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Un centre adapté à la prise en charge des obèses


Crédit présidence de la Polynésie.
Crédit présidence de la Polynésie.
Papeete, le 30 septembre 2019 - Le centre de soins de suite et de réadaptation pour les personnes obèses a été inauguré ce lundi. Situé à Pirae, ce nouvel établissement médical propose une prise en charge globale en ambulatoire de l'obésité et de ses comorbidités.

"C'est un premier pas, il faut montrer aux personnes que l'obésité n'est pas une fatalité et qu'avec une prise en charge adaptée, on peut arriver à faire des choses, à redonner espoir”, a indiqué le ministre de la Santé, Jacques Raynal, lors de l'inauguration ce lundi du centre Ora Ora (la vie dynamique, la vie tonique, en tahitien), en présence du président de la Polynésie française.
L'objectif de ce nouveau centre de soins de suite et de réadaptation (SSR) est de proposer aux personnes obèses une prise en charge, complète et pluridisciplinaire, un projet thérapeutique personnalisé, car chaque victime de cette maladie chronique est différente.

"Il est important de réhabiliter le patient obèse de façon globale dans son corps et dans son mental, tout en lui permettant de changer ses habitudes au quotidien, sur le long terme et avec sa pleine participation, pour lui offrir l’opportunité d’accéder à une meilleure qualité de vie", explique le Dr Philippe Brugiroux, qui est, avec le Dr Daniel Monconduit, à l'initiative de ce centre.
Premier établissement de ce type en Polynésie pour les obèses, les fondateurs espèrent que ce centre pourra aider à apporter une réponse à ce problème alarmant qu'est l'obésité en Polynésie. "D'ici 2030 selon les perspectives, 50% de la population polynésienne souffrira de cette maladie chronique qui engendre de nombreuses complications aux conséquences redoutables (diabète, HTA, AVC, troubles respiratoires…). Ce centre va proposer à ces personnes une prise en charge en SSR de l’obésité et de ses comorbidités", poursuit le Dr Philippe Brugiroux.

"ACTEUR DE SA SANTE ET NON SPECTATEUR"

Concrètement, la personne souffrant d'obésité sera envoyée par son médecin traitant, un spécialiste ou à la suite d'une hospitalisation au centre Ora Ora. Ensuite pendant quatre heures environ à raison de 10 à 15 journées, la personne alternera entre exercices physiques adaptés, ateliers culinaires, consultations individuelles, en groupe… qui seront dispensés par une équipe pluridisciplinaire médicale et paramédicale. Médecin MPR (Médecine Physique et Réadaptation), endocrinologue, pneumologue, cardiologue, nutritionniste, addictologue ou encore kinésithérapeute, ergothérapeute, coach sportif, psychologue, sophrologue, diététicienne et même une assistance sociale, le patient pourra bénéficier de l'expertise de tous ces professionnels pour une prise en charge à 360°. “L'idée de la prise en charge est vraiment de la personnaliser, de l'adapter en fonction des besoins, physique, nutritionnelle et psychologique de la personne. Il faut sortir le patient de son isolement et le rendre acteur de sa santé et non spectateur”, insiste le médecin.
Le centre proposera à son ouverture aux patients prévue à la mi-octobre, onze places, la capacité d'accueil devrait augmenter, voire doubler d'ici 2020.

Dr Frédéric Sanguignol, nutritionniste, spécialisé en éducation thérapeutique du patient
Président de la fédération des cliniques de Soins de Suite et Réadaptation (SSR)


"Il faut développer un programme thérapeutique"

Quel est l'intérêt d'avoir un centre de SSR en Polynésie ?
“L'obésité est un problème de santé publique absolument majeur en Polynésie, c'est la plus grande épidémie non infectieuse de tous les temps. Le taux d'obésité est de 40% en Polynésie, c'est le taux le plus élevé de toute la France. Il y a déjà eu beaucoup de choses de faites, de préventions, de campagnes…, mais il manquait un centre où était regroupé l'ensemble des compétences nécessaires pour prendre en charge cette pathologie chronique”.

Qu'est-ce que les SSR ?
“Les SSR sont les Soins de Suite et Réadaptation, c'est-à-dire que l'on va prendre en charge le patient en dehors de l'hôpital et on va mettre en place un programme d'éducation thérapeutique. Ce programme va accompagner le patient au début de façon intense puis petit à petit, on va essayer de le "lâcher" pour qu'il trouve une autonomie. L'éducation thérapeutique, c'est l'utilisation des outils qui permettent à une personne atteinte d'obésité de mieux autogérer sa maladie. Le but est que le patient devienne acteur par l'acquisition de compétences et de connaissances. Trop souvent on s'arrête au transfert de connaissances, de savoirs. Or il est très important de travailler aussi les compétences de savoir-faire et de savoir-être (…). C'est une maladie qui mérite une approche globale, pas seulement biomédicale, mais également diététique, physique et psychologique. La prise en charge est toujours dans ces quatre axes, mais comme chaque patient est différent, chaque approche thérapeutique va être différente. C'est la personnalisation de la prise charge qui va être très importante (…).”

Concrètement comment le patient va être pris en charge ?
"Ce centre permet de retrouver dans un même lieu l'ensemble des compétences nécessaires à cette prise en charge globale et personnalisée. Ici, le patient va pouvoir rencontrer des kinés, des nutritionnistes, des psychologues, un professeur d'éducation physique adapté… (...).
Le patient pourra profiter de toutes les installations de centre, du plateau technique, de bureaux pour les consultations individuelles, de salles de réunions, pour les approches collectives très importantes.
Il faut savoir qu'il n'y a jamais deux personnes obèses pour les mêmes raisons, il faut donc faire un travail individuel de diagnostic éducatif, afin de connaître ce que sait le patient de sa pathologie, ce qu'il a, ce qu'il fait, ce qu'il projette ?”

Peut-on guérir de l'obésité ?
“C'est une maladie chronique. C'est comme le diabète, on peut normaliser son taux de sucre, mais on est diabétique pour la vie. Il faut modifier, adapter le mode de vie. Cela se fait doucement. Dire à quelqu'un de faire du sport, de suivre un régime, n'est pas la bonne solution. Il faut comprendre la personne et développer un programme thérapeutique adapté à elle. C'est cela qui est difficile dans l'obésité. Pour une angine, les médicaments vont être les mêmes pour tous (…), ce n'est pas le cas pour l'obésité, de plus il n'existe pas de médicament contre l'obésité.”

Pour les personnes intéressées, notamment les médecins traitants.

Le Docteur Frédéric Sanguignol, médecin spécialisé en nutrition et en éducation thérapeutique, interviendra sur “La prise en charge de l’obésité”, mercredi 2 octobre à 19h30.
Présence à confirmer : [email protected] ou [email protected]


le Lundi 30 Septembre 2019 à 17:44 | Lu 3613 fois