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Visite éclair du directeur général délégué de Suez eau France


Tahiti le 10 Janvier 2020 - Le tāvana de Moorea Evans Haumani a reçu vendredi Maximilien Pellegrini, le directeur général délégué de Suez eau France et le directeur Outre-mer de la société, Didier Vallon. L'occasion de faire le point sur deux des infrastructures mises en place pour la potabilisation de l'eau sur l'île soeur. 
 

Après Tahiti et Bora-Bora, le directeur général délégué de Suez eau France, Maximilien Pellegrini et Didier Vallon, son directeur Outre-mer, se sont rendus à Moorea vendredi, pour un programme au pas de charge. Le responsable de la SPEA de Moorea, Jean-Pierre Le Loch, s’est félicité : "C'est encourageant. Il y a un partage de connaissances (...). Cela permet à ces personnes de comprendre ce qu'on dit quand on est de l'autre côté de la planète (...). Les problématiques techniques outre-mer sont différentes de celles de métropole, pour plusieurs raisons : l'éloignement, les écarts de tarifs".
 
Après une réunion de près d'une heure avec le tāvana Evans Haumani, Maximilien Pellegrini a découvert à Afareaitu les fontaines d'eau potable mises en place. Le tāvana délégué de Teavaro Ronald Teariki, lui a présenté le caractère pilote en la matière de la commune de Moorea-Maiao. "On est les premiers à installer ces fontaines à proximité de la population qui n'a pas l'eau potable". Des installations "pratiques" pour le directeur général délégué de Suez eau France et "une innovation (...) intéressante en attendant que l'urbanisation progresse".
 
Entre deux photos voulues à son avantage alors qu’il consommait l’eau de ces fontaines, Maximilien Pellegrini n'a pas manqué de flatter un certain réalisme politique du tāvana de Moorea-Maiao très attentif à ses propos : "on a une volonté politique sans faille, un peu d'expertise et de l'eau coule."

Pitou Huaa Habitant de Maatea "Dès qu'il pleut, l'eau est chocolat"

Est-ce que l'eau est potable chez vous ?
"Dès qu'il pleut, l'eau est chocolat et on ne peut pas la boire. Lorsqu'il fait beau, il faut tout de même la filtrer (...). Cela fait 13 ans que je ne paie pas mon eau car elle n'est pas potable. Mon vieux me disait : "tu ne vas pas payer une eau alors qu'elle est chocolat." Il y a aussi des choses qui ne sont pas claires. Qu'est-ce qu'on paie réellement ? L'eau ou les tuyaux d'eau, car l''eau vient du ciel (...). On demande au tāvana que l'eau revienne dans les compétences de la commune. Les employés peuvent s'en occuper. Il faut arrêter de donner l'argent à ces sociétés (...). Elles sont là pour se faire de l'argent (...). Et ce n'est pas tout le monde qui peut payer ses factures d'eau (...)."

N’as-tu pas de problème avec tes factures impayées ?
"Un jour je suis allé au bureau de la SPEA avec deux bouteilles. Une que j'avais remplie le matin même au robinet et une autre que j'ai achetée. Et j'ai dit au chef de la SPEA que s'il buvait toute la bouteille que j'avais remplie j'allais payer mes factures. Mais l'eau était chocolat et en plus il y avait une petite anguille à l'intérieur (...). Je lui ai aussi précisé que je n'avais signé aucun contrat avec lui et sa société. Il a un contrat avec la mairie mais pas avec moi."       

Massimiliano Pellegrini DG délégué de Suez eau France "Un service, cela a forcément un coût"

Quels sont les projets à venir ?
"On accompagne le maire dans son ambition incroyable d'apporter de l'eau potable à l'ensemble de la population (...). On a, avec tāvana, un projet d'analyse par hélicoptère et des technologies complètement innovantes pour analyser géo-physiquement l'île et comprendre où se trouvent les ressources en eau pour voir quelle est la meilleure manière d'approvisionner les populations qui n'ont pas accès à l'eau potable. La détermination, la vision, la volonté politique du tāvana est sans faille et on est ici pour l'accompagner. On est à son service donc ce n'est qu'une question de temps."

Pourquoi faire payer de l'eau non potable et chocolatée ?
"Un service, cela a forcément un coût. Ce qui a été fait est absolument incroyable en termes de potabilisation. Tout n'est pas parfait mais on va évidemment dans la bonne direction et je suis convaincu que dans cette mandature, beaucoup sera encore fait."

Que répondez-vous à vos détracteurs qui disent que vous êtes ici pour vous faire de l'argent ?
"On est une société de service. On est passionné par nos métiers. On amène de l'expertise. Et là où il y a une volonté politique, là où les tāvana ont envie d'agir, eh bien, on est absolument prêts et toujours ravis d'apporter nos savoir-faire pour essayer d'accompagner le développement du territoire."  

Jean-Pierre Le Loch, Responsable de la SPEA de Moorea "L'eau est par définition gratuite. On paie le service"

Est-ce que tout le monde à Moorea paie l'eau ?
"L'eau est par définition gratuite. On paie le service. Si le réseau n'est pas entretenu, il n'y a pas d’eau au robinet. Notre rôle (...) c'est d'entretenir les réseaux et d’assurer la qualité de l'eau potable. La partie de l’île où l’eau n’est pas 100% potable, ce qui représente un petit tiers de Moorea, les projets sont en place, la recherche de financements est en cours déjà. Dès que les financements seront acquis, il va y avoir le renouvellement des réseaux, et l'installation du nécessaire pour aller vers la potabilisation."
 
Ceux dont l'eau n'est pas potable paie quand même ?
"C'est un forfait car il y a un service quand même (...). Je pense que cela va augmenter peut-être de 1 000 Fcfp. Mais cela n'est pas significatif parce que ce sont des décisions qui vont être prises avec la commune. Pour l'instant ce n'est pas vraiment à l'ordre du jour (…). Les choses évoluent."
 
Vous perdez de l'argent dans vos investissements ?
"On ne gagne pas forcément beaucoup.

Evans Haumani Tāvana de Moorea-Maiao "C'est la commune qui décide" concernant l'augmentation de l'eau

"Notre priorité c'est de donner de l'eau potable à la population de Moorea. Il nous reste encore 15 kilomètres, dont Maatea et Haapiti, où l'eau est chocolat et sale. Effectivement les administrés paient cette eau mais ce problème ne date pas d'aujourd'hui. On fait notre possible pour qu'ils aient de l'eau potable. Et en plus nous utiliserons un moyen innovant comme l'utilisation d'un hélicoptère pour chercher les gisements qu'il y a dans nos vallées. C'est la première fois qu'on va utiliser ce moyen au niveau du Pacifique."
 
On nous dit que le prix de l'eau va augmenter ?
"Pour l'instant, je ne suis pas au courant. J'ai dit aux dirigeants d'aller doucement, car avec la crise sanitaire la population a rencontré des difficultés. Et donc s'il y a augmentation il faut aller doucement et pas d'un coup. Mais cette augmentation n'est pas prévue pour le moment. En tout cas nous ne sommes pas au courant. De toute façon on va en discuter ensemble plus tard, et j'insisterai sur le fait que la population rencontre des problèmes au niveau du travail. Ils seront obligés de m'écouter, car c'est la commune qui décide."
 

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Dimanche 10 Janvier 2021 à 20:16 | Lu 2771 fois