Tahiti Infos

​Une mission pour étudier le léopard de mer


Tahiti, le 21 octobre 2025 - Le Pays et les associations de protection de l’environnement font part depuis ce lundi de leur différence de point de vue sur la gestion de la situation concernant le léopard de mer perdu à Rikitea depuis la fin de la semaine dernière.

 
Visiblement affaibli sur les photos, blessé, peut-être malade, le léopard de mer observé à Rikitea suscite des interrogations. La décision a été prise dimanche de “laisser faire la nature”, alors que l’animal était observé le même jour à Rikitea dans le lagon mais aussi près du hangar technique de la commune, soit le même site que lors de son premier échouage.
 
Il semble suivre un rythme lié aux marées : à marée basse, il se repose sur les plages du village ; à marée haute, il se déplace vers la zone de Titouan pour chasser”, expliquait alors le Réseau Gardiens des océans sur sa page Facebook.
 
Une explication complétée par ce choix. “Après consultation du ministère de tutelle, le choix a été fait de laisser faire la nature. (…) La commune des Gambier et en particulier Teicho et les mūto’i sont remerciés pour leur vigilance et leur implication.”
 
Il était alors demandé aux personnes sur place de ne pas approcher l’animal qui pourrait être agressif s’il se sent menacé, et qu’“en cas d’issue fatale, il conviendra de récupérer le corps prudemment et de l’enterrer profondément, afin d’éviter tout risque de contamination avec les chiens”.

Protéger “toutes les espèces marines”

Mais la décision prise par la Direction de l’environnement ne convient pas aux protecteurs de l’environnement. Lundi, Mata Tohora rappelait son devoir de protection de “toutes les espèces marines”, et pas seulement celles présentes en Polynésie française de façon certaine.
 
Plusieurs actions ont ainsi été engagées. L’association, qui déplore de devoir “laisser faire la nature”, sans tentative de sauver l’animal ni même de pouvoir observer son comportement dans nos eaux bien trop chaudes pour lui, a fait un mail à la mairie de Rikitea, avec copie à la procureure de la République de lenvironnement, pour remercier la mairie pour son engagement, mais aussi pour être plus piquant envers la Diren, la mettant face à ses contradictions.
 
Le mail rappelle “la responsabilité du Pays en charge de la gestion du sanctuaire, des espèces protégées et de la grande Aire marine protégée qui a tant fait parler d’elle à l’Unoc, pas plus tard qu’en juin. Il a en effet été annoncé que la priorité était la connaissance et la préservation des espèces marines protégées ! (…) Cest au Pays de mandater un vétérinaire et un biologiste comme dans les autres pays pour donner l’autorisation de s’en occuper. Or, jusqu’à présent, le choix délibéré du Pays est d’occulter non seulement les examens médicaux mais aussi toutes connaissances sur cet animal et son espèce, à l’heure où l’on déploie des millions pour la ‘connaissance et la préservation du sanctuaire’ de la Polynésie française”.
 
Un post sur les réseaux sociaux conclut : “Sachez que nous souhaitons que notre dernier mail soit bénéfique au léopard de mer car lobjectif de Mata Tohora est de protéger les mammifères marins, même si nous devons être en désaccord avec le Pays, qui comprendra bien sûr notre objectif malgré notre désaccord avec leur décision.
 
Une missive qui a finalement fait pencher la balance du côté de Mata Tohora puisque mardi en fin de journée, nos confrères de TNTV relayaient qu’une mission vétérinaire dirigée par la Diren allait finalement se rendre sur place. “Je me suis entretenue avec la Direction de l’environnement qui a révisé sa décision et qui est en train de mettre en place une prise en charge vétérinaire pour lui sur Rikitea”, confiait Agnès Benet, docteure en biologie marine du territoire et cofondatrice de Mata Tohora, à nos confrères.

Rédigé par Bertrand PREVOST le Mardi 21 Octobre 2025 à 17:58 | Lu 1160 fois