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Venezuela: deux chefs de l'opposition arrêtés, dont le maire de Caracas


Caracas, Venezuela | AFP | mardi 01/08/2017 - Deux des chefs de l'opposition, dont le maire de Caracas, ont été arrêtés mardi au Venezuela, alors que le pays est sous le coup de sanctions des Etats-Unis après l'élection dans le sang d'une toute puissante Assemblée constituante voulue par le président socialiste Nicolas Maduro.
A la veille de l'installation prévue de cette Constituante, Leopoldo Lopez, 46 ans, fondateur du parti Voluntad Popular (Volonté populaire, droite), et le maire de Caracas Antonio Ledezma, 62 ans, ont été arrêtés selon leurs familles en pleine nuit chez eux, où ils étaient en résidence surveillée après avoir déjà été emprisonnés --jusqu'à presque trois ans et demi pour M. Lopez.
Tous deux avaient appelé à ne pas participer à l'élection dimanche dernier de la Constituante, un scrutin marqué par des violences qui ont fait dix morts.
Opposants et forces de l'ordre s'étaient affrontés dimanche à Caracas et dans d'autres villes lors de batailles rangées. Lundi, le trafic semblait normal à Caracas, mais des restes des barricades de la veille jonchaient encore les rues.
Plus de 120 personnes au total ont été tuées en quatre mois de manifestations anti-Maduro. Selon l'ONG Foro Penal, le Venezuela compte quelque 490 "prisonniers politiques".
La coalition de l'opposition Table de l'unité démocratique (MUD) a appelé à une nouvelle manifestation mercredi à Caracas afin de dénoncer "l'illégitimité" de la nouvelle Assemblée.
"Ils ont pris Leopoldo Lopez et le maire Ledezma pour nous faire peur et nous démoraliser", a déclaré le député d'opposition Freddy Guevara, coordinateur national du parti de M. Lopez. Mais "la prison et les persécutions contre nos responsables ne stopperont pas la rébellion".
 

- Sanctions américaines -

 
L'élection des 545 membres de la Constituante, qui doit diriger le pays pour une durée indéterminée, a été qualifiée de triomphe "historique" par M. Maduro.
L'opposition, qui contrôle le Parlement depuis 2016, a boycotté le scrutin en dénonçant une "fraude" pour prolonger le pouvoir de M. Maduro dont le mandat s'achève en 2019.
Qualifiant ces élections d'"illégitimes" et M. Maduro de "dictateur", Washington a annoncé lundi soir de nouvelles sanctions avec le "gel" de "tous les avoirs" que posséderait le président vénézuélien aux Etats-Unis, une mesure extrêmement rare contre un chef d'Etat en exercice.
M. Maduro est le quatrième chef d'Etat seulement à être ainsi sanctionné par Washington, rejoignant les présidents syrien Bachar al-Assad, nord-coréen Kim Jong-Un et zimbabwéen Robert Mugabe.
"Je n'obéis pas aux ordres impérialistes, je n'obéis pas aux gouvernements étrangers, je suis un président libre", a rétorqué M. Maduro dans une allocution télévisée.
Selon lui, les décisions de Washington soulignent "l'impuissance, le désespoir, sa haine" après le scrutin de dimanche. "Qu'ils prennent les sanctions qui leur plaisent, mais le peuple vénézuélien a décidé d'être libre", a ajouté M. Maduro.
La nouvelle Assemblée, qui doit s'installer au siège du Parlement, se situe au-dessus de tous les pouvoirs, y compris du président, et doit rédiger une nouvelle Constitution remplaçant celle promulguée en 1999 par le défunt président Hugo Chavez.
 

- Condamnations internationales -

 
L'opposant Julio Borges, président du Parlement, a assuré que le pouvoir législatif continuerait de siéger malgré l'élection de la Constituante. Selon lui, le Venezuela s'est réveillé lundi "plus divisé et isolé du reste du monde".
M. Maduro a souhaité lundi que la Constituante lève l'immunité des parlementaires de l'opposition pour qu'ils soient jugés.
Selon les autorités, plus de huit millions d'électeurs, soit 41,5% du corps électoral, ont participé à l'élection de l'Assemblée constituante. Plus que les 7,6 millions de voix réunies par l'opposition le 16 juillet, lors d'un référendum contre le projet de Constituante. Chaque camp conteste les chiffres de l'autre.
Les arrestations des deux chefs de l'opposition ont été accueillies par des condamnations internationales. "C'est clairement un pas dans la mauvaise direction", a estimé une porte-parole de la Haute représentante de l'UE, Federica Mogherini. "Nous continuons à appeler le gouvernement du Venezuela à travailler à des mesures urgentes pour rétablir la confiance, dans l'objectif d'une désescalade des tensions", a-t-elle ajouté.
Une dizaine de pays, des Etats-Unis à la Colombie, en passant par l'Argentine ou l'Espagne, ont annoncé qu'ils ne reconnaîtraient pas la Constituante. A l'inverse, la Russie, Cuba, le Nicaragua, la Bolivie et le Salvador ont apporté leur soutien à M. Maduro. La Havane a dénoncé lundi soir une "opération internationale" dirigée par Washington pour ne pas reconnaître "la volonté" du peuple vénézuélien.
Le Venezuela, premier exportateur de pétrole d'Amérique latine, est au bord de l'effondrement économique et 80% des Vénézuéliens désapprouvent la gestion du président, selon l'institut de sondages Datanalisis.

le Mardi 1 Août 2017 à 03:33 | Lu 282 fois