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Un potager pour équilibrer son budget


Cette session concerne une vingtaine de familles entre Papara et Teva i Uta (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Cette session concerne une vingtaine de familles entre Papara et Teva i Uta (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 29 septembre 2025 – C’est un accompagnement qui a germé à la circonscription d’action sociale de Papara-Teva i Uta. En partenariat avec un agriculteur et la MFR de Taharu’u, la formation “De la graine à l’assiette” est dispensée à une vingtaine de familles souhaitant limiter leurs dépenses et gagner en autonomie. Au programme : trois semaines d’apprentissage à la DSFE, en alternance avec des travaux pratiques à domicile jusqu’en décembre. Si la démarche est concluante, elle pourrait être reconduite l’an prochain et pourquoi pas inspirer d’autres antennes, voire susciter des vocations professionnelles.

 
Système racinaire, photosynthèse, compost : bienvenue aux antennes de la Direction des solidarités, de la famille et de l’égalité (DSFE) de Papara et Teva i Uta, où l’action sociale et l’agriculture sont étroitement liées. Ce lundi matin, à Papara, une dizaine de personnes ont démarré la formation “De la graine à l’assiette” impulsée par les agents en charge des aides sociales au sein de la circonscription.
 
Cette initiative s’inspire des constats des travailleurs sociaux au contact des familles sur le terrain et du contexte rural des communes concernées. “Ces dernières années, on travaille à rendre les familles responsables et autonomes. En parallèle de la carte Auti’a ou Fa’atupu qui permet de faire ses courses comme tout le monde sans être stigmatisé, l’équipe a eu l’idée de mettre en place une sensibilisation à la gestion de budget et un accompagnement à la promotion des potagers familiaux, de façon à ce que les aides alimentaires servent à l’achat d’autres produits essentiels, comme la viande”, explique Georges Nahei, responsable de la circonscription d’action sociale de Papara-Teva i Uta, pionnière sur le sujet.


​Les bases de l’agriculture


Lancée en 2024 grâce à la participation d’un agriculteur et transformateur, Willy Robson, cette formation-pilote est désormais aussi soutenue par la Maison familiale rurale (MFR) de Taharu’u-Papara. Elle est proposée à des familles préalablement identifiées “selon leur appétence pour l’agriculture et leur motivation à faire évoluer leur situation”. Dispensée gratuitement sur la base du volontariat, elle est financée dans le cadre du budget de prévention de la DSFE.
 
Après Mataiea mi-septembre, ce lundi c’était donc au tour de Papara d’inaugurer sa session. Au programme : trois semaines d’apprentissage en matinée dans les locaux et le jardin de l’antenne sociale, en alternance avec des travaux pratiques à domicile jusqu’en décembre. Entre prise de notes attentive et questions pertinentes, l’ambiance était studieuse, mais détendue grâce à la pédagogie de Cédric Techer, directeur de la MFR, établissement de formation agricole impliqué dans le retour à la terre. “On trouvait ça intéressant d’initier les familles à l’agriculture pour leur permettre de réduire certaines dépenses. On leur apprend les bases : connaître les grandes notions, comme les besoins essentiels des plantes, en essayant de vulgariser au maximum pour comprendre pourquoi ça marche ou pourquoi ça ne marche pas, et pouvoir développer son potager de manière autonome. C’est le plus difficile !”, remarque l’enseignant au sujet de cette formation sur mesure.

​Gagner en autonomie


Pour rester dans une logique d’économie, la permaculture est mise en avant, de même que l’agrotransformation pour conditionner le surplus de production au moment de la récolte. Lorsque des aménagements sont nécessaires, la récupération et les matériaux naturels sont privilégiés : à Teva i Uta, les stagiaires ont construit une pépinière en bois et en nī’au à l’issue de la première semaine. Les intérêts ne sont pas que financiers : la santé est aussi en jeu, tant d’un point de vue de la diversité alimentaire que de la confiance en soi.
 
“Si le bilan est concluant, on prévoit de continuer l’année prochaine. Plus on va sensibiliser de familles, plus elles seront autonomes”, souligne Georges Nahei. “Je remercie cette équipe, car sans la motivation des travailleurs sociaux de vouloir améliorer les conditions de vie des familles, ce projet n’existerait pas.” Reste donc à favoriser sa croissance en encourageant les familles à tenir sur la durée lors des visites de suivi. L’initiative pourrait susciter des vocations professionnelles dans les foyers, mais aussi inspirer d’autres antennes de la DSFE. Depuis l’an dernier, une cinquantaine de familles de Papara et Teva i Uta auraient bénéficié de cette sensibilisation.

Tehani Ferrand, bénéficiaire de Papara : “Aller moins souvent au magasin”

“J’ai commencé à cultiver des fruits et légumes chez moi pour mes trois enfants, parce que mon fils fait beaucoup d’allergies et ma fille est en surpoids. On sait ce qu’on mange et ça nous permet aussi de moins dépenser. Je suis motivée, mais je ne sais pas comment procéder pour avoir des productions régulières. C’est une super initiative, parce qu’il nous manque des clés pour avancer et consommer local. Et quand il y en a trop, je transforme pour constituer une réserve pour ma famille et éviter le gaspillage, comme nous l’a appris Willy lors d’une première formation. On peut faire des achards avec les légumes et des confitures avec les fruits, par exemple. J’encourage d’autres familles dans cette démarche : ça permet d’aller moins souvent au magasin et on sent la différence au niveau du budget.”

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Lundi 29 Septembre 2025 à 16:24 | Lu 2049 fois