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Traversée du 5 août : un défi pour sensibiliser au don d'organes


Comme elle l'affirme, Kailua profite de la vie au jour le jour.
Comme elle l'affirme, Kailua profite de la vie au jour le jour.
PAPEETE, 17 juillet 2017 - Rencontre avec Kailua. Greffée du rein, elle participera le 5 août prochain au défi Rame avec Alexandra, une traversée à la rame entre Tahiti et Moorea organisée dans le but de sensibiliser sur le don d'organes. Kailua nous explique à quel point la greffe a changé sa vie.

Lorsqu'elle évoque la greffe de rein qu'elle a subi il y a 17 ans, Kailua parle d'"une renaissance", "comme un retour à la vie normale". Une vie semée d'embûches puisqu'elle souffre d'un dysfonctionnement rénal depuis sa naissance. Avant la greffe, effectuée en 2000, son quotidien était rythmé par d'incessants problèmes médicaux. A l'âge de 30 ans, elle a voulu reprendre ses études mais la maladie, trop lourde au quotidien, ne lui a pas permis d'achever son projet. Il en fallait plus pour abattre ce caractère de battante, ce mental d'acier, cette boule d'énergie qui respire la vie et que rien ne semble pouvoir ébranler. Lorsque l'on vit en sursis, comme elle l'évoque : "la vie se présente au jour le jour et l'on relativise la notion de gravité". Et surtout, l'on "apprivoise la mort d'une autre manière". Pas un jour ne passe sans qu'elle pense à son donneur. Pas un seul.

Mère d'un jeune homme de 23 ans, Kailua est née à Tahiti. A l'âge de 6 mois, sa famille quitte la Polynésie pour la Nouvelle Calédonie, l'Australie, la Nouvelle Zélande pour finalement revenir s'installer à Tahiti. Elle arrête l'école tôt et passe 20 ans à la tête de la garderie que tenait sa mère. Elle s'est beaucoup battue pour que le don d'organes soit accessible sur le fenua : "il a été laborieux d'arriver là où nous en sommes aujourd'hui". Elle ajoute, "à l'époque, lorsque l'on devait subir une greffe, il fallait automatiquement aller en métropole. Il faut avoir conscience qu'il n'était alors pas facile pour des gens n'ayant jamais quitté leur île de faire le voyage. Beaucoup de gens sont morts car ils n'avaient pas la force d'entreprendre tout cela". Les dons d'organes sont maintenant possibles en Polynésie française. Et Kailua tient particulièrement à remercier Edouard Fritch "pour avoir réussi à imposer ce principe sur le territoire : la difficulté venait des milieux politiques et non pas de la population puisque la générosité réside dans la culture polynésienne". A propos de l'actuel Président du Pays, elle éprouve une vive reconnaissance : "Alors qu'il était Président de l'Assemblée, il a été l'un des seuls à taper du poing sur la table", se souvient-elle.

Un défi pour sensibiliser

Pour préparer la traversée à la rame du 5 août, Kailua s'est remise au sport, "je m'impose une discipline, 2 à 3 heures de sport par jour". Beaucoup de cardio surtout car "cela permet d'éliminer naturellement, ce qui impose moins de travail au greffon". Elle le dit au détour d'une phrase, "mon greffon commence à fatiguer, je vais devoir être regreffée". Pas de peur pour autant. Toujours ce sourire, cette énergie et l'envie "pour le défi, je vais tout donner car encore aujourd'hui, nous ne devons pas cesser de sensibiliser les gens aux dons d'organes, ne jamais rien considérer comme acquis".

Kailua insiste au passage sur la chance que nous procure notre système de santé actuel : "A la différence des Etats-Unis, nous sommes chanceux d'être égaux sur les soins et les suivis médicaux". Sa photo trône dans le service hospitalier où elle est suivie. Ils sont comme une deuxième famille tous ces soignant qu'elle "ne remerciera jamais assez". On la retrouvera le 5 août pour le défi Rame avec Alexandra. Et bien d'autres fois encore tant sa ténacité surpasse les vicissitudes imposées par l'existence.

> Lire aussi : Greffée des poumons, Alexandra veut promouvoir le don d'organes

Comment faire la traversée avec Alexandra ?

Pour faire la traversée avec Alexandra et Matthieu le 5 août, il suffit de s’inscrire en remplissant le formulaire disponible sur la page Facebook Rame avec Alexandra et sur www.capmararatahiti.com/rame-avec-alexandra.html.
Tous les rameurs inscrits pourront bénéficier de la prise en charge de la pirogue et du billet retour sur l’Aremiti. Une cotisation de 2500 francs sera demandée pour le lycra floqué de Rame avec Alexandra.
Il est possible de faire la traversée avec l'embarcation de votre choix V1, V2, V3, aviron, bateau à moteur, voilier…
Attention le nombre de places est limité à 100 embarcations.
Ceux qui voudront suivre la traversée sans s’inscrire devront faire le voyage de retour à leur frais.

Traversée du 5 août : un défi pour sensibiliser au don d'organes

Rédigé par Garance Colbert le Mardi 18 Juillet 2017 à 15:27 | Lu 3016 fois