"C'est sûr que je prends des risques". Face au comportement jugé "méprisant" du vice-recteur, qui refuse de revenir sur sa décision d'affecter 22 professeurs stagiaires en métropole, le ministre de l'éducation Tauhiti Nena a pris une décision radicale. Il a annoncé vendredi matin qu'il s'apprêtait à affecter la totalité des 42 professeurs stagiaires en Polynésie française. Un choix risqué pour le ministre, qui empiète là sur les fonctions du vice-recteur et du ministère de l'éducation nationale, qui a validé ces affectations. "C'est M. Cirioni qui a outrepassé ses fonctions en mettant en place des critères de sélection arbitraires" réplique Tauhiti Nena.
Le ministre a donc fait appel à l'inspecteur responsable de la formation des stagiaires en Polynésie, Eric Lavis, un fonctionnaire d'Etat détaché auprès de la direction des enseignements secondaires, pour trouver une place en Polynésie à chacun de ces stagiaires. Selon M. Lavis, une liste des postes disponibles pour ces professeurs stagiaires avait déjà été transmise au vice-recteur, à sa demande, à la mi-juillet: elle indiquait qu'il y avait de la place pour "la quasi -totalité" des 42 professeurs stagiaires. "Une ou deux disciplines manquent de postes" reconnaît toutefois M. Lavis.
Ces 42 professeurs devraient connaître leur affectation d'ici lundi. "Nous pouvons ici sur le territoire rendre de très grands services aux stagiaires. C'est exagéré de dire qu'ils ne pourront pas bénéficier d'une bonne formation en Polynésie française", explique l'inspecteur. Quant au ministre Tauhiti Nena, il affirme qu'il assumera les conséquences de ses actes, y compris devant les tribunaux. "Le représentant de l'Etat en Polynésie c'est le Haut-commissaire. Donc si j'outrepasse mes droits c'est à lui de porter l'affaire devant le tribunal."
Mis à jour le 05/08/11 à 13H30 : courrier du médiateur académique pour les collectivités d'Outremer
Sollicité par le collectif des professeurs stagiaires, le médiateur académique conseille à ceux qui "contestent légitimement la décision prise à leur égard de leur faire suivre leur formation en métropole" d'introduire le plus rapidement possible un recours contentieux ainsi qu'un "référé administratif" fondé sur l'urgence, auprès du tribunal administratif de Papeete contre la décision du Vice Recteur.
INTERVIEW DU MINISTRE DE L'EDUCATION, TAUHITI NENA
Tahiti Infos : Que pensez-vous du combat de ces 42 professeurs stagiaires ?
Tauhiti Nena : Déjà je les félicite pour leur courage, car ils dénoncent à l'unanimité le comportement méprisant du vice-recteur. En ce qui me concerne, j'ai contacté M. Cirioni la semaine dernière pour qu'il revienne sur sa décision. Il a décidé de mettre en place des critères pour l'affectation de ces stagiaires que je trouve aléatoires. Certains répondent à ces critères (avoir des enfants et/ou présence d'un inspecteur académique ndrl) et ne sont pas retenus. Je trouve qu'il prend la Polynésie pour un centre d'expérimentation, ça a été le cas lors des essais nucléaires, et manifestement, ça continue.
Il faut aussi savoir qu'en Nouvelle-Calédonie, comme je l'ai appris hier, tous les stagiaires resteront là-bas. Or en Calédonie il manque des inspecteurs académiques dans trois disciplines, et ils feront appel aux inspecteurs de Polynésie ! donc on pourrait travailler ensemble. Il y a des possibilités, donc je pense que c'est de la mauvaise foi du vice-recteur.
Pour l'année 2010/2011, sur les 35 stagiaires, 32 ont été reçus, donc c'est pour vous dire qu'il y a eu un très bon accompagnement de ces stagiaires. Si ces critères étaient valables sur toute la France, on pourrait les comprendre. Mais là c'est uniquement la Polynésie, c'est uniquement M. Cirioni, qui décide de les mettre en place.Le président du pays a adressé au Haut-commissaire un courrier pour dire qu'on ne peut pas accepter ce type de comportement.
Qu'avez-vous décidé?
Aujourd'hui il y a des postes pour ces stagiaires, et je vais les affecter en Polynésie. Hier (jeudi) j'ai réuni mes juristes et mes techniciens. L' affectation devrait être effective lundi.
N'outrepassez-vous pas là les pouvoirs du vice-recteur?
Le représentant de l'Etat en Polynésie c'est le Haut-commissaire. Donc si j'outrepasse mes droits c'est à lui de porter l'affaire devant le tribunal. C'est sûr que je prends des risques. Je n'accuse pas l'Etat dans cette affaire, puisque je vois la bonne foi de certains cadres d'Etat. C'est M. Cirioni qui a une attitude colonialiste. Il vient de Mayotte, et il faut savoir que là-bas il a foutu le bordel. D'ailleurs j'ai eu l'occasion de le rencontrer pour lui dire qu'il a une attitude très colonialiste. On ne peut plus travailler avec un gars qui nous prend pour des abrutis.
Ce week-end les nouveaux professeurs venus de métropole arrivent, j'ouvrirai leur séminaire de formation mardi, et les professeurs stagiaires seront présents.
Tauhiti Nena : Déjà je les félicite pour leur courage, car ils dénoncent à l'unanimité le comportement méprisant du vice-recteur. En ce qui me concerne, j'ai contacté M. Cirioni la semaine dernière pour qu'il revienne sur sa décision. Il a décidé de mettre en place des critères pour l'affectation de ces stagiaires que je trouve aléatoires. Certains répondent à ces critères (avoir des enfants et/ou présence d'un inspecteur académique ndrl) et ne sont pas retenus. Je trouve qu'il prend la Polynésie pour un centre d'expérimentation, ça a été le cas lors des essais nucléaires, et manifestement, ça continue.
Il faut aussi savoir qu'en Nouvelle-Calédonie, comme je l'ai appris hier, tous les stagiaires resteront là-bas. Or en Calédonie il manque des inspecteurs académiques dans trois disciplines, et ils feront appel aux inspecteurs de Polynésie ! donc on pourrait travailler ensemble. Il y a des possibilités, donc je pense que c'est de la mauvaise foi du vice-recteur.
Pour l'année 2010/2011, sur les 35 stagiaires, 32 ont été reçus, donc c'est pour vous dire qu'il y a eu un très bon accompagnement de ces stagiaires. Si ces critères étaient valables sur toute la France, on pourrait les comprendre. Mais là c'est uniquement la Polynésie, c'est uniquement M. Cirioni, qui décide de les mettre en place.Le président du pays a adressé au Haut-commissaire un courrier pour dire qu'on ne peut pas accepter ce type de comportement.
Qu'avez-vous décidé?
Aujourd'hui il y a des postes pour ces stagiaires, et je vais les affecter en Polynésie. Hier (jeudi) j'ai réuni mes juristes et mes techniciens. L' affectation devrait être effective lundi.
N'outrepassez-vous pas là les pouvoirs du vice-recteur?
Le représentant de l'Etat en Polynésie c'est le Haut-commissaire. Donc si j'outrepasse mes droits c'est à lui de porter l'affaire devant le tribunal. C'est sûr que je prends des risques. Je n'accuse pas l'Etat dans cette affaire, puisque je vois la bonne foi de certains cadres d'Etat. C'est M. Cirioni qui a une attitude colonialiste. Il vient de Mayotte, et il faut savoir que là-bas il a foutu le bordel. D'ailleurs j'ai eu l'occasion de le rencontrer pour lui dire qu'il a une attitude très colonialiste. On ne peut plus travailler avec un gars qui nous prend pour des abrutis.
Ce week-end les nouveaux professeurs venus de métropole arrivent, j'ouvrirai leur séminaire de formation mardi, et les professeurs stagiaires seront présents.
