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USA: les tueries dans des écoles, une douleur parfois insurmontable


Miami, Etats-Unis | AFP | lundi 25/03/2019 - Trois suicides en huit jours sont venus rappeler aux Etats-Unis que le traumatisme des fusillades en milieu scolaire ne s'efface pas avec le temps, suscitant de nouveaux appels à améliorer la prise en charge psychologique des rescapés et des proches des victimes.

Deux jeunes se sont donné la mort à une semaine d'intervalle, plus d'un an après avoir échappé à une tuerie qui a fait 17 morts dans un lycée de Parkland en Floride (sud-est) le 14 février 2018.
Ce jour-là, Sydney Aiello avait vu Nikolas Cruz faire irruption dans son lycée avec un fusil semi-automatique et faucher deux de ses proches amis. Depuis, elle souffrait de stress post-traumatique et du syndrome de culpabilité du survivant, ont expliqué ses parents. Il y a une semaine, elle s'est donné la mort à l'âge de 19 ans.
Dimanche, la police a fait savoir qu'un autre élève rescapé de la tuerie avait été retrouvé mort, apparemment suicidé. Son identité n'a pas été révélé, mais selon les médias locaux, il, ou elle, avait une quinzaine d'années.
Alors que Parkland se débattait avec ces nouveaux deuils, le père d'une fillette tuée lors d'une fusillade dans une école primaire de Sandy Hook a lui aussi été retrouvé mort. Jeremy Richman, 49 ans, avait perdu sa fille Avielle en 2012 quand un homme avait ouvert le feu dans cette école du Connecticut (nord-est), tuant 20 jeunes enfants et six éducateurs, avant de retourner son fusil contre lui.
Jeremy Richman "était à Parkland la semaine dernière", a déclaré à l'AFP Ryan Petty, dont la fille Alaina, 14 ans, a été tuée dans la fusillade de l'an dernier. "Il avait rencontré des familles, pour nous aider. Ca brise le coeur de réaliser à quel point il souffrait."
 

- "Insurmontable" -

 
Plus de 214.000 élèves ont vécu une fusillade dans une école américaine depuis 1999, selon une base de données du Washington Post.
Jeremy Richman et Sydney Aiello s'étaient engagés pour lutter contre ces drames. Lui avait monté une fondation pour promouvoir la recherche en santé mentale, appelant les élus de son Etat à améliorer le système de soins psychiatriques.
Elle, à l'instar de nombreux jeunes de Parkland, s'était investie dans une campagne pour un meilleur contrôle des armes à feu. Sous leur impulsion, un million de personnes avaient manifesté dans tout les Etats-Unis.
Mais le gouvernement de Donald Trump s'est contenté d'interdire les "bump stocks", un dispositif qui permet de tirer en rafale, et ne semble pas vouloir aller plus loin. Au contraire, son gouvernement a recommandé en décembre d'armer le personnel scolaire.
"Nous devrions dépenser l'argent que les politiques veulent engager pour armer les enseignants dans des choses qui pourraient vraiment sauver des vies, comme les soins de santé mentale dans nos écoles", a réagi lundi David Hogg, un des rescapés de la tuerie de Parkland.
"Arrêtez de nous dire: +ca va passer+", a-t-il ajouté sur Twitter. "On ne peut pas surmonter ce qui n'aurait jamais dû avoir lieu. Le traumatisme et la perte ne peuvent pas disparaître. Il faut apprendre à vivre avec, en se faisant aider."
 

- "Elèves à risque" -

 
"C'est horrible que les communautés de Parkland et Sandy Hook continuent à subir de nouvelles pertes", a également estimé le sénateur Bernie Sanders. "Nous devons prendre de vraies mesures pour mettre un terme à l'épidémie de violences par armes à feu et soutenir les familles affectées par cette crise", a ajouté le candidat à la présidentielle de 2020.
A Parkland même, parents, élèves, enseignants et élus se sont retrouvés dès dimanche soir pour discuter des moyens pour venir en aide aux rescapés. Cette "première rencontre" vise à "prévenir le prochain suicide", a expliqué sur les réseaux sociaux Max Schachter, dont la vie du fils Alex, 14 ans, a été fauchée dans le lycée.
"Nous avons des élèves et du personnel à risque", a ajouté Ryan Petty dans les pages du Sun Sentinel. "Il faut qu'on admette qu'après un événement comme celui-ci, il y a du traumatisme, de l'anxiété et de la dépression." Pour lui, "il faut éduquer les parents et les professeurs à détecter les signaux et à poser les bonnes questions."
Et, note-t-il, cela pourrait aussi servir à "identifier des menaces potentielles", puisque les auteurs de fusillade en milieu scolaire ont souvent des tendances suicidaires.

le Mardi 26 Mars 2019 à 06:04 | Lu 298 fois