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Tanzanie: trois Chinois jugés pour "crime" après une saisie de défense d'éléphants


DAR ES SALAAM, 9 novembre 2013 (AFP) - Trois Chinois, accusés d'être en possession de 706 défenses d'élephants braconnés, vont être jugés pour "crime organisé" et "sabotage économique", a-t-on appris samedi de source judiciaire à Dar es Salaam, capitale économique de la Tanzanie.

Ces braconniers ont été arrêtés alors que les tueries d'éléphants et de rhinocéros augmentent considérablement dans le pays. Le gouvernement a lancé une campagne anti-braconnage contestée car consistant, selon ses détracteurs, à "tirer pour tuer" les braconniers. De nombreuses arrestations ont eu lieu.

Les trois accusés, Huang Gin, Xu Fujie et Chen Jinzhan, ont été arrêtés il y a une semaine à Dar es Salaam.

Se présentant comme importateurs d'ail et exportateurs de produits de la mer, ils avaient caché 1,8 tonne de défenses d'éléphants, d'une valeur estimée à 2,4 millions d'euros, dans des conteneurs.

Le juge Isaya Arufani a refusé de les libérer sous caution, et a demandé que les accusés soient traduits pour "crime organisé" et "sabotage économique". Ils risquent jusqu'à 20 ans de prison.

Jeudi, le président Jakaya Kikwete a déclaré au Parlement que la campagne anti-braconnage - surnommée "Tokomeza" ("annihiler" en swahili)- serait poursuivie, malgré les protestations dénonçant la politique de "tirer pour tuer".

Le Parlement tanzanien avait suspendu cette opération la semaine dernière, après une série d'abus dénoncés par des élus. Mais M. Kikwete a dit qu'abandonner cette campagne reviendrait à laisser la victoire aux braconniers.

Samedi, la plus importante organisation de défense des droits de l'Homme en Tanzanie, le LHRC, a demandé la démission du ministre du Tourisme Khamis Kagasheki après la mort de quatre personnes, dont une femme, dans le cadre de cette campagne.

Selon cette organisation, la femme a été battue à mort par des policiers qui fouillaient sa maison, où son mari aurait caché des dépouilles d'animaux protégés.

"Depuis son lancement, cette campagne a été caractérisée par des flagrantes violations des droits de l'Homme et de la Constitution tanzanienne", dit un communiqué du LHRC.

Le braconnage des éléphants et des rhinocéros, massacrés pour leurs défenses ou leur corne, est en forte hausse ces dernières années en Afrique, alimenté par la demande asiatique.

Le nombre d'éléphants africains est estimé à 472.000. Leur survie est menacée non seulement par le trafic mais aussi par l'extension des zones urbaines, qui détruit leurs habitats.

Le trafic mondial d'ivoire est estimé à quelque 10 milliards de dollars (sept milliards d'euros) par an.

Rédigé par () le Samedi 9 Novembre 2013 à 05:35 | Lu 502 fois