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Une 25-ème victime au Venezuela en près d'un mois de manifestations


Caracas, Venezuela | AFP | mardi 25/04/2017 - Un manifestant de 23 ans est mort mardi matin au Venezuela, a annoncé le parquet, portant à 25 le nombre de victimes en près d'un mois de mobilisations hostiles au gouvernement, avant un nouveau défilé prévu mercredi.
"Le jeune homme était dans une manifestation (...) quand il a reçu un tir à la tête qui l'a tué sur le coup", a ajouté le parquet dans un communiqué, précisant que le drame a eu lieu dans l'Etat de Lara (nord-ouest).
L'opposition au président socialiste Nicolas Maduro a d'ores et déjà appelé à une nouvelle manifestation mercredi en faveur d'élections générales anticipées, l'objectif central de ces mobilisations.
"Nous avançons. Nous ne nous rendons pas. Si nous arrivons à maintenir la pression, nous allons obtenir le changement. Mercredi nous revenons dans la rue", a déclaré Freddy Guevara, vice-président du Parlement, l'unique institution contrôlée par l'opposition depuis fin 2015.
Mot d'ordre mercredi: gagner le centre de Caracas pour protester face à l'une des institutions réputées proches de Maduro et qui se trouvent dans ce secteur. Elles sont accusées par l'opposition d'être "complices du coup d'Etat".
Mais jusqu'à présent les milliers d'opposants défilant contre le président ont toujours été empêchés d'atteindre le coeur de la capitale par les forces de l'ordre, qui les ont repoussés avec des gaz lacrymogènes, des canons à eau et des balles en caoutchouc.
Mardi, le Parlement débattra sur la possible révocation des juges du Tribunal suprême, institution qui a déclenché cette vague de protestations le 1er avril en confisquant brièvement les pouvoirs des députés, avant de rétrocéder 48 heures plus tard devant le tollé diplomatique.
 

- 'Des morts et des prisonniers' -

 
Les manifestations, quasi-quotidiennes depuis lors, ont souvent dégénéré: on dénombre désormais 25 morts et des centaines de blessés.
Gouvernement et opposition s'accusent mutuellement de ces violences au cours desquelles plus de 600 personnes ont été arrêtées, selon l'ONG Foro Penal.
"Ces actions de résistance qui mettent dos au mur le dictateur (Maduro, ndlr) ont des coûts très élevés: des morts et des prisonniers", a reconnu Freddy Guevara dont le parti Volonté Populaire compte lui-même un leader en prison depuis 2014, Leopoldo Lopez.
Lundi, trois hommes ont été tués dans l'ouest du pays et sept personnes blessées, selon le bilan officiel publié à l'issue d'une journée de mobilisation pourtant globalement calme, des milliers d'opposants bloquant les routes du pays.
"Combien de morts faut-il encore aux extrêmistes de l'opposition pour abandonner la violence comme moyen de faire la politique? Combien de plus?" s'est indigné le général Vladimir Padrino Lopez, ministre de la Défense et chef de l'armée, allié crucial du président Maduro.
Dans ce pays pétrolier dont l'économie s'est effondrée avec la chute des cours du brut, la majorité des aliments et médicaments sont introuvables. Lassés, sept Vénézuéliens sur dix souhaitent le départ de Nicolas Maduro, selon un sondage Venebarometro.
"Je suis venu (manifester) parce que je suis fatigué", témoignait lundi Yorwin Ruiz, manifestant de 26 ans, avant de raconter son calvaire: "J'ai fait le tour de plus de 20 pharmacies pour acheter un simple antibiotique. J'espère qu'au moins nous obtiendrons des élections."
 

- 'Fissures' -

 
Après quasiment un mois de manifestations, les antichavistes (du nom du défunt président Hugo Chavez, 1999-2013) maintiennent la pression en faveur d'élections générales anticipées, avant la fin du mandat de M. Maduro en décembre 2018.
L'un des hauts dirigeants du chavisme, Diosdado Cabello, a pourtant réaffirmé lundi que "Nicolas ne va pas partir".
Pour les analystes du cabinet Eurasia, le camp anti-Maduro est pourtant en position de force: "L'opposition est plus unie dans les rues et semble avoir retrouvé de l'énergie", écrivent-ils dans une note.
Or dans le clan présidentiel, "l'unité est plus fragile que par le passé, et la pression de plus en plus forte de la rue et de la communauté internationale a le potentiel pour élargir, voire faire éclater entièrement, les fissures existantes", ajoutent-ils.
M. Maduro a invité l'opposition à reprendre le dialogue gelé depuis décembre, appelant le pape François à "accompagner" ces discussions. Une précédente médiation sous l'égide du Saint-Siège avait échoué l'an dernier.
Il a aussi rencontré lundi soir l'ex-président de la République dominicaine Leonel Fernandez.
Onze pays latino-américains ainsi que les Etats-Unis plaident pour des élections.
Une précédente vague de manifestations en 2014 avait fait officiellement 43 morts.

le Mardi 25 Avril 2017 à 05:53 | Lu 145 fois