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​Dengue de type 2 : des foyers suspects à Mahina, Faa’a et Papara


PAPEETE, 10 avril 2019 – Des pulvérisations d’insecticide sont annoncées dans les prochains jours à Mahina, Faa’a et Papara pour traiter des foyers potentiels de dengue de type 2, après la confirmation d'un nouveau cas autochtone dans la commune des shérifs. Encore un cas autochtone et le stade épidémique sera déclaré en Polynésie où huit personnes sur 10 sont exposées à ce virus.
 
Après la découverte lundi à Mahina d’un troisième cas autochtone de dengue de type 2, sans "lien épidémiologique" avec deux précédents cas avérés à Papeete fin mars, le service d’hygiène et de salubrité publique planifie des campagnes de pulvérisation d’insecticide au cours des 8 prochains jours dans des quartiers identifiés à risque des communes de Mahina, Faa’a et Papara (voir ci-dessous).

Selon une information révélée mercredi par nos confrères de La Dépêche de Tahiti, confirmée dans la journée par les autorités sanitaires, le nouveau cas autochtone de dengue de type 2 qui inquiète concerne un habitant du quartier Fareroi (Mahina). Cette personne travaille à Faa’a et s’est rendue à Papara alors qu'elle était probablement contagieuse.

Surtout, "nous n'arrivons pas à faire le lien épidémiologique entre les deux cas de Taunoa et ce nouveau cas repéré à Mahina, alarme le docteur Marine Giard, responsable du bureau de veille sanitaire à la Direction de la santé. Cela signifie que le virus circule."

Tout est donc mis en œuvre pour tenter de contenir cette propagation. Pour cette nouvelle opération ciblée de traitement anti-vectoriel, trois pulvérisations seront organisées dans chaque secteur à traiter entre 5 h 30 et 8 heures du matin les jeudi 11, lundi 15 et jeudi 18 avril ou repoussées au lendemain en cas de pluie.

​Au bord de l’épidémie

Le produit insecticide pulvérisé est de la deltaméthrine. Les pulvérisations sont faites dans un périmètre de 100 mètres autour du foyer supposé avoir été infecté. Le mélange pesticide est utilisé à une dilution permettant un épandage de 1 gramme par hectare. "Il n’a aucun effet sur la santé des personnes", assure Glenda Melix, directrice du centre d’hygiène et de salubrité publique. La deltaméthrine est mortelle pour les insectes pendant que les fines particules sont en suspension dans l’air et durant les deux heures de sa rémanence.

Pour éviter que les pulvérisations ne causent des dommages sur les sites apicoles, il est recommandé aux exploitants de fermer les ruchers deux heures avant la pulvérisation et de les maintenir clos jusqu’à deux heures après le traitement anti-vectoriel.

Pour l’instant, face au risque de propagation du sérotype 2 de la dengue, la Polynésie française est maintenue en alerte de niveau 2. Le stade épidémique ne sera déclaré que lorsque plusieurs cas autochtones et non liés entre eux seront constatés. Il ne suffit aujourd’hui que d’un nouveau cas avéré en dehors de Taunoa pour que la situation sanitaire justifie la requalification de l’alerte de niveau 2 maintenue depuis février en "épidémie".

La dengue 2 n'a pas circulé en Polynésie française depuis l'an 2000. La population est faiblement immunisée et la propagation de ce virus peut entraîner une épidémie de grande ampleur dans la collectivité. Selon une analyse statistique récente, huit personnes sur 10 sont susceptibles d'être contaminées par ce virus. Le bassin de population potentiellement concerné est de 221 000 personnes. L'impact en matière de dépenses sanitaires est estimé à au moins 1,2 milliard Fcfp pour la collectivité.

"C’est pour cela que l’on demande aux gens qui présentent les symptômes de la dengue (fièvre de plus de 38° C, maux de tête, courbatures, douleurs articulaires, voire chute de tension) de consulter un médecin, souligne le docteur Laurence Bonnac-Théron, directrice de de la Santé. Et en cas de diagnostic de dengue de type 2 de se protéger des piqûres de moustiques. Nous appelons aussi tout le monde à faire chez soi la chasse aux gîtes à moustiques." Pulvérisations ciblées et appel au civisme des populations, pour éviter le pire les autorités sanitaires n’ont aujourd’hui d’autre choix que de retarder au possible la circulation du virus pendant les deux prochains mois, en attendant la saison fraîche.





Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Mercredi 10 Avril 2019 à 12:37 | Lu 3072 fois