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Mort tragique à Raroia : le tāne écope de 15 ans de réclusion criminelle


Mort tragique à Raroia : le tāne écope de 15 ans de réclusion criminelle
PAPEETE, le 8 septembre 2017 - En 2014, une jeune femme de 21 ans est morte à la suite d'une dispute conjugale. Son concubin était accusé de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Au terme de l'audience, il a été condamné à 15 ans de prison.

La vérité n'aura pas éclaté pendant ces deux jours d'audience. Jeudi et vendredi, les jurés de la cour d'assises ont tenté de savoir ce qui était arrivé à Tevavaro Taurere, morte au fond d'un puit le 19 octobre 2014 à Raroia. La jeune femme de 21 ans était décédée après une violente dispute avec son conjoint, Albert Mateau, 32 ans aujourd'hui. Celui-ci était poursuivi pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner mais trois ans après les faits, le scénario était toujours obscur. Le procès n'aura pas permis de faire toute la lumière sur les circonstances du drame.

En ce deuxième jour d'audience, l'attitude de l'accusé est restée la même qu'au premier jour. Prostré dans le box des accusés, les mains croisées, il a marmonné quelques mots quand la présidente du tribunal s'adressait à lui. Ni les conclusions de l'expert, ni les plaidoiries des parties civiles, de l'avocat général ou même de la défense ne lui ont fait lever la tête. Pourtant, si un homme avait pu laisser éclater la vérité sur les circonstances précises de la mort de sa concubine, c'était lui. "Il y a des questions qui restent en suspens parce que nous avons aussi un accusé qui ne parle pas", a relevé l'avocat général.

"LES PARTIES CIVILES TIENNENT A CE QUE LA VERITE SORTE"

La vérité est aussi ce que venait chercher la famille de la victime, constituée en partie civile. "La vérité de l'audience est le carburant de cette cours d'assises. Les parties civiles tiennent à ce que la vérité sorte", a martelé le conseil de la famille lors de sa plaidoirie. Pour ce dernier, la responsabilité du trentenaire dans la mort de sa compagne et mère de son enfant ne fait aucun doute. En cette soirée d'octobre, le sentiment de jalousie de Albert Mateau a été exacerbé par la consommation de komo. Persuadé que sa concubine le trompait il a voulu "lui donner une bonne leçon", selon l'expression de l'avocat de la famille.

Convaincu par cette hypothèse lui aussi, l'avocat général a rappelé que les violences intrafamiliales étaient une problématique récurrente sur le territoire. "Cet homme pourra un jour se remettre en couple. Notre rôle est que ce drame ne se reproduise pas. Il faut trouver une peine adaptée. Il faut une peine pour châtier le crime et préparer le retour de l'accusé", a-t-il déclaré. Le représentant du ministère public a requis 13 ans de prison avec suivi socio-judiciaire et obligation de soins pendant trois ans.

"PEUT-ETRE QU'ON NE LA CONNAITRA JAMAIS"

"Jugez mais sans haine et sans méchanceté", a lancé Maître Chouini, avocate de l'accusé, à l'attention des jurés. L'avocate reconnaît elle aussi les zones d'ombre du dossier. Elle le confesse : "La vérité, on ne la connaît pas. Peut-être qu'on ne la connaîtra jamais."

Pour autant, son client reste un homme ravagé par la mort de sa compagne. Une femme qu'il a aimée dès le premier jour selon la défense et qu'il n'a jamais eu l'intention de tuer. Si, au contraire, les jurés pensent que Albert Mateau a eu l'intention de donner la mort à sa compagne, alors il ne peut pas être jugé pour violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner, comme l'explique le conseil de l'accusé : "Vous devez l'acquitter car juridiquement, ce n'est pas possible si vous êtes convaincus qu'il l'a tuée!"

"Accusez levez-vous", l'interpelle la présidente du tribunal. Le gaillard de 32 ans décroise ses mains et se lève du banc. A la question : "Souhaitez-vous ajouter quelque chose?" Il lâche: "Je regrette ce que j'ai fait. Je n'ai pas voulu ça. Je demande pardon." Son avocate lui demande de regarder en direction de la famille de la victime. Le trentenaire s'exécute et s'excuse à nouveau. Certains membres de deux familles laissent éclater des sanglots.

Quelques heures plus tard, le verdict tombe. Les jurés sont allés au-delà des réquisitions du procureur. Albert Mateau est reconnu coupable de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. Les jurés l'ont condamné à la peine de 15 ans de réclusion criminelle. La vérité, elle, reste en suspens.



Une autre affaire la semaine prochaine

De lundi à vendredi prochain, les jurés de la cour d'assises devront juger une nouvelle affaire de violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner. En 2014, à Papara, une bagarre a éclaté entre deux groupes de jeunes. Un jeune homme de 22 ans a perdu la vie au cours de celle-ci.

Six accusés seront jugés pour des violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner avec, pour circonstance aggravante, que les faits se sont déroulés en réunion. Ils encourent 15 ans de prison ferme.

Rédigé par Amelie David le Vendredi 8 Septembre 2017 à 18:30 | Lu 2453 fois