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Une baleine proche du récif de Pueu met en alerte les riverains


Photo d'illustration.
Photo d'illustration.
TARAVAO, le 9 septembre 2015. Plus de peur que de mal. Ce mercredi matin, plusieurs personnes qui habitent en bordure de lagon de Pueu ont prévenu les pompiers de la commune de la présence d'une baleine a priori coincée sur le récif. Finalement, la baleine et son baleineau ont été aperçus une heure plus tard nageant tranquillement plus au large.

Les pompiers de Pueu se sont déplacés à deux reprises ce mercredi matin du côté du PK 9 en raison de la présence inhabituelle d'une baleine à l'intérieur du lagon et qui semblait très proche du récif. "C'est la première fois de la saison qu'on nous appelle pour nous signaler une baleine qui semble en difficulté. Il faut dire que les baleines dans le lagon de Pueu, c'est assez rare. On les voit régulièrement au large bien sûr, mais le lagon lui-même est étroit. Pour des baleines, venir à l'intérieur du lagon peut s'avérer dangereux car il y a beaucoup de hauts fonds" explique Terii, un des pompiers qui est intervenu sur place.

Signalant une baleine et son baleineau à proximité du récif, dans une posture plutôt statique, ces riverains ont cru d'abord que le cétacé était coincé sur le récif ou pire même échoué. "Comme il y peu de passage de baleines à l'intérieur du lagon, je pense qu'ils ont mal interprété ce qui se passait. En fait, il n'y avait probablement aucun danger pour ces baleines, car nous les avons vues, c'est vrai, mais assez au loin puis elles ont disparu" témoigne encore Terii. Une heure plus tard, d'autres riverains en bordure du lagon de Pueu, à 2 km environ du premier point d'observation appellent de nouveau les pompiers pour indiquer là encore une "grande baleine échouée" sur le récif. "Nous sommes repartis voir ce qui se passait" mais fort heureusement Terii et son collègue observent à la jumelle une baleine et son baleineau effectivement dans le lagon, prés du récif, mais nettement vers le large. "Nous les avons observés un long moment en suivant leurs mouvements aux jumelles pour vérifier que tout était normal". La baleine à bosse et son baleineau ont disparu, ont été de nouveau aperçus en mer et sont ensuite revenus dans le lagon. Au final, si la baleine adulte a pu se retrouver en difficulté et même coincée un temps sur le récif, elle a su en tout cas s'en dégager elle-même.

UN MOT D'ORDRE : PREVENIR LES AUTORITES

Tout au long de ces interventions, les pompiers de Pueu sont restés en lien téléphonique avec Agnès Benet, biologiste marine et présidente de Mata Tohora. Cette association pour la protection des mammifères marins en Polynésie française est mandatée par le Ministère de l'Environnement et la Direction de l'Environnement. En cas d'intervention délicate sur des mammifères marins en grande difficulté ou blessés, l'expertise de l'association est requise. "La première chose à faire si on est témoin de l'échouage d'une baleine est de prendre contact avec la direction de l'environnement (voir en encadré ci-dessous). Car autour d'un cétacé en difficulté il faut éviter d'attirer et du monde et en toute première priorité mettre en place un cordon de sécurité" explique Agnès Benet.

Dans le cas de ce binôme de baleines à bosses aperçues hier à Pueu, il n'y avait finalement aucun danger mais une baleine réellement échouée ne se manipule pas sans précaution. Si elle est encore vivante et que l'on veut tenter de la reconduire vers le large, il faudra observer des règles de prudence et a minima travailler sans affoler l'animal. Chaque situation étant différente en fonction de l'espèce, de l'état général de l'animal, de la façon dont il est échoué ou coincé, il n'y a pas de solution unique. Les mammifères marins étant des espèces protégées par le Code de l'environnement polynésien, seules les personnes assermentées ont le droit de les manipuler. Pas question donc de s'improviser sauveteurs de baleines ! Au-delà des précautions à prendre pour des animaux vivants, il faut encore être plus prudents lorsqu'on a affaire à un animal mort, particulièrement lorsque le travail de putréfaction est entamé "c'est une bombe biologique de 40 tonnes" précise Agnès Benet. Le danger pour des curieux trop téméraires est réel, sans compter les nombreuses maladies véhiculées par les cétacés qui peuvent se transmettre par simple contact. On l'a compris, la meilleure façon d'agir face à un cétacé échoué, c'est d'appeler à la rescousse les spécialistes ou du moins les autorités qui sauront mettre en œuvre un cordon de sécurité et organiser les secours vers l'animal si l'en est encore temps.



Que faire en cas d'échouage d'un cétacé ?



Prévenir la Direction de l'environnement (Diren) au 40 47 66 66 ou appeler le 17.
Les week-ends, jours fériés et en dehors des horaires de bureau, l'association Mata Tohora fait le relais pour prévenir les personnes assermentées de la Diren. Il faut donc alors composer le 87 70 22 77.

En attendant que les autorités soient sur place : éviter en priorité les attroupements autour de l'animal. S'il est encore vivant ce serait pour lui une source de stress supplémentaire. S'il est mort, la putréfaction du corps peut aller jusqu'à engendrer une explosion.

Pourquoi les baleines s'échouent-elles ?

Les exemples d'échouage de baleines restent peu nombreux en Polynésie française. "Comme il y a beaucoup de récifs sur nos côtes, nous ne répertorions pas tant d'échouages que ça" explique Agnès Benet, biologiste marine et présidente de l'association Mata Tohora. Le plus souvent les animaux qui meurent en mer n'ont pas le temps de s'échouer "ils sont dévorés par les requins avant d'arriver sur les côtes". Le GEMM, groupement d'étude des mammifères marins a comptabilisé par exemple à peine neuf échouages de cétacés sur toute la Polynésie française entre 2009 et 2013. "En cette saison, une baleine peut s'échouer au cours d'une bagarre entre mâles, l'un d'eux se faisant pousser sur le récif. Ou bien, pour échapper à un prédateur, une baleine dans l'affolement peut se retrouver coincée et échouée" explique Alain Portal coordinateur du GEMM Polynésie.

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 9 Septembre 2015 à 20:28 | Lu 2997 fois