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Top départ de la Fête de la science


Voyage dans le passé avec les archéologues du Cirap (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Voyage dans le passé avec les archéologues du Cirap (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 3 octobre 2025 – Le chapiteau de la présidence a fourmillé de curieux ce vendredi à l’occasion de l’ouverture de la Fête de la science. Une vingtaine de stands étaient animés par des scientifiques et des passionnés issus de différents services, instituts et associations. Les “intelligences” sont à l’honneur jusqu’au 17 octobre à travers plusieurs conférences, portes ouvertes et interventions pédagogiques à Tahiti et dans les îles.

 
Le public scolaire a afflué ce vendredi à la présidence pour l’inauguration de la Fête de la science, qui met cette année à l’honneur les “intelligences”. Plusieurs centaines d’élèves se sont succédé sur les 24 stands tenus par des scientifiques et des passionnés issus de différents services, instituts et associations réunis en “village”.
 
Certains étaient venus avec leur matériel de travail, comme Jean-Marc Carcy, en charge de la division commerce, communication et numérique à Météo-France, qui informe quotidiennement la population, le Pays et l’État. “Nous avons plusieurs modèles de capteurs répartis un peu partout en Polynésie qui nous permettent d’observer en direct les conditions depuis notre centre d’opération de Faa’a. On a aussi six bateaux de commerce qui sont équipés pour nous permettre d’avoir des points de mesure sur l’océan, complétés par des images satellites et bientôt par un écho-radar qui devrait être implanté à Moorea. On en profite pour rappeler que les événements météo peuvent être dangereux et que, sans dramatiser, il faut faire attention aux vigilances”, souligne l’intervenant.


​Arbres et archéologie


Après avoir frôlé l’atmosphère, les visiteurs sont redescendus sur terre avec Gnahina Moua, médiatrice scientifique et guide naturaliste chez Aoa, qui a présenté l’intelligence des arbres en lien direct avec le thème de cette édition : “Ce n’est pas parce qu’on n’a pas de cerveau qu’on n’est pas capable de résoudre des problèmes. Les arbres ne peuvent pas bouger, donc ils ont mis au point des techniques de dissémination des graines. Nous avons apporté plusieurs exemples pour permettre aux enfants de visualiser celles qui sont expulsées, qui volent, qui flottent, qui voyagent grâce aux oiseaux, etc. Ça nous permet de sensibiliser le grand public à l’importance de la protection de nos forêts.”
 
Les trésors de la terre sont aussi les objets d’étude des archéologues, qui ont fait voyager les élèves dans le temps avec des vestiges du XVe siècle en provenance de Ua Huka, aux Marquises. “On présente une partie de notre travail sur la relation des anciens Polynésiens à leur environnement. On a rapporté nos outils pour expliquer en quoi consiste une fouille archéologique et tout le matériel qu’on sort de terre et des sédiments : des ossements de poissons, des coquillages, des fragments de charbon ou de tortues qui nous renseignent sur les pratiques de l’époque”, explique Guillaume Molle, professeur d’archéologie à l’Université de la Polynésie française (UPF) et directeur du Centre international de recherche archéologique sur la Polynésie (Cirap).


​Immersion réussie


Les visiteurs ont aussi plongé dans les mystères de l’océan. Photos, maquettes, échantillons, loupes, microscope, les intervenants avaient mis les moyens pour que les échanges soient les plus concrets possibles pour les enfants et les adolescents. “On leur parle de l’intelligence de la nature. Le récif peut changer de squelette corallien en fonction des zones où il vit. Il y a aussi des partenariats entre les espèces, comme certains petits crabes et poissons qui vivent dans le corail. On termine par un jeu comme un puzzle qui leur permet de visualiser les différentes interactions et la chaîne trophique sur le récif”, indique Laetitia Hédouin, directrice de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et présidente de la fondation Science4Reefs.
 
Les scientifiques de demain étaient à l’honneur. La classe des Moana Ambassadors du lycée Diadème est intervenue sur son projet d’étude de l’an dernier : les requins. “Notre message, c’est que le requin a une place importante dans l’océan où il fait partie de la chaîne alimentaire. S’il disparaissait, ça bouleverserait l’écosystème. C’est un sujet passionnant : on a appris énormément de choses sur cet un animal mal connu, qui peut faire peur”, remarquent Lévy et Arevareva, élèves de première.
 
Un stand était consacré à l’intelligence artificielle, en plein développement ces dernières années. Pour Sébastien Christian, doctorant à la Maison des sciences de l’Homme du Pacifique (MSHP), il s’agissait de rappeler le potentiel de l’IA, sans oublier la prévention : “Ils repartent avec trois conseils importants : connaître ses droits par rapport à l’intelligence artificielle, toujours se poser la question de savoir si un contenu est vrai avant de le partager, et bien choisir son orientation face à l’évolution rapide de certains métiers”.

Taivini Teai, ministre en charge de la recherche : “S’ouvrir au public et à la société”

“En tant que ministre et universitaire, je suis ému de voir que la transmission du savoir se perpétue avec tous ces jeunes qui profitent des ateliers, aussi parce que j’ai été coordinateur de plusieurs éditions avec le Dr Raymond Bagnis et l’association Proscience dans une optique de partage et de promotion de la recherche. Je félicite l’équipe de l’université d’avoir repris le flambeau de l’organisation de la Fête de la science dans le cadre du programme Nārama pour mettre en place une science collaborative et participative. Ce qui se passe dans les laboratoires est issu des préoccupations de la vie quotidienne. C’est important de s’ouvrir au public et à la société, d’où les déplacements prévus dans les archipels sans se limiter à Tahiti et Moorea.” 

​Plus d’infos

La Fête de la science se poursuit jusqu’au 17 octobre avec des conférences à l’Université de la Polynésie française (UPF), des journées portes ouvertes dans plusieurs instituts de recherche et des interventions pédagogiques dans les cinq archipels. Retrouvez le programme complet via la page Facebook Fête de la science en Polynésie française.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Vendredi 3 Octobre 2025 à 16:11 | Lu 1286 fois