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​Tracas à la tête de Tatutu


PAPEETE, le 8 octobre 2019 - Plus habitué à se pencher sur les conditions de détention au centre pénitentiaire de Nuutania, le tribunal administratif s'est intéressé ce mardi aux conditions de recrutement à la prison de Papeari. Un contentieux qui pourrait déboucher sur l'annulation de la nomination de la directrice adjointe actuelle.

Le 20 juillet 2018, le directeur et la directrice adjointe étaient nommés au nouveau centre pénitentiaire Tatutu. Si la nomination du premier n'a pas été contestée, celle de son adjointe a fait l'objet d'un recours du directeur administratif et financier (et non du directeur des services techniques comme nous l'indiquions initialement, NDLR) de l'établissement. Ce dernier, disposant du grade de directeur des services pénitentiaires hors classe et de plus de 35 années d'expérience dont 20 en Polynésie, avait notamment assuré l’intérim pendant la vacance du poste. Légitimement, il avait postulé au moment de l'appel à candidatures mais la sienne avait été écartée et jugée comme irrecevable par la direction interrégionale des services pénitentiaires (DISP). Une position de l'administration qui s'expliquerait par le fait qu'il était simplement convenu avec l’intéressé qu'il resterait le numéro 3 de l'établissement jusqu'à sa retraite et ne pouvait prétendre au rôle de premier dauphin.

"Difficile d'avoir un directeur qui connaisse mieux l'établissement"

Le rapporteur public a relevé, d'une part, que le candidat malheureux n'ayant jamais témoigné d'un quelconque engagement en ce sens et que, d'autre part, compte tenu des caractéristiques et de sa connaissance du poste, de sa carrière exemplaire, de son ancienneté dans le corps et de sa situation familiale avec la reconnaissance de ses intérêts moraux et matériels en Polynésie, l'administration a commis une erreur manifeste d'appréciation en écartant sa candidature. Le magistrat constate en outre que la titulaire finalement nommée n'était pas parmi les trois premiers choix de la DISP et ne dispose pas des mêmes compétences en matière de gestion des ressources humaines et de gestion financière. Le rapporteur public a donc conclu à l'annulation de l'arrêté de nomination et à la relance de la procédure de recrutement, se permettant de faire remarquer qu'il est "difficile d'avoir un directeur qui connaisse mieux l'établissement". Dans certaines circonstances, il peut donc y avoir une âpre bataille pour avoir une bonne place en prison. Le tribunal administratif devrait rendre sa décision dans quinze jours.

Rédigé par Sébastien Petit le Mardi 8 Octobre 2019 à 15:41 | Lu 6728 fois