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Tahoera'a : Tuihani adresse un courrier à Fritch pour dénoncer des propos "inconvenants"


Marcel Tuihani, président de l'Assemblée de la Polynésie française
Marcel Tuihani, président de l'Assemblée de la Polynésie française
PAPEETE, 9 avril 2015 - Marcel Tuihani adresse un courrier indigné au Président Edouard Fritch en réponse à l'"étonnement" exprimé par ce dernier, après l'invitation des grévistes de la CPS par le président de l'Assemblée lors des débats sur la convention RST, le 2 avril.

"Je souhaite aussi exprimer mon étonnement au sujet de ce qui a pu se passer en marge de cette séance", déclarait Edouard Fritch à l'entame d'un discours qui allait durer près de deux heures, jeudi matin, pour l'ouverture de la session administrative 2015 de l'Assemblée. "notamment", continuait-il, "le fait que le président de notre assemblée, accompagné de son « garde du corps » (Gaston Flosse, de l'aveu même de ce dernier le 2 avril, NDLR), se soit rendu à la rencontre des grévistes de la CPS pour les inviter dans l’hémicycle".

Et d'accuser encore : "C’est là une « première » qui ne me semble pas conforme au bon fonctionnement de nos institutions. Tout comme le fait d’entendre notre président de l’Assemblée, au détour des débats, annoncer comme si c’était une victoire, le démarrage d’une nouvelle grève à l’huilerie qui pénalise déjà les îles productrices de coprah. C’est à se demander si la place Tarahoi n’est pas devenue le centre de commande des conflits sociaux. Je n’ose le croire".

A quoi Marcel Tuihani lui répond jeudi soir par lettre : "Vous avez affirmé que j’ai invité les grévistes de la CPS à se rendre dans l’hémicycle, "accompagné de mon garde du corps". Vos propos mettant en cause le président de l’Assemblée et votre prédécesseur, sont, de mon point de vue, inconvenants ; ils n’avaient pas leur place au sein de notre enceinte, et encore moins dans l’allocution du président de la Polynésie française lors de l’ouverture solennelle de la session administrative. Loin de traduire "un esprit d’ouverture et d’apaisement", comme vous le dites en conclusion de votre intervention, vos paroles résonnent comme un règlement de compte. Ils prennent l’exact contre-pied de mon allocution où j’invitais chacun à plus de retenue et de mesure, précisément pour retrouver les voies de l’apaisement.
Sur le fond, j’ai accueilli favorablement la demande des grévistes. Ce sont eux qui ont demandé à me rencontrer, ce n’est pas moi qui suis allé les chercher. Ils souhaitaient assister à la dernière séance de la session extraordinaire consacrée à la convention sur le RST, parce qu’il était question de la CPS. J’ai accepté cette demande à la condition qu’elle se fasse dans le respect du lieu, des élus et du gouvernement, sans aucune interférence dans les débats. Ce fut le cas comme vous avez pu le constater vous-même. La présence des personnels en grève n’a pas un seul instant perturbé la séance. Il n’y a eu, ni dérapage, ni invective. La volonté des grévistes de venir à l’assemblée était de notoriété publique. Elle a été annoncée dès la veille par les médias, et c’est pour cette raison que, déjà tôt le matin, le Directeur de la sécurité publique avait déployé un dispositif discret de nature à préserver la sécurité des lieux et empêcher d’éventuels débordements. Je suis donc très étonné que vous puissiez m’adresser un tel reproche. Notre assemblée est la Maison du Peuple, et les grévistes de la CPS en font partie. Il était de mon devoir de les écouter, et le cas échéant, de les accueillir. Vous auriez peut-être préféré qu’on leur refuse l’accès de l’assemblée au risque de créer des troubles ? Vous avez une conception bien plus restrictive de la place de notre institution que vous avez pourtant présidée. C’est votre conception, ce n’est assurément pas la mienne
".

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 9 Avril 2015 à 17:19 | Lu 3142 fois