération. Le porte-parole de l'association A Aupuru ia Papara, Bernard Roure, regrette que l'élu de Papara, Puta'i Taae, ait voté, le 6 juillet dernier, en faveur de ce projet : "Bien qu'il dise qu'il n'a pas signé. Mais il a fait une procuration dans ce sens. Nous avons la preuve qu'il a bien dit oui à cette route du Sud". Il rappelle aussi que leur mairesse Sonia Punua a déclaré lors d'une interview qu'elle suivrait la décision de la population : "Je l'aurais mieux respectée si elle avait dit qu'elle est contre la route du Sud. Le gouvernement ne va pas la virer pour cela, c'est une élue de la République pas du gouvernement".

​François Pihaatae, président de l'Église protestante mā'ohi

​Une nouvelle fédération pour l'environnement
"L'église protestante a toujours été la voix du peuple pour la protection de la nature, pour la protection des droits de l'Homme et de chaque individu. (…) Sur la route du Sud ? On est d'accord si cette route est faite plus haut dans les vallées. Cela permettra aux propriétaires de retourner sur leurs terres et les faire fructifier. Mais on a vu Papara se lever, Mataiea et Papeari vont sûrement aussi se lever et donc on va se placer du côté du peuple. C'est avec le peuple qu'on peut faire avancer les choses. Comme je le disais on a assez de bitume chez nous. Il faudrait peut-être développer le secteur primaire et tout ce qu'on peut développer avec l'argent dédié à cette route du Sud. Le tāvana de Teva i uta et vice-président actuel disait souvent dans ses interventions que l'on soit indépendant dans nos assiettes, qu'on mange ce que nous plantons et ne plus dépendre de l'extérieur."

Tamatoa Doom, chef de cabinet du vice-président

"J'ai bien vu la volonté des associations d'être plus écoutées et plus entendues et que le gouvernement travaille en partenariat avec la société civile. Aujourd'hui nous avons douze associations qui veulent se monter en fédération c'est une très belle chose, ainsi le gouvernement aura un interlocuteur privilégié pour pouvoir ensuite ensemble tracer une feuille de route pour tous les projets économiques, de développement. (…) Je suis adjoint au maire de Teva i uta et nous n'avons pas encore reçu de projet concernant cette route du Sud. C'est sûr qu'en l'état actuel, si c'est le même tracé que celui de Te ara nui, nous habitants de la commune nous n'allons pas l'accepter parce que tout le flanc de nos montagnes nous avons des sources et nous voulons les protéger. Notre slogan c'est "Terre des sources" dans tous les sens du terme donc ce n'est pas pour les saccager. Par contre repousser plus au fond des vallées de façon à permettre aux familles d'être sur leur terre pour construire on est favorable mais pas au flanc de nos montagnes."

Eugène Tetuanui, membre de l'association Vaiarii nui te mata ara

​Une nouvelle fédération pour l'environnement
"On veut que le Pays ait de la considération pour les populations des communes. Il y a énormément de soucis non traités car il y a un manque de considération. Aujourd'hui plus qu'hier depuis l'incendie de Paihoro, le ministre de l'environnement ne s'est jamais déplacé et ne s'est pas non plus prononcé par rapport à cet incendie. On ne peut plus tolérer ce genre d'attitude parce que clairement c'est du foutage de gueule. Et en plus il a évincé Taravao Nui du comité de suivi de Paihoro ou qu'il ait trafiqué les textes pour permettre aux pollueurs de s'installer sans avoir à subir des études d'impact cela encore c'est du foutage de gueule. Ce ministre-là n'a pas le droit d'être à ce poste-là, il doit être démissionné."

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 8 Octobre 2020 à 20:27 | Lu 1594 fois