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Tennis - Championnat de Polynésie : Heve Kelley " plafonne " à Tahiti

Heve Kelley, 21 ans, a obtenu ce week end son quatrième titre de champion de Polynésie d'affilée face à Landry Leetham (6/1, 6/7, 6/2). Le jeune sportif de Moorea avait intégré en 2015 un sport études en Nouvelle Zélande mais il est désormais revenu. Il fait partie des meilleurs joueurs du Pacifique et il a participé récemment à la Coupe Davis mais pour continuer à progresser, il manque de moyens. Nous avons pu faire un bilan de la situation avec son père Hiro Kelley, ancien champion de tennis.


Tennis - Championnat de Polynésie : Heve Kelley " plafonne " à Tahiti
Parole à Hiro Kelley :
 
Heve a participé à la prestigieuse Coupe Davis ?
 
« Oui, Heve a été invité en mars dernier pour la quatrième fois par la fédération du tennis océanien (OTF), qui sélectionne les meilleurs joueurs de la région Océanie, pour participer à la Coupe Davis au Vietnam. Il a joué en division trois avec des Pays comme la Jordanie, l'Irak et l'Iran. Pour un enfant issu de la vallée de Papetoai, vivre ces expériences à l'étranger, c'est extraordinaire. Quel joueur de tennis ne rêverait pas de participer à une telle aventure ? »
 
« A mon époque, dans les années 90, jamais on aurait imaginé avoir des jeunes qui jouent en Coupe Davis. On peut remercier Napoléon Sptiz, ministre des sports des années 80, d'être passé de la ligue française de tennis à la fédération tahitienne. Il a été largement critiqué parce qu'on a perdu les budgets de la France mais aujourd'hui on a des joueurs polynésiens qui représentent le drapeau de notre Pays. En passant par la France, jamais on aurait pu y participer, connaissant le niveau de la métropole dans ce sport. »
 
Il manque de concurrence au niveau local ?
 
« Le problème pour un joueur comme lui, c'est qu'il plafonne en Polynésie. Donc à la longue, son niveau baisse forcément. Il a beau se maintenir physiquement et faire ses gammes, il ne sera pas tiré vers le haut puisqu'il est le « haut ». Il y a donc un manque de compétitions et une obligation d'aller à l'étranger pour progresser dans sa discipline sportive. Heve souffre de ne pas pouvoir élever son niveau en raison de la taille de notre pays. En première série, ils sont une dizaine et il vient d'être champion de Polynésie pour la quatrième fois d'affilée. Il ne pourra progresser qu'ailleurs et cela a un coût. »
 
Le soutien d'Air Tahiti Nui ne suffit pas ?
 
« Il a un super appui en tant qu'ambassadeur d'Air Tahiti Nui comme d'autres athlètes qui ont la gratuité des billets pour représenter la Polynésie à l'extérieur, il a Olympian's pour son matériel de sport - raquettes et chaussures -, il a Vodafone qui lui permet d'appeler où il veut quand il veut. C'est super, mais ce n'est pas ça qui va le faire rentrer dans une université aux US qui coutera des millions par an. Les fédérations de Polynésie n'ont pas les moyens pour ça. Au niveau sponsors privés, c'est pas évident, il faut des millions pour jouer à l'étranger. »
 
Un message, un appel ?
 
« Les messages ont déjà été lancés. On est dans un système où il n'y pas d'investissement dans l'élite, peu importe le sport, c'est chacun pour soi. Les familles qui ont les moyens investissent. On est peut être trop petits, finalement, pour pouvoir réussi dans le sport de haut niveau mondial. Mais j'aimerais bien malgré tout m'assoir un jour avec un ministre des sports pour voir quels sont nos réels objectifs en terme de sport de haut niveau. On sait très bien que la culture et le sport sont les dernières roues du carrosse dans les attributions budgétaires. Le montant des aides est totalement insuffisant. C'est dommage, car le sport touche plusieurs secteurs de la société, la promotion touristique, l'environnement, la santé...Il lutte contre l'alcool et le paka…et le haut niveau c’est la locomotive…» Propos recueillis par SB

Rédigé par SB le Mercredi 16 Mai 2018 à 16:18 | Lu 1390 fois