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​Les artisans de Hiva Oa retrouvent les touristes et le sourire


Hiva Oa, le 20 avril 2021 - L’art marquisien a repris vie à Hiva Oa, au moins le temps des vacances scolaires. Après une longue pause imposée par la crise sanitaire, danseuses, danseurs, sculpteurs, artisans et tatoueurs, de nouveau sollicités, ont pu retrouver leur public.
 
Les derniers mois ont été difficiles pour les habitants de Hiva Oa. La sécheresse et le manque d’activité touristique ont même plongé certains dans la morosité. Fort heureusement, ces deux maux ont disparu comme par enchantement en même temps. La pluie est tombée sur les îles Marquises au mois d’avril et les vacances scolaires ont amené leur lot de touristes, notamment à Nuku Hiva et Hiva Oa. À Atuona, la population a donc retrouvé le sourire.
 
Le 12 avril, l’association Te Pua O Feani, présidée par François Scallamera, reprenait du service, avec un spectacle proposé aux clients de l’hôtel Hanakee Lodge. Les danseuses et les danseurs étaient ravis de pouvoir reproduire leur show traditionnel marquisien après plus d’un an d’inactivité liée à la crise sanitaire. Tatiana et Teupoo, deux jeunes danseuses scolarisées à Hiva Oa, avouent avoir éclaté de joie lorsque le président les a appelées pour leur annoncer cette soirée de reprise. Elles attendent maintenant le retour des bateaux de croisière pour de nouveau se produire devant les touristes.
 
“Redonner un peu de vie à l’île”
 
Irène, vendeuse d’art marquisien au marché artisanal en plein cœur de la ville de Atuona, explique que ces vacances scolaires redonnent un peu de vie à l’île. Même si habituellement ce sont les Européens, absents du fenua actuellement, qui achètent beaucoup, les touristes venus des autres archipels polynésiens ont été nombreux pendant cette période. Elle travaille exclusivement avec des artisans des îles du sud, à savoir Hiva Oa, Fatu Hiva et Tahuata. Les créations qu’elle propose sont fabriquées avec minutie par les quatre ou cinq artisans qu’elle a choisis pour son stand : armes casse-cou et casse-tête, lances, pagaies, rostres d’espadon, pierres, noix de coco, et autres os sculptés. Elle vend également quelques colliers, bracelets et boucles d’oreilles, des cadeaux adéquats pour les touristes, souvent limités en poids et en taille pour le voyage.
A Hiva Oa, la population se réjouit de voir l’art marquisien, qui fait la fierté de tout l’archipel, revenir au premier plan, même si pour l’instant, c’est seulement le temps des vacances.

Kaha, artiste tatoueur

Kaha dans son studio de tatouage Tikoheinui Tattoo à Atuona.
Kaha dans son studio de tatouage Tikoheinui Tattoo à Atuona.
Même rebond d’activité du côté des tatoueurs de Hiva Oa, ces dernières semaines. Kaha Autuche, 30 ans, est l’un d’entre eux. Ce passionné de dessin a rencontré le tatoueur Moehau Peterano, figure emblématique de Hiva Oa, alors qu’il n’avait qu’une dizaine d’années. Il a rapidement compris qu’il était fait pour ce métier qu’il a commencé à pratiquer en 2013. Il a exercé son art sur les membres de sa famille, notamment sur son père Hugues, un métropolitain arrivé au fenua en 1979 marié ensuite à Marilyn, une Marquisienne.
 
C’est au-dessus du centre administratif, dans son studio climatisé, nommé Tikoeinui Tattoo, qu’il exerce son art. Le client vient une première fois pour échanger avec Kaha sur son projet de tatouage, puis revient afin qu’il dessine aux feutres une esquisse qui peut être modifiée. S’en suit la pratique, exécutée de main de maître avec des aiguilles de différentes tailles et épaisseurs : fines pour le traçage (première étape) et plus épaisses pour le remplissage. Kaha, pédagogue, a l’habitude de rassurer les clients qui, souvent pris de panique, appréhendent la douleur occasionnée. L’encre de charbon de noix peut alors couler et s’incruster dans la peau qui est “plus sensible sur les côtes” comme l’indique Kaha, mais également aux endroits du corps peu exposés au soleil : les aisselles, les intérieurs des jambes et des bras.
“Ma plus belle expérience est en train de se vivre ces dernières semaines” explique-t-il. “Je tatoue une personne locale sur tout le corps, c’est un projet très enrichissant qui prend du temps et qui amène son lot d’émotions.”
Le studio de tatouage de Kaha est attenant à la boutique d’art de son frère Naiki et sa compagne Hereiti où ils proposent des œuvres de tout l’archipel marquisien. Ils reconnaissent eux aussi que l’activité connait un nouveau souffle ces derniers temps.

Rédigé par Nij le Lundi 19 Avril 2021 à 16:24 | Lu 1276 fois