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Tri, compost, lessive maison: à Roubaix, objectif "Zéro déchet"


Andrée Nieuwjaer, dont la famille fait partie des 101 foyers ayant relevé le défi "Zéro déchet".
Andrée Nieuwjaer, dont la famille fait partie des 101 foyers ayant relevé le défi "Zéro déchet".

"Avec ce bidon de lessive faite maison, j'en ai pour 3 mois!", s'exclame toute fière Andrée Nieuwjaer, dont la famille fait partie des 101 foyers ayant relevé le défi "Zéro déchet" lancé depuis un an par la municipalité de Roubaix.

"Avant, j'achetais puis je jetais: il n'y avait jamais de restes à la maison, on gaspillait toujours. Aujourd'hui, je fais le tri et n'achète que ce dont j'ai besoin", explique cette dynamique et volubile pré-retraitée de 59 ans.

Une vraie révolution pour cette ancienne ouvrière du textile, son mari Guy, ex-métallurgiste, et leurs deux enfants de 18 et 34 ans qui, l'an dernier encore, offraient à leurs invités du café dans des gobelets en plastique assortis de serviettes en papier.

"Il faut y aller progressivement. D'abord avec le tri et le compost. Puis comme ça marchait bien, je me suis occupé du frigo et des armoires", raconte-t-elle en désignant sa poubelle à moitié vide: "dorénavant, une poubelle de non recyclable va nous durer 3 semaines, alors qu'avant nous en jetions 3 à 4 par semaine!".

Tous ses aliments sont désormais stockés dans des boîtes qui lui permettent de réduire les déchets et de connaître plus précisément la quantité restante. Andrée voudrait d'ailleurs en faire plus, mais elle regrette qu'il n'y ait pas de magasin de vrac à Roubaix.

Ses finances, en tout cas, s'en portent mieux: "j'avais du mal à finir le mois avec 500 euros, je ne dépense plus maintenant que 250 euros mensuellement pour notre consommation courante". Ces économies lui ont même permis d'ouvrir un livret A, "inimaginable il y a encore un an".

 

- Quatre fois moins de déchets -

 

Cette démarche dans une ville frappée par la désindustrialisation, se présentant comme pionnière en France, s'appuie notamment sur le mouvement porté par l'égérie du zéro déchet, la Franco-Américaine Béa Johnson.  Objectif principal: limiter le poids des poubelles en réduisant de moitié la production annuelle de déchets ménagers.

Une "vraie réussite", selon l'adjoint au maire en charge du développement durable Alexandre Garcin. Alors qu'en moyenne un Roubaisien produit annuellement 306 kilos de déchets ménagers, dont 243kg de déchets non recyclés, "il est quatre fois moins important chez les familles +zéro déchet+".

"Chaque déchet doit devenir une ressource et chaque ressource être réutilisée au mieux", avance l'élu qui se félicite de "ce vrai projet d'avenir censé créer une ville circulaire. En plus de l'aspect environnemental évident, cela répond à un vrai besoin de pouvoir d'achat sur un territoire où la population est souvent défavorisée".

En guise d'incitation, la mairie propose même le prêt de poules et de poulaillers équipés pour les habitations dotées de jardins, "car une poule c'est 100g de déchet alimentaire en moins dans une poubelle chaque jour". Elle offre aussi 150 euros de bons d'achat dans des commerces.

Dans la ville, des bacs à compost collectifs ont également vu le jour et un poste de maître composteur a été créé.

 

- Lourdeurs règlementaires -

 

Outre les familles, quatre écoles sont engagées dans la démarche depuis septembre, avec notamment la suppression des emballages des goûters et la mise en oeuvre automatique du tri. Une quinzaine de commerçants adhèrent aussi au programme.

Gérante du restaurant "Chez Charlotte", Charlotte de Beer, 50 ans, a ainsi signé une charte d'engagement prévoyant par exemple le recyclage des déchets, la suppression des sachets ou l'emploi de sacs réutilisables.

"C'est une habitude à prendre mais cela paraît tellement naturel. Réutiliser le pain séché pour en faire des croutons, cuisiner des +légumes moches+, supprimer mes sets de table ou proposer au client de ramener ses restes", explique la restauratrice.

Elle regrette cependant des lourdeurs règlementaires qui, pour des raisons sanitaires, empêchent la suppression de certains emballages de produits présentés aux clients comme le sucre ou le thé. "Mais on y viendra, c'est certain", professe-t-elle.


Rédigé par Avec AFP le Jeudi 3 Décembre 2015 à 04:51 | Lu 605 fois