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Temaru assure que la décolonisation de la Polynésie sera discutée à l'ONU


Entretien  avec Oscar Fernandez-Taranco, secrétaire général adjoint de l’ONU
Entretien avec Oscar Fernandez-Taranco, secrétaire général adjoint de l’ONU
AUCKLAND, 6 septembre 2011 (AFP) - Le président de la Polynésie française Oscar Temaru a assuré a l'AFP, mardi à Auckland, qu'il avait désormais la certitude que "la réinscription de la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser (serait) bientôt discutée à l'ONU".

Au premier jour du 42e Forum du Pacifique, qui regroupe en Nouvelle-Zélande seize pays et territoires de la région, il a affirmé avoir le soutien de quatorze d'entre eux.

Les deux plus grandes puissances de la région, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, sont plus réservées, mais Oscar Temaru a estimé que la position néo-zélandaise "avait évolué" après ses rencontres avec le premier ministre John Key et le ministre des affaires étrangères Murray Mc Cully.

Selon le sénateur indépendantiste (apparenté PS) Richard Tuheiava, la demande de réinscription est "acquise", et les principaux leaders indépendantistes polynésiens préparent déjà leur déplacement à New York pour convaincre les pays membres de l'Onu de les soutenir.

"Il suffit qu'un seul pays membre propose cette question à l'ordre du jour pour qu'elle soit abordée, et trois sont déjà prêts à le faire", a affirmé M. Temaru.

Ce dernier a durci le ton face à la France, dont le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé doit participer au Forum du Pacifique.

"Je ne comprends pas cette attitude de la France qui dit qu'il n'y a plus de colonies. On l'a fait pour la Nouvelle-Calédonie, pourquoi pas pour nous ?", a-t-il déclaré à l'AFP.

La ministre de l'Outre-mer Marie-Luce Penchard a rappelé que la Polynésie était "à ce jour le territoire le plus autonome de la République", tandis que l'ancien président de la Polynésie Gaston Tong Sang a fustigé la démarche de son successeur, y voyant "une manoeuvre politicienne pour détourner l'attention et pour ne pas avouer son incapacité à gérer le pays et à le sortir de la crise économique et sociale".

La réinscription ne débouche pas forcement sur l'indépendance, selon le sénateur Tuheiava, mais peut permettre une évolution statutaire.

La présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon et du président de la Commission européenne José Manuel Barroso confèrent cette année une nouvelle dimension au Forum du Pacifique.

Le Forum est aussi divisé autour de la question fidjienne : plusieurs petits pays de la zone souhaitent le retour en grâce de Fidji, écartée à la suite du coup d'Etat qui avait porté Frank Bainimarama au pouvoir en 2006.

ml/sla/so

Rédigé par AFP le Mardi 6 Septembre 2011 à 05:41 | Lu 2092 fois