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Tchen Tahnee du groupe facebook "Paruru ia Moorea" assignée devant la justice


Moorea, le 14 juillet 2021 - Le groupe Facebook Paruru ia Moorea, regroupant un collectif d’associations et d’habitants de l’île sœur, risque d’être clos prochainement pour avoir publié des commentaires jugés mensongers envers le promoteur d’un projet à Tiahura. L’administratrice vient en effet d’être assignée en justice avec comme sanctions possibles, outre la fermeture du groupe, des amendes financières.

Ce groupe Facebook sera peut-être amené à fermer la semaine prochaine. L’administratrice Tchen Tahnee a été assignée en justice au tribunal de première instance par Franck Zermati, le promoteur d’un projet de construction à Tiahura. Ce dernier lui reproche notamment d’avoir soutenu Patrick Roller, assigné lui aussi en justice lundi prochain, accusé d’avoir tenu des propos jugés “calomnieux et mensongers” à l’égard du promoteur. Il est ordonné à l’administratrice la “fermeture immédiate de ce compte Facebook Paruru ia Moorea sans délai et ce sous astreinte de 500 000 Fcfp par jour de retard”. De même, il est “interdit à monsieur Patrick Roller et Mme Tchen Tahnee ainsi qu’à toute autre personne morale et physique qu’ils mandateraient directement ou indirectement pour ouvrir un quelconque autre compte Facebook ou tout autre réseau social sur le sujet de ce projet du domaine Tiahura à Moorea et/ou visant Mr Zermati et/ou son conseil sous astreinte de 200 000 Fcfp par jour de retard”. L’assignation vise également à “condamner solidairement Monsieur Patrick Roller et Mme Tchen Tahnee à payer à Mr Franck Zermati la somme de 1 million de Fcfp à titre de provision sur le préjudice d’ores et déjà subi par ce type de procédé et à 250 000 Fcfp au titre de l’article 407 du code procédure civile de la Polynésie française et aux entiers dépens”. La nouvelle a évidemment créé de l’incompréhension et de l’étonnement auprès des membres du groupe Paruru ia Moorea.

Une réunion au kaveka

Une réunion s'est tenue mardi soir à l’hôtel Kaveka durant laquelle une vingtaine de membres du collectif sont venus soutenir Tchen Tahnee en vue de son audition au tribunal lundi prochain. Beaucoup ont notamment constaté l’écart “démesuré” entre les propos tenus par Patrick Roller et les sanctions possibles. “Je trouve qu’infliger une amende de 1 million pour un commentaire sur Facebook est démesuré. Les promoteurs voient bien que la population n’est pas d’accord quant au lancement de leurs grands projets. Cette assignation est injuste. C’est une manœuvre pour essayer de nous intimider et de faire en sorte que leurs projets passent” a réagi Temoana Poole, un des membres du groupe Paruru ia Moorea avant d’ajouter que “cette page Facebook a été créée pour informer tout le monde de ce qui se passe dans notre île, à savoir que ce sont des projets démesurés dans lesquels ils doivent déblayer et remblayer des montagnes. C’est une page dans laquelle on peut échanger sur ce qu’on peut faire pour protéger nos ressources à Moorea”. Un sentiment également partagé par Hinano Murphy, autre membre du groupe. “En tant qu’administrateur, c’est sûr qu’on n’a pas le droit à ce niveau-là de porter des propos injurieux contre des personnes. L’administrateur doit pouvoir un peu trier tout ce qui peut venir sur Facebook. Mais au-delà de ça, je ne vois pas pourquoi on peut fermer un groupe Facebook lorsque des gens manifestent leur adhésion pour soutenir une cause”, explique-t-elle.

Personnalité très connue dans la culture polynésienne, cette dernière souhaite que plus de monde se mobilise pour soutenir Tchen Tahnee et que la jeune génération se lève pour la préservation de l’île de Moorea. “C’est le moment de soutenir cette jeunesse qui monte. Il faut qu’elle sache qu’on est derrière eux et qu’on est porteur. Quand on parle de protéger Moorea de tous ces investisseurs qui viennent d’ailleurs, on se pose la question de savoir pourquoi il faut absolument vendre nos terres. Pourquoi il faut absolument donner le droit à ces investisseurs de venir se faire de l’argent dessus. Il y a peut-être certaines mesures à mettre en place. Il est temps que le Pays puisse prendre des décisions par rapport à cela” ajoute-t-elle avant de se demander : “Que vont devenir nos enfants demain ? Seront-ils capables de pouvoir s’acheter des immeubles ou des maisons telles qu’ils seront présentés ?

Rédigé par Toatane Rurua le Mercredi 14 Juillet 2021 à 19:01 | Lu 23433 fois