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​Renégociation du PGE à 28,6 milliards : la Calédonie insiste, la Polynésie dubitative


Tahiti, le 27 octobre 2020 - Alors que le président de l’exécutif calédonien annonce un accord de principe avec le ministre des Outre-mer pour l’abattement d’une partie du prêt de 28,6 milliards contractée auprès de l’AFD pour faire face à la crise Covid, en Polynésie l’exécutif doute d’une telle avancée.
 
Le président du gouvernement calédonien, Thierry Santa, avait indiqué mi-septembre au Congrès de Nouvelle-Calédonie qu’il envisageait de faire front commun avec son homologue polynésien Édouard Fritch, pour obtenir de l’État que les prêts de 28,6 milliards de Fcfp accordés via l’AFD à chacune des collectivités soient transformés en subventions. Ces emprunts garantis par l’Etat et remboursables sur 25 ans ont permis aux deux collectivités du Pacifique de financer des mesures d’urgence, face à la crise Covid. 
Si en Polynésie Edouard Fritch n’avait alors pas souhaité faire de commentaire suite à l’appel de pied de son homologue Caldoche, l’exécutif calédonien annonce cette semaine une avancée dans cette entreprise.
"Je salue la volonté du ministre de transformer une grande partie du prêt en subvention pour tenir compte de l’impact de la crise sanitaire sur notre économie", a posté dimanche sur son compte Facebook le président du gouvernement de Nouvelle-Calédonie, après une réunion de travail la veille avec le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, comme le rapportent mardi nos confrères de Radio 1. D’après NC la 1ère, également citée par la radio de Fare Ute, le ministre aurait cependant indiqué qu’il allait "étudier la possibilité de transformer une partie du prêt AFD" de 28,6 milliards en subvention, suite aux dépenses engagées par le Caillou dans le cadre de ses mesures de quarantaine. Sébastien Lecornu aurait proposé la mise en place d’une équipe "pour documenter les différentes dépenses, regarder exactement ce qui a été décaissé, ce qui peut être décaissé encore dans les temps qui viennent"
 
Selon nos informations, du côté du gouvernement polynésien on a du mal à croire à un tel scénario. Il faut d’abord savoir que la Polynésie est actuellement occupée à négocier avec Paris un second prêt garanti de 28,6 milliards pour 2021. Bien entendu, si la Calédonie obtenait que son emprunt AFD soit en partie transformé en subvention, on n’hésiterait pas ici à faire valoir la légitimité d’un parallélisme de traitement entre les deux collectivités françaises du Pacifique, nous explique-t-on, même si les dépenses de santé engagées en Polynésie pour faire face à la crise Covid sont bien inférieures à celles faites sur le Caillou.

Selon la chaîne, la Nouvelle-Calédonie a déjà dépensé 9 milliards de Fcfp dans le cadre de ses mesures de quarantaine pour "gérer les arrivées sur le territoire, les rapatriements ou encore les quatorzaines obligatoires à l’hôtel".
En Polynésie, l’emprunt garanti par l’Etat a en grande partie (16,5 milliards) servi à renflouer la trésorerie de la Caisse de prévoyance sociale en proie à un inquiétant déficit de cotisations lié à la crise économique. 

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 28 Octobre 2020 à 06:18 | Lu 1778 fois