Tahiti Infos

Téléphones « scellés » : Les méthodes commerciales de Digicel font polémique à Fidji

SUVA, vendredi 22 octobre 2010 (Flash d'Océanie) – Les nouvelles méthodes commerciales récemment introduite sur le marché fidjien par la société de téléphonie mobile Digicel consistant à sceller les téléphones mobiles pour empêcher d’y introduire une nouvelle carte SIM, ont suscité de vives réactions dans l’archipel.


Téléphones « scellés » : Les méthodes commerciales de Digicel font polémique à Fidji
Réagissant à de nombreuses plaintes émanant de consommateurs ayant acheté ce nouveau genre de produits, le conseil des consommateurs fidjiens (CCF, Consumer Council of Fiji) a rapidement estimé que ce genre de pratique pouvant tout aussi rapidement être taxée d’ « illégale ».
Premila Kumar, directrice du CCF, a rapidement conclu que ce genre de produits à usage restreint privait le consommateur de sa liberté de choisir la meilleure offre de réseau (y compris celle de la concurrence, en l’occurrence Vodafone) en introduisant la carte SIM de son choix.
Digicel vient de fêter ses deux années d’implantation sur le marché fidjien, sur fonds de guerre commerciale sans merci avec les concurrents, dont l’opérateur « historique », Vodafone.
La directrice du CCF a par ailleurs rappelé une décision de justice datant de 2009 : le plaignant était alors Digicel, qui tentait de faire cesser le fait que sur les appareils vendus par ses concurrents, il était tout à fait possible de changer la carte à puce et donc le réseau.
« Et comme ils n’ont pas pu obtenir cela, maintenant ce qu’ils ont fait, c’est de sceller le dos de leurs appareils avec de la super-glu (…) Parce qu’ils n’ont pas eu gain de cause devant la justice », estime Mme Kumar, qui rappelle par ailleurs qu’une fois acheté, tout appareil devient la propriété du consommateur.
« Et le fait que Digicel affirme qu’il prend bien le soin d’avertir ses consommateurs sur ces restrictions avant qu’ils n’achètent l’appareil ne change rien à l’affaire », insiste-t-elle au cours d’une interview accordée vendredi au quotidien Fiji Times.
Cette société, qui s’est rapidement implantée, ces cinq dernières années, dans une demi-douzaine d’États insulaires du Pacifique (Fidji, Papouasie-Nouvelle-Guinée, Vanuatu, Samoa, Tonga et Nauru), recherche depuis 2009 une ouverture de marché sur la Polynésie française.
Elle a par ailleurs annoncé mi-octobre 2010 un nouveau réseau 3G à Nauru.
Fin septembre, à Vanuatu, de nouvelles antennes-relais ont été inaugurées sur des îles particulièrement isolées de l’archipel, celles de Vanua Lava et de Gaua (extrême Nord).

Des hauts… et des bas…

Par contre, toujours dans le cadre de sa politique agressive d’expansion régionale à travers l’Océanie, la société de téléphonie mobile a été confrontée à des frictions avec le monde coutumier de Vanuatu : les chefs de l’île de Pentecôte ont exprimé leur vive opposition à l’implantation de tours-relais et sont même allés jusqu’à exiger le paiement d’une amende traditionnelle de dix dents de cochons.
Dans la coutume de l’archipel de Vanuatu, la dent de cochon est l’un des symboles-clé et en fonction de sa courbure, sa valeur peut atteindre des sommes considérables.
Une amende de dix dents de cochons est considérée par conséquent comme particulièrement élevée.
Sur cette île du Nord-est de Vanuatu, les chefs coutumiers locaux avaient par ailleurs obtenu de la justice que la société démonte la tour qu’elle avait érigé sur un site qu’ils considèrent comme historique et culturel, au village de Langare.
La société a été priée de réinstaller son matériel à un autre endroit.
Elle a alors rapidement indiqué son intention de s’exécuter et, en plus du démantèlement de sa tour, de replanter les arbres alentours et de faire installer un panneau informant les visiteurs au sujet des richesses culturelles du site de Langare.
Sur cette île, les tours les plus célèbres sont aussi une attraction majeure de l’archipel, sur Pentecôte, à l’occasion des cérémonies du Saut du Gol (Nagol).

Tours relais contre tours du Saut du Gol

Ce rituel implique qu’un jeune homme, dans certains cas (pour les étages les mois élevés) un enfant ou un adolescent, dans le cadre d’un rite coutumier initiatique, se jette dans le vide d’une plateforme du haut d’une tour faite de branches, avec pour seul amortisseur des lianes attachées aux chevilles et soigneusement mesurées pour stopper la chute à quelques centimètres du sol.
Ces cérémonies sont considérées comme uniques au monde et, pour certains, comme ayant aussi inspiré les inventeurs, des siècles plus tard, du saut à l’élastique.
Dans la capitale fidjienne Suva, mi-août 2010, dans le cadre d’une autre affaire d’implantation de tour-relais dans une zone résidentielle et près d’un parc, un tribunal a déjà débouté Digicel en appel et a maintenu l’ordre de démonter cette tour de vingt cinq mètres de haut, érigée en 2008 et de payer les frais de procédure de l’ordre de deux mille cinq cent euros.
Digicel, qui poursuit sa progression dans le Pacifique depuis cinq ans, a par ailleurs annoncé courant août 2010 l’ouverture prochaine dans les environs de Brisbane (État australien du Queensland, Nord-est du pays) d’un centre régional assorti d’une station terrienne satellite dédiés au Pacifique.

pad

Rédigé par PaD le Jeudi 21 Octobre 2010 à 18:53 | Lu 840 fois