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Un lounge flottant sur le lagon de Vaira‘i inquiète les défenseurs de l’environnement


Le projet d’une plateforme flottante au large de Vaira’i divise l’opinion.
Le projet d’une plateforme flottante au large de Vaira’i divise l’opinion.
Tahiti, le 21 octobre 2025 - L'annonce fait grincer des dents. Il y a une semaine, le président Moetai Brotherson dévoilait un projet audacieux : une structure flottante innovante mêlant tourisme et économie maritime. Cette plateforme, positionnée au large du parc Vaira'i, viserait le segment MICE (meetings, incentives, conferences, events). Mais avant même sa concrétisation, le projet soulève une vague de critiques, notamment de la part des défenseurs de l'environnement.
 
Sur LinkedIn, Adeline Yvon, présidente-fondatrice de Mama Natura, n'a pas caché son étonnement après l’annonce du projet d’une structure flottante au large du parc Vaira’i : “Mais on marche sur la tête ! À Punaauia, on a déjà dû dépolluer 448 batteries immergées dans le lagon en juin 2025 et il en reste autant à retirer. Des tonnes de déchets traînent encore partout faute d'actions suffisantes, la rivière Vaira'i est une décharge à ciel ouvert, et on voudrait maintenant ancrer un lounge dans le lagon ? Avant de rêver de piscine flottante et de salle de réception sur récif, on pourrait peut-être commencer par assumer la réalité.” Des interrogations environnementales qui trouvent un écho dans le débat public. 
 
Contactée, Kaha Brown, de l'agence événementielle Tahiti Expert Events et l'une des porteuses du projet baptisé Mana Lagoon Lounge, tient à apporter des précisions. “Cette médiatisation est ultra-prématurée, car le projet est encore en phase d'études”, explique-t-elle. Elle insiste sur les aspects écologiques du projet : “Il s'agit d'une plateforme flottante avec des ancrages écologiques, exactement comme ceux utilisés pour les yachts, alimentée à 100 % par énergie renouvelable grâce à 450 mètres carrés de panneaux solaires, et équipée d'un système de récupération des eaux usées via des navettes”. La structure sera connectée à terre pour l'assainissement, avec un principe d'“aucun rejet” dans le lagon. 
 
Au-delà de l'aspect environnemental, Kaha Brown défend une vision touristique ambitieuse : “On parle du tourisme de demain, avec un restaurant, une piscine arborée, un espace loisir-détente pour accueillir des artistes et exposer l'art, ainsi que des associations pour sensibiliser à nos écosystèmes. Selon d'autres professionnels du tourisme, c'est une bonne idée qui permettra de garder les touristes un jour de plus sur Tahiti.” Des séminaires pourront également y être organisés.
 
Mise en opération prévue en 2028
 
La porteuse du projet souligne les retombées économiques locales : “Les gens qui critiquent ne voient pas qu'on crée de l'emploi, qu'on va stimuler l'agriculture locale, car les cuisiniers pourront s'exprimer gastronomiquement et proposer des choses différentes et innovantes.” Elle précise également l'ambiance recherchée : “Ce ne sera pas une baraque à bringue, mais pas une cathédrale non plus, avec un son comme dans un restaurant.”
 
Le projet, porté par quatre acteurs “complémentaires” dont elle ne souhaite pas dévoiler les noms, s'étend sur environ 500 mètres carrés avec un petit étage et comprenant le restaurant, un coin détente près de la piscine, des poufs sur l'eau et des espaces d'observation du lagon. Financièrement “lourd”, il nécessitera deux ans de construction pour une mise en opération prévue en 2028.
 
“Nous sommes encore en étape de consultation”, précise Kaha Brown. “On veut créer ce projet avec les bons acteurs et recruter un maximum de personnes sur le bassin local. Nous avons rencontré tous les acteurs pour faire ces choses en harmonie. Bien sûr, nous serons attentifs aux critiques. On ne veut pas faire les choses de manière intrusive, mais proposer quelque chose de complémentaire en termes de qualité d'expérience.” 
 

Rédigé par Darianna Myszka le Mardi 21 Octobre 2025 à 16:42 | Lu 1803 fois