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Trois ans après le 13-Novembre, hommage national aux victimes à Paris et Saint-Denis


Paris, France | AFP | mardi 13/11/2018 - 0Un parcours funèbre jalonné de commémorations: trois ans après, un hommage national a été rendu mardi aux victimes des attaques du 13 novembre 2015 avec un cortège qui a relié, du Stade de France au Bataclan, les six lieux des attentats jihadistes les plus meurtriers commis en France.

Ce soir-là, neuf hommes avaient mené une série d'attaques aux abords du Stade de France de Saint-Denis et dans la capitale, sur des terrasses de restaurants et dans la salle de concerts du Bataclan, faisant 130 morts et plus de 350 blessés.
Ce parcours commémoratif a débuté au Stade de France, au nord de Paris, où trois premiers jihadistes s'étaient fait exploser, tuant une personne et faisant des dizaines de blessés.
En présence d'élus locaux et de victimes, le Premier ministre Edouard Philippe et le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, accompagnés notamment de la maire de Paris Anne Hidalgo, s'y sont recueillis avant de saluer la famille de Manuel Dias, unique tué de cette attaque initiale.
Sa fille Sophie en a profité pour dénoncer auprès du Premier ministre du "parcours du combattant" imposé par le fonds d'indemnisation des victimes (FGTI), a-t-elle indiqué à l'AFP. "Rien ne nous est épargné trois ans après. C'est lamentable", a-t-elle affirmé. 
Le cortège a ensuite rallié les terrasses des bars et restaurants parisiens visées par les fusillades, où 39 personnes ont trouvé la mort: le Carillon et le Petit Cambodge, la Bonne Bière, le Comptoir Voltaire et la Belle équipe.
Le parcours s'est achevé devant le Bataclan, la salle de concerts du XIe arrondissement emblématique de cette sanglante soirée.
Avant un dépôt de gerbes, les noms des "90 vies fauchées en ces lieux" ont été égrenés devant les nombreux membres du gouvernement (Philippe, Castaner, Belloubet, Griveaux...), policiers, secouristes, victimes, proches de victimes et plusieurs centaines d'anonymes rassemblés dans un silence pesant. 
A 12H30, les associations de victimes Life for Paris et 13onze15 devaient tenir une cérémonie commémorative devant la mairie du XIe arrondissement.
Pour la première fois, le président de la République n'assiste pas à ces cérémonies.
Cette journée se terminera par la remise officielle d'une "médaille nationale de reconnaissance aux victimes du terrorisme", reconnaissance créée en juillet 2016, à des victimes du 13-Novembre à l'hôtel Matignon. 

- Stress post-traumatique et dépression -

 
Trois ans après, le mois de novembre reste une période compliquée pour de nombreuses victimes et leurs proches. Si certains se terrent chez eux, d'autres fuient Paris et les cérémonies officielles. D'autres encore se font fort de célébrer la vie et se retrouvent dans un bar.
"La reconstruction, elle n'est pas terminée, on en a pour toute la vie", confiait en octobre à l'AFP Anne, 45 ans, (prénom modifié) qui était au Bataclan avec son compagnon.
"Vous ne vous en remettez jamais. C'est pas une longue maladie, même si la finalité est la même: l'absence de la personne aimée. Mais on l'a tué. C'est injuste", confie Aurore Bonnet, dont le mari Emmanuel a été tué au Bataclan.
Selon des enquêtes menées 6 et 18 mois après les faits auprès de 190 civils (otages, blessés, témoins, proches des victimes) et rendues publiques mardi, 18% de la population exposée aux attentats de janvier 2015 souffrait d'"état de stress post-traumatique" (ESPT) et 20% de troubles dépressifs ou anxieux.
53% d'entre eux ont reçu une aide psychologique dans les 48 heures, mais l'étude note "un défaut de prise en charge" et préconise, "dans la mesure où les troubles de santé mentale touchaient 40% des personnes impactées" d'étendre à tous l'aide psychologique.
Certaines victimes attendent désormais la tenue du procès, qui pourrait avoir lieu en 2020. Malgré l'absence probable des commanditaires, le box des accusés réunira des membres de la cellule qui ont participé à la préparation des attaques et l'unique membre des commandos encore en vie, Salah Abdeslam, actuellement détenu à Fleury-Mérogis.
Il avait déposé les trois kamikazes du Stade de France le soir des attaques avant d'abandonner une ceinture explosive, laissant penser qu'il devait lui aussi mener une attaque-suicide.

le Mardi 13 Novembre 2018 à 02:41 | Lu 141 fois