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​Le pessimisme des entrepreneurs se généralise


​Le pessimisme des entrepreneurs se généralise
Tahiti, le 28 mai 2020 - Dans sa dernière note de conjoncture, l'Institut d'Émission d'Outre-Mer (IEOM) a interrogé les chefs d’entreprise polynésiens sur leur ressenti quant à l’impact immédiat du Covid-19 sur leur activité et leurs perspectives pour le trimestre à venir. Des résultats peu surprenants avec un pessimisme grandissant et quasi-unanime des entrepreneurs au cours du deuxième trimestre 2020.

Avec un arrêt quasi-général de l’activité économique et des échanges avec l’extérieur dès la fin du mois de mars, l'IEOM relève sans surprise que le premier trimestre s’est achevé "sur une note très négative, avec un moral des entreprises en berne". L’indicateur du climat des affaires (ICA) qui avait atteint un niveau record en décembre dernier à 113 points, "chute de 31 points, jusqu’à 82 points, niveau non observé depuis la dépression de 2009-2012". Une dégradation de la confiance des chefs d’entreprise qui "tient essentiellement aux perceptions pessimistes". Des craintes nombreuses qui portent à la fois sur le devenir de leur activité, de leur situation de trésorerie, de la nécessité de devoir redimensionner à la baisse leurs effectifs et du maintien de leurs projets d’investissements.

Noires incertitudes au second trimestre

Au premier trimestre, 57% des entrepreneurs interrogés s'attendaient à une dégradation et 25% des entreprises estimaient alors ne pas avoir subi d’impact significatif. Ces chiffres se sont eux-mêmes détériorés. Pour le deuxième trimestre 2020, le pessimisme se généralise dans le monde économique à quelques rares exceptions près. Le nombre de chefs d’entreprise qui prévoient une dégradation, à des niveaux plus ou moins forts, de leur activité du fait de la crise du Covid-19 passe au second trimestre à 89%. Pour l'IEOM, "il ne reste plus que 5% des entreprises à  anticiper un chiffre d’affaires stable" et "les rares qui entrevoient une amélioration de leur situation (5%) interviennent dans les services marchands  (17%), le commerce de détail (6%) et le secteur primaire (5%)". Un pessimisme et une détérioration des indicateurs largement dus aux faibles certitudes et à "l’absence de visibilité" des opérateurs notamment dans le secteur touristique. Les professionnels du tourisme, sans certitude sur la réouverture des frontières, "anticipent pour le deuxième trimestre un accroissement de leurs charges d’exploitation et un effondrement de leur trésorerie".

Pour l'Institut, cette absence de visibilité économique met également les grands investissements en mode pause, qu'ils soient publics ou privés. Cette incertitude dans l'avenir"a contraint les entrepreneurs de tous les secteurs à renoncer à leurs  projets d'investissement dans les  douze  prochains mois. Quant au Pays, il a dû redimensionner ses priorités budgétaires, notamment au détriment de l’investissement".

Des licenciements reportés mais pas encore évités

L’IEOM revient sur la progression globale de l'emploi au premier trimestre mais pour l’hôtellerie-restauration, l'indice de l'emploi salarié baisse de 2,7% "sur le seul mois de mars". L'institut note également que "de nombreux entrepreneurs (...) envisagent de réduire leurs effectifs" mais que néanmoins le Revenu Exceptionnel de Solidarité versé aux salariés ne pouvant poursuivre leur activité pendant la durée du confinement "a permis de reporter les décisions d’ajustement des effectifs". Cette évolution défavorable de l’emploi dans les semaines à venir reste "conditionnée par la durée de la crise et la rapidité de la reprise dans chacun des secteurs". Une reprise qui doit passer par la capacité des polynésiens à consommer. Selon l'IEOM, "principal moteur de la croissance, l'état de la consommation dans les prochains mois constituera un marqueur clef de l’intensité de la crise". Nul doute que les Polynésiens souhaiteraient également retrouver tous leurs réflexes de consommateurs.

​Le pessimisme des entrepreneurs se généralise

Rédigé par Sébastien Petit le Mercredi 27 Mai 2020 à 16:46 | Lu 1522 fois