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Taivini Teai ne veut pas fermer l'Épic Vanille


Tahiti, le 11 février 2025 - Tandis que la CTC vient de sortir un rapport cinglant sur l'Épic Vanille prônant sa fermeture pure et simple, le ministre de tutelle de l'établissement souhaite plutôt le “faire évoluer”. De nombreux élus du Tavini se sont pourtant déjà ouvertement prononcés en faveur de cette fermeture, dénonçant un problème de management à la direction et demandant ainsi à Taivini Teai “une restructuration par le haut”. 
 

Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Ou du moins pour prendre les décisions qui s'imposent. Et pour la Chambre territoriale des comptes (CTC), une seule décision s'impose pour l'Épic Vanille : sa fermeture. Cet établissement public à caractère industriel et commercial qui, comme son nom l'indique, est censé rapporter de l'argent pour son fonctionnement, représente au contraire un gouffre financier pour le Pays qui le subventionne à hauteur de 350 millions de francs par an. Sans compter les aides octroyées pour installer des kits “clés en main” de tuteurs vanille et d'ombrières pour les exploitants. Pour quels résultats ? Trop peu puisque la production de vanille est en perpétuelle chute libre et que l'Épic arrive péniblement à en exporter 10 tonnes par an depuis 2020.
 
Mais pour le ministre de tutelle de l'établissement, “il est important de maintenir la filière qui est une ressource végétale parmi les plus chères du monde”. Interrogé ce mardi matin en marge du séminaire sur l'économie circulaire, Taivini Teai a d'abord tenu à rappeler que ce rapport sévère de la CTC “date de 2023, date à laquelle nous avons pris la gouvernance”. En d'autres termes, c'est la faute des gouvernements précédents. Soit. Il oublie peut-être que depuis la création de l'Épic en 2003, le Tavini a lui aussi été aux affaires du Pays. Qu'ils soient orange, rouges ou bleus, tous avaient parfaitement connaissance du décalage entre les importants moyens alloués à cet Épic et le résultat attendu.
 
Par ailleurs, ce rapport couvre la période jusqu'à fin 2023 et les tensions au sein de l'Épic Vanille étaient déjà, là encore, connues. Autant d'éléments qui ont conduit la juridiction financière à recommander la fermeture de l'établissement. Mais ce n'est pas le chemin que semble vouloir prendre le ministre. “Il faudrait, non pas fermer l'établissement, mais le faire évoluer en réattribuant certaines missions à des professionnels choisis”, a réagi Taivini Teai ce mardi, estimant qu'il fallait “tirer les bénéfices des travaux qui n'ont pas été suffisamment valorisés”, notamment différentes thèses dont l'une “sur la chimie et les arômes ont un grand potentiel”
 
 
La tête de l'Épic Vanille en question
 
 
Pourtant, de nombreux élus du Tavini partagent l'avis de la CTC et poussent le ministre à fermer cette structure et même à en couper la tête. Selon nos informations, la directrice de l'Épic, Laïza Vongey, était déjà dans le collimateur d'une partie de la majorité quand elle a décidé d'embaucher Terupe Salmon en tant que gestionnaire au sein de l'établissement. Une nomination qui a provoqué des remous au sein de l’Épic et qui aurait surtout servi de prétexte à ces élus mécontents pour monter au créneau publiquement. C'était en septembre dernier. De son côté, la directrice avait quant à elle estimé que ces représentants de l'assemblée n'avaient pas leur mot à dire, “le recrutement d'un agent au sein d'un organisme ne relevant pas de leur gestion”.
 
Ce qui n'a pas dû arranger les choses puisqu'en décembre, le sujet revient sur le tapis en commission législative à l'occasion de l'examen du budget du Pays, avec une ligne de 255 millions de francs de crédits inscrits pour l'Épic Vanille. Selon le procès-verbal de cette commission que Tahiti Infos a pu se procurer – alors que ces commissions sont publiques à l'Assemblée nationale, rappelons-le – l'élue Tavini Maurea Maamaatuaiahutapu est revenue à la charge en s'adressant au ministre : “Tu parles de restructuration, de réorganisation de l'Épic Vanille. Très bien, c'est effectivement la réflexion que l'on a aussi au niveau du Tavini huiraatira, mais on t'a demandé de penser cette restructuration par le haut. Je crois que j'ai entendu notre députée (Nicole Sanquer, NDLR) parler de la direction de l'Épic Vanille et nous y sommes aussi (...) parce que c'est bien un problème de management, on est bien d'accord”..

Autrement dit, il faut se séparer de la directrice. Ce à quoi Taivini Teai lui avait répondu : “On est bien d'accord (...) Cela va être actionné. La seule chose, c'est que dans l'immédiat, je ne veux pas que ça sorte de notre commission parce que la première personne que je dois informer de cela est, bien entendu, la direction”. Mais visiblement, cette information n’est, à ce jour, toujours pas parvenue à la direction. 

Rédigé par Stéphanie Delorme le Mardi 11 Février 2025 à 16:15 | Lu 2747 fois