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Téléphonie: Bouygues prêt à céder son réseau mobile à Free pour permettre son union avec SFR


PARIS, 9 mars 2014 (AFP) - Bouygues Telecom a annoncé dimanche être prêt à céder son réseau d'antennes et des fréquences de téléphonie mobile à son concurrent Free (Iliad), afin de faciliter son mariage avec SFR, ce qui recomposerait complètement le secteur en France et inquiète déjà les consommateurs.

Deuxième acteur de la téléphonie en France, SFR est à vendre et sa maison mère Vivendi a annoncé que deux groupes étaient candidats au rachat, Numericable et Bouygues.

Si Numericable s'est lancé en tête, Bouygues a frappé un grand coup dimanche en annonçant être entré "en négociations exclusives pour céder à Free, pour un montant pouvant aller jusqu'à 1,8 milliard d'euros, l'intégralité de (son) réseau mobile"

Cet accord, qui porte sur "15.000 antennes et un portefeuille de fréquences, dont une partie pour la 4G", est conditionné au fait que Bouygues achète SFR, a précisé le PDG de Bouygues Telecom, Olivier Roussat, au Journal du Dimanche.

Bouygues espère ainsi, de son propre aveu, lever "la principale incertitude qui pesait" sur son projet de rachat de SFR au regard de l'Autorité de la concurrence, en devançant une probable exigence. Car l'ensemble combiné SFR-Bouygues représenterait la moitié du marché mobile en France.

Bouygues et Free se sont mis d'accord dans la nuit de vendredi à samedi, après seulement trois jours de négociations. Une décision de bon sens, selon Free.

- Un réseau en propre pour Free -

Cette fusion et cet accord rebattraient les cartes dans un secteur que se partagent quatre acteurs. Bouygues et Orange seraient au coude-à-coude. Aujourd'hui, Orange a 27 millions de clients mobiles, SFR en a 21,3 millions, Bouygues Telecom 11,1 millions et Free près de 7,5 millions.

Free Mobile, dépendant d'un accord d'itinérance avec Orange, voit une belle opportunité de renforcer ses infrastructures et remplir ainsi ses engagements à se doter de son propre réseau. "Pour nous, l'avantage c'est de rapprocher le jour de notre indépendance", a dit à l'AFP Maxime Lombardini, directeur général de Free.

Grâce à cet accord, "on se retrouve avec un réseau de 15.000 points hauts efficaces avec les fréquences adéquates pour faire des offres de qualité à un prix attractif", a-t-il souligné.

Plus gros opérateurs français, Orange, favorable de longue date à une consolidation du secteur, accueille également "positivement" ces annonces. Il espère "une égalisation des conditions de concurrence, et notamment la nécessité pour tous de financer de investissements, qui permet d'espérer une plus grande rationalité du marché", a indiqué un porte-parole à l'AFP.

Si tout se passe bien, les migrations de réseau et d'abonnés entre Bouygues, SFR et Free devraient se dérouler "au cours de 2015".

Concernant la vente de SFR, Vivendi a assuré dimanche n'avoir aucune préférence à ce jour entre les offres de prise de contrôle majoritaire déposées par Bouygues et Numericable: le conseil de surveillance de Vivendi et son président Jean-René Fourtou "sont totalement neutres, aujourd'hui il n'y a pas de préférence", a déclaré un porte-parole du groupe à l'AFP.

- Pas de préférence de Bercy -

Interrogé dimanche soir sur BFMTV, le ministre de l'Economie Pierre Moscovici n'a pas non plus montré de préférence, expliquant que pour le gouvernement les trois critères du rachat de SFR doivent être l'emploi, l'investissement et le consommateur.

Pour sa part, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg s'est montré favorable à un rachat par Bouygues estimant, dans une interview au Parisien/Aujourd'hui en France, qu'il vallait mieux avoir trois opérateurs au lieu de quatre sur le marché français. Ceci pour renforcer un secteur qui a souffert et qui est confronté à une concurrence mondiale forte.

Un retour à trois opérateurs inquiète en revanche les associations de consommateurs qui rappellent qu'en 2012 l'arrivée de Free, en tant que quatrième opérateur, avait permis la baisse des prix.

Le ministre de la Consommation Benoît Hamon a également souhaité que les conditions de rachat de SFR garantissent le maintien de "tarifs attractifs" pour les consommateurs, rappelant qu'avant l'arrivée du 4è opérateur, les branches téléphonie mobile étaient "de véritables machines à cash pour leurs maisons-mères sans que les bénéfices dégagés n'aillent forcément à l'investissement".

Enfin, en termes d'emploi, M. Roussat assure que l'accord Bouygues-Free "permet aussi de garantir l'emploi de l'ensemble de la filière télécoms en France".

M. Roussat a également confirmé que son "projet de fusion avec SFR ne provoquera aucun départ". Au contraire, la fusion permettra d'investir dans les réseaux internet et mobile et "créera de l'emploi. C'est le nerf de la guerre".

Les syndicats CFTC et FO de Bouygues Telecom, interrogés par l'AFP sur cet accord, ont indiqué ne pas être inquiets de répercussions sur l'emploi. Idem chez Free, où la CFTC, majoritaire, est "plutôt rassurée".

Rédigé par () le Dimanche 9 Mars 2014 à 10:34 | Lu 338 fois