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Témoignage d'un confiné des îles à Tahiti


Les confinés de îles bloqués à Tahiti commencent à trouver le temps long. “Il faudra bien que l'on rentre un jour nous aussi parce que le virus ne va pas disparaître”, confie Enrik.
Les confinés de îles bloqués à Tahiti commencent à trouver le temps long. “Il faudra bien que l'on rentre un jour nous aussi parce que le virus ne va pas disparaître”, confie Enrik.
Tahiti, le 16 avril 2020 - Une trentaine de personnes, originaires des îles, ont été transféré de la résidence de l'université vers un hôtel pour poursuivre leur confinement qui dure maintenant depuis près d'un mois. Tous souhaitent pouvoir regagner leur île d'origine. Mais les autorités de l'Etat et du Pays n'ont toujours pas répondu favorablement à leur demande. Enrik témoigne de son ras-le-bol. 

Vous souhaitiez resté confiné à l'université avant que l'on vous transfert dans un hôtel ?


“Oui, on se sentait plus en sécurité à l'université. C'était une quarantaine très bien contrôlée. Personne n'avait le droit de sortir, ni de rentrer. On était bien isolé des uns des autres. On ne voulait pas bouger. Mais ils ne nous ont pas laissé le choix, et on a été déplacé dans un hôtel. C'est très bien mais on est exposé à beaucoup plus de risques ici. Tout le monde est libre d'entrer et de sortir comme il veut. On est tous mélangé. On ne veut pas attraper le virus pour avoir une chance de pouvoir rentrer dans nos îles.”

Depuis votre mise en quarantaine, est-ce-que vous avez été testé ? 

“On n'a jamais été testé. On ne demande que ça. On espère que cela arrivera un jour ou l'autre. Et si on rentre dans nos îles, on est prêt à se confiner sur place. On est tous des personnes responsables. J'ai une femme qui est enceinte de huit mois, et la dernière chose que je veux, c'est qu'elle attrape le virus.” 

"On est exposé à beaucoup plus de risques à l'hôtel"

Vous avez été en contact avec vos tāvana ? 

“On fait tout ce que l'on peut pour contacter ceux que l'on connait. C'est difficile d'avoir des informations parce qu'on n'est pas forcément tenu au courant ici à l'hôtel. Tout ce qu'on nous dit c'est que les choses sont en cours. A chaque fois que l'on réussit à avoir quelqu'un, ce n'est jamais la bonne personne. On essaye de contacter les cellules de crise, le haut-commissariat, les tāvana. On comprend que cela n'est pas facile. Mais on a l'impression qu'ils jouent la montre. Mais d'après nos contacts, des personnes sont arrivées ces derniers jours dans les îles. Il faudra bien que l'on rentre un jour nous aussi parce que le virus ne va pas disparaître. On leur demande de réfléchir à une solution pour nous ramener chez nous.” 

Est-ce qu'il y a des tensions entre les confinés ? 

"Oui, la tension monte un peu plus tous les jours. C'est de moins en moins agréable d'être ici malheureusement.”

Vous êtes combien actuellement à être confinés dans cet hôtel ? 

“Je ne sais pas exactement. Il y a des gens qui arrivent tous les jours. Mercredi dix personnes sont arrivées on ne sait pas d'où. Je crois que nous sommes une trentaine à l'hôtel. D'autres sont aussi à l'extérieur. On n'est pas si nombreux que ça à vouloir regagner nos foyers dans les îles.”

Est-ce-que vous avez des visites de la cellule de crise de la santé ? 

“Ils viennent très peu. Ils sont venus mardi je crois et cela faisait une semaine qu'ils n'étaient pas venus. Mais c'est toujours pour nous dire la même chose. Ils n'ont pas forcément beaucoup de réponses pour nous. On aimerait avoir des masques pour se protéger.”

Quel est votre message aux autorités de l'Etat et du Pays ? 

“Comme je l'ai dit, on leur demande de trouver une solution, ce n'est pas difficile de la trouver. Il faut s'y mettre et voir quelles sont les options. On demande à être testé, et qu'on nous ramène par avion ou par bateau chez nous. Mais que cela bouge. C'est difficile de ne rien savoir et de ne pas avoir de date. Cela va conduire à des mauvaises actions. On sait que notre prise en charge à l'hôtel coûte cher. C'est de l'argent que l'on pourrait mettre ailleurs.”
 
Confinés depuis plus de 30 jours, les habitants des iles n'ont toujours pas été testés. Ils demandent à l'etre et demandent aussi à rentrer chez eux. #coronavirus.
Publiée par Tahiti Infos sur Jeudi 16 avril 2020

Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Jeudi 16 Avril 2020 à 17:55 | Lu 2963 fois