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Trop d'oméga 6, pas assez d'oméga 3 favorise l'obésité sur des générations

PARIS, 16 juillet 2010 (AFP) - Un déséquilibre chronique en corps gras dans l'alimentation, à savoir trop d'oméga 6 et pas assez d'oméga 3, favorise l'obésité d'une génération à l'autre, ont découvert des chercheurs français.


Trop d'oméga 6, pas assez d'oméga 3 favorise l'obésité sur des générations
"C'est la première fois que l'on montre cette augmentation transgénérationnelle de l'obésité", souligne auprès de l'AFP le professeur Gérard Ailhaud (université de Nice-Sophia Antipolis) dont les travaux réalisés avec des laboratoires français (du CNRS, Centre national de la recherche scientifique, et de l'INRA, Institut français de la recherche agronomique), paraissent dans l'édition d'août de la revue spécialisée américaine Journal of Lipid Research.

Pour la démonstration, les chercheurs ont exposé quatre générations de souris à une alimentation de type occidental, reproduisant ce déséquilibre entre oméga-6 et 3.

En revanche, la proportion de lipides (35%) correspondait au pourcentage habituel d'énergie apporté par l'alimentation humaine, et était similaire aux dernières recommandations (35 à 40% pour 2000 Calories/jour) de l'Afssa (agence alimentaire française).

Résultat : la masse grasse des souris a augmenté progressivement sur plusieurs générations. De surcroît, sont apparus des troubles métaboliques comme l'insulino-résistance, première étape vers le développement de la forme de diabète la plus répandue dans le monde (type 2) ainsi que des phénomènes d'inflammation impliqués dans l'obésité.

Comment expliquer cette transmission de génération en génération ? "C'est probablement d'origine épigénétique : c'est-à-dire que le patrimoine génétique (génome), l'ADN des rongeurs n'a pas été modifié" mais le fonctionnement de certains gènes est changé. "Certains gènes sont régulés par l'alimentation".

Les omégas 6 et 3 sont des acides gras polyinsaturés indispensables à l'organisme humain incapable de les produire et qu'il doit trouver dans son alimentation.

Ces dernières décennies, l'obésité a régulièrement augmenté au fil des générations dans les pays développés ou en développement. Or dans le même temps, "la qualité, la nature des lipides a changé. Elle a été modifiée avec un accroissement des omégas 6 au détriment des omégas 3", remarque le chercheur.

Or, selon lui, l'excès d'oméga-6 est "une bombe à fabriquer de la masse adipeuse".

L'augmentation des omégas 6 dans l'alimentation - qui touche tous les pays développés - est liée à la chaîne alimentaire qui part des animaux de ferme.

"L'herbe est très riche en oméga 3, mais pour des raisons de productivité les animaux ont été nourris en étable avec des tourteaux de maïs, riche en oméga 6. Dès le départ il y a un enrichissement en oméga 6 qui se retrouve dans les viandes", commente le Pr Ailhaud.

"L'introduction d'un peu de tourteaux de lin dans l'alimention animale permet, dit-il, de rétablir l'équilibre oméga 6/oméga 3 dans les viandes et les laitages" d'où proviennent la moitié des lipides que nous consommons.

"Le rapport oméga 6/oméga 3 a triplé ou quadruplé en quarante ans". On a atteint 15 fois plus d'oméga-6 (au lieu de 5 oméga-6 pour 1 oméga-3). "Aux Etats-Unis, ce rapport peut même atteindre 41 et dans le lait de femme américaine, il est passé de 6 à 18 maintenant", ajoute Gérard Ailhaud.

Les omégas 3, bons pour le fonctionnement cérébral, sont présents dans les graines de lin, le colza et les poissons gras (saumon, sardine ou maquereau qui en sont très riches).

Pour leur part, les oméga-6 (acide linoléique) ont un effet bénéfique sur le cholestérol sanguin.

Les dernières recommandations françaises (Afssa) prônant un retour à l'équilibre "vont dans le bon sens", estime le chercheur.

Rédigé par Par Brigitte CASTELNAU le Vendredi 16 Juillet 2010 à 06:15 | Lu 260 fois