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​La "famille royale" Tarano installée à "Fare Ura"


Tahiti, le 28 juillet 2020 – Particulièrement actifs ces dernières semaines, les membres du royaume auto-proclamé Polynesian Kingdom of Atooi étaient mardi à Paea pour installer, sur des terres domaniales, les descendants de Tumahiti a Tarano dit Papa'i. Les "vrais propriétaires" de cette terre. Quant aux riverains propriétaires du quartier… The Polynesian Kingdom of Atooi compte mettre en place des "baux de location" et annonce que si aucun accord n'est trouvé : "on appliquera la saisie des biens".
 
Les membres du Polynesian Kingdom of Atooi (PKOA) se sont rassemblés mardi matin pour installer la famille royale Tarano, se revendiquant propriétaire de la terre où se trouve actuellement le marae Arahurahu à Paea. Bernard Taiore, un des héritiers Tarano est l'initiateur de l'installation des descendants de Tumahiti a Tarano dit Papa'i. Selon le généalogiste du royaume auto-proclamé PKOA, Tihoti Moetaua, une dévolution successorale a été faite auprès d'un notaire de la place et comptabilise tous les "tomite fenua" de Paea. Toujours selon Tihoti Moetaua, tous les actes de vente ou encore les "détournements des terres" sont répertoriés. Selon le généalogiste de PKOA, les héritiers pourront désormais retourner sur leurs terres charge ensuite au tribunal foncier de rectifier toutes les fautes qui ont été commises…
 
Tihoti Moetaua affirme que l'actuel tribunal "n'est pas le nôtre". "Nous avons le nôtre et nous demandons à ce que les affaires foncières soient jugées par notre cour suprême (…). Tout ce qui touche à la souveraineté c'est allodial, c'est caduc, c'est nul. Elle n'a pas de pouvoir sur nous". Il rappelle aussi que le vrai nom du marae Arahurahu est "Fare ura". Selon lui "la vérité a été cachée (…) et du coup les héritiers n'osent pas revenir sur leurs terres. Mais aujourd'hui tous sont au courant de la vérité et sont prêts à revenir sur leurs terres (…) et qu'on les laisse tranquilles et en paix". Et cette terre part, selon PKOA, de la crête de la montagne jusqu'au récif. Des copies de ces documents ont d'ailleurs été données aux institutions du Pays et de l'Etat.
 
Les membres du PKOA préparent d'ailleurs de grandes festivités pour l'arrivée du grand roi Kamehameha au marae Fare Ura. Mais ils n'ont pas su donner de date précise quant à son arrivée au fenua. Et pour l'occasion, ils comptent bien retirer le panneau sur lequel est écrit "marae Arahurahu" positionné à l'entrée du site : "ce mensonge a été diffusé de par le monde. Et certains se sont faits de l'argent sur cette terre qui n'appartient même pas au Pays. Les héritiers veulent qu'on mettre Fare Ura le vrai nom de ce marae". Le généalogiste précise aussi que les grands évènements qui vont être organisés à Fare Ura seront aussi payants, comme tous les autres spectacles jusqu'ici et que des règles seront toujours de mise. "Les propriétaires terriens auront droit à  51% des bénéfices et le Pays 49%. Le Pays est au courant de tout cela, mais il n'a pas encore commencé à payer". On s'en doutait un peu… La mise en place d'un village polynésien est aussi un autre projet que compte mettre en place les propriétaires terriens.

​"Poser les armes et mettre la paix"

Le directeur des Royal Atooi, Marchal Honu Pouira, a ensuite présenté mardi matin le PKOA. Il a rappelé que cela fait deux mois qu'ils se sont installés sur ces terres à Paea. Et qu'ils ont rencontré et déposé des courriers à toutes les autorités du fenua et de l'Etat. Il assure que les familles Tarano-Taiore aimeraient rencontrer la ministre du Tourisme Nicole Bouteau, en charge de ce site. Ceci pour "poser les armes, pour mettre la paix dans le travail. C'est une grande famille Tumahiti a Tarano qui revendique le certificat de propriété. Je fais appel au territoire ainsi qu'à l'Etat. Si vous avez un certificat de propriété, prouvez par vos ancêtres que cette terre vous appartient, nous vous laisserons la terre. Aujourd'hui (…) cette famille a les papiers, la généalogie, les actes d'état civil (…), les actes de notoriété (…) et il y a la liste de toutes les terres". Honu Pouira précise d'ailleurs que les terres au marae Fare-Ura sont les premières que la famille revendique car d'autres vont suivre. "On ne veut pas se battre, juste nous restituer nos biens".

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Hono Pouira directeur des Royal Atooi Marchal Honu Pouira "Si cela ne s'arrange pas et bien on appliquera la saisie des biens"

Ce terrain que vous revendiquez est pourtant réputé être un terrain domanial ?
"Oui, tout à fait. Un terrain domanial c'est la constitution de la République française. C'est leur organisation. Le nôtre c'est l'Etat souverain, donc c'est le gouvernement royal. On se base sur l'authenticité des documents. Le certificat de propriété dit bien que c'est Tumahiti a Tarano qui revendique et qui a le titre de propriété de ce lieu qui est réputé et qui est aussi domanial. Mais on ne connait pas cette personne (ndlr, domaniale… si, si), elle vient de France je pense."
 
Si demain les gendarmes viennent vous déloger qu'allez-vous faire?
"Nous allons les accueillir, car le peuple polynésien est un peuple accueillant. Et ensuite nous allons discuter.et nous allons leur montrer tout ce que nous possédons comme pièces pour prouver notre légitimité sur cette terre (…). Ici nous sommes souverains, nous sommes chez nous. Merci à cet Etat français qui est chez nous, collaborons ensemble. "Liberté, égalité, fraternité" et nous allons vers cela. Mais appliquons-le comme il le faut."
 
Comment allez-vous procéder avec ceux qui ont acheté des terrains dans le quartier?  
"Il y aura des dispositions qui seront mises en place. Une rencontre, une mise en place d'une convention, d'un contrat ou d'un bail à court terme. On a l'habitude voir des baux de 99 ans mais on n'est plus de ce monde-là. On fera donc des baux à court terme. Et on ira les rencontrer pour leur demander le dû du propriétaire. Si cela s'arrange et bien tant mieux, et si cela ne s'arrange pas et bien on appliquera la saisie des biens du fait que nous sommes propriétaire du sol, du dessous et du dessus. Le code civil le dit."
 
Même s'ils ont investi beaucoup d'argent?
"Même s'ils ont investi. La démarche est pacifique, la rencontre, comment o peut travailler ensemble sans aller vers la violence. Restez ici, si ce sont des métropolitains, des chinois, ou d'autres ethnies, restez. Mais collaborons ensemble par rapport aux biens que nous possédons."
    


Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mardi 28 Juillet 2020 à 17:31 | Lu 7281 fois