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Un an de sursis pour le policier qui avait giflé un homme en fauteuil roulant


Tahiti, le 4 novembre 2025 - Le policier de la DTPN filmé en septembre 2024 alors qu'il venait de mettre une gifle à une personne handicapée a été condamné mardi par le tribunal correctionnel à un an de prison avec sursis. L'un de ses collègues, auquel il était reproché d'avoir volontairement omis de rapporter ces violences dans le rapport d'intervention rédigé le soir des faits, a été condamné à la même peine.
 
La vidéo diffusée via Facebook en septembre 2024, sur laquelle on voit un agent de la Direction territoriale de la police nationale (DTPN) mettre une gifle à un homme qui vient de tomber de sa chaise roulante dans le quartier Estall, avait choqué l'opinion publique. Le procès du policier auteur des violences – un homme de 28 ans décoré en 2023 par celui qui était alors ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin – s'est déroulé mardi devant le tribunal correctionnel. Un second policier, poursuivi pour avoir rédigé un rapport falsifié quant à la réalité de l'intervention et à la commission des violences sur la victime, comparaissait également pour répondre du chef de “faux”.
 
Premier à être entendu mardi, l'auteur de la gifle, qui a été définitivement exclu de la police nationale, a de nouveau reconnu les faits. L'homme, qui était sorti major de sa promotion, a expliqué qu'il avait “craqué” en raison des insultes proférées par la victime. Le soir des faits, c'est une résidente du quartier Estall qui avait appelé les forces de l'ordre car le vieil homme était ivre et endormi dans son fauteuil devant le parking d'un immeuble. Arrivé sur place avec trois autres policiers, le prévenu avait asséné une violente gifle à la victime alors que cette dernière, paraplégique, était au sol.
 
Interrogé à son tour, le policier, auquel il était reproché d'avoir rédigé un faux rapport d'intervention en omettant de faire état des violences commises par son collègue, a reconnu à la barre qu'il avait agi pour “protéger” ce dernier. Un “coup de poker” quant à l'éventuelle suite des faits si la victime avait porté plainte. “J'ai conscience de la gravité des choses, mais je voulais le préserver. Je n'ai rien à gagner et d'ailleurs, j'ai tout perdu”, a-t-il indiqué avant de dépeindre le portrait d'un collègue “calme”, un bon élément qui aurait été promis à une belle carrière de fonctionnaire. Si c'était “à refaire”, le quadragénaire a répondu : “Je l'aurais balancé direct” en expliquant par ailleurs qu'il avait été “exclu” de la police nationale pour une durée de deux ans.
 
La “morale publique”
 
Sans grande surprise, c'est avec fermeté que le procureur de la République a requis puisqu'un “grand nombre de fonctionnaires de police souffre actuellement”, tout en rappelant qu'un agent de la DTPN avait été traîné sur plusieurs mètres lors d'un contrôle routier opéré le 15 octobre dernier. Avant de demander au tribunal de condamner l'auteur des violences à deux ans de prison avec sursis et son coprévenu à un an de sursis, le représentant du ministère public a invoqué “l’absence d'impunité” quant aux violences commises par les forces de l'ordre.
 
Confronté à ces réquisitions, le conseil du principal prévenu, le bâtonnier Yves Piriou, a concédé qu'il endossait une “lourde tâche” tout en se disant “honoré” de plaider, notamment, contre la “morale publique” et la politique des réseaux sociaux. Après en avoir délibéré, le tribunal correctionnel a condamné les deux prévenus à la peine similaire d'un an de prison avec sursis.

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 4 Novembre 2025 à 18:57 | Lu 2022 fois