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Une badgeuse pointée du doigt


La badgeuse de la discorde positionnée au niveau de l’administration (Crédit : DR).
La badgeuse de la discorde positionnée au niveau de l’administration (Crédit : DR).
Tahiti, le 18 août 2025 – La rentrée n’avait pas encore eu lieu que déjà des voix s’élevaient au lycée Taiarapu Nui de Taravao. En cause : l’entrée en vigueur du pointage des agents au moyen d’une badgeuse ou d’un registre. Par courriers interposés, certains membres du personnel s’offusquent de cette méthode de “flicage”, quand d’autres soutiennent cette nouvelle logistique “équitable”. L’Unsa-Éducation a sollicité une rencontre avec le directeur de la DGEE.

 
La rentrée n’a pas débuté sous les meilleurs auspices au lycée polyvalent Taiarapu Nui de Taravao, comme l’ont révélé nos confrères de Polynésie la 1ère. En cause : l’entrée en vigueur du pointage des 35 agents administratifs, techniques et de restauration au moyen d’une badgeuse ou d’un registre manuscrit, au choix.
 
Cette initiative de la direction passe mal auprès d’une partie du personnel, dont Stella Hopuu, agent technique et déléguée syndicale. “Il n’y a pas eu de réunion : on a commencé à avoir des échos pendant les vacances. Pendant notre semaine de permanence pour préparer la rentrée, on a découvert la badgeuse installée à l’administration. On a tout de suite envoyé une pétition au ministre de l’Éducation pour dire non à cette pointeuse. La moitié du personnel a signé”, explique-t-elle, particulièrement remontée. “Pourquoi nous et pas les surveillants, ni les professeurs ? Les explications qu’on a eues, c’est qu’il y en a qui arrivent et qui partent avant l’heure. Mais il y a déjà des badges pour passer le portail de l’établissement et entrer dans les salles, et des caméras partout. C’est suffisant !”, estime-t-elle, évoquant une “pression” exercée sur les agents.
 

​“Un sujet délicat”


Une partie du personnel est signataire d’un autre courrier, transmis au ministre et à la Direction générale de l’éducation et des enseignements (DGEE) suite à la médiatisation de cette polémique. Il y est indiqué que “la très grande majorité des agents est favorable à ce dispositif”, qui ne serait pas perçu comme “intrusif”, mais comme un outil pour “garantir l’équité entre tous les agents” et “protéger ceux qui respectent leurs obligations”, entre autres arguments, dont la récupération des heures supplémentaires ou la couverture juridique en cas d’accident du travail. Cette mise au point vise “à rétablir la vérité et à recentrer le débat sur l’essentiel : le bon fonctionnement du service public d’éducation, dans le respect de chacun et pour le bien des enfants”.
 
Dans ce contexte tendu, notre demande d’interview adressée à la DGEE et au proviseur a été refusée. L’Union nationale des syndicats autonomes (Unsa) s’est saisie du dossier. “Notre position est claire et ferme sur le sujet : on ne souhaite pas qu’il y ait cette pointeuse. Il n’y a pas eu de discussion préalable ; ça a été une mise en place unilatérale de la direction envers une certaine catégorie de personnels. Par principe et dans l’incertitude, on s’oppose à toute forme de ‘flicage’ ou de contrôle. Jusqu’à présent, les établissements se sont toujours bien débrouillés et à l’Unsa-Éducation, on fait confiance au personnel. Et s’il y a des écarts, les chefs sont là pour gérer les problèmes de présence ou d’absence”, indique le secrétaire académique, Thierry Barrère, qui a sollicité une rencontre avec le directeur de la DGEE. “Il faut faire très attention à la généralisation qui peut en découler. C’est un sujet délicat qui mérite dialogue et réflexion : c’est une première, c’est pour ça qu’on se lève”. Pas de grève dans l’immédiat, mais le représentant n’exclut pas le dépôt d’un préavis, “si nécessaire”.
 

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Lundi 18 Août 2025 à 15:05 | Lu 4308 fois