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Surf WQS – Focus Ariihoe Tefaafana : « Sunset Beach, c’est toi contre la nature »

Ariihoe Tefaafana est un des quelques surfeurs tahitiens qui tentent de rejoindre Michel Bourez dans le Top 34 mondial, le WCT. Pour cela, le passage obligé est le circuit des séries qualificatives (WQS) qui comporte une soixantaine de compétitions et où règne une concurrence impitoyable. Le talent est là mais le manque de moyens semble être un frein pour assurer cette relève. Il y avait trois Tahitiens dans le Top 100 en 2016, seulement un seul qualifié pour les Primes (107e) en 2017.


Ariihoe Tefaafana s'estime chanceux de pouvoir faire ce qu'il aime
Ariihoe Tefaafana s'estime chanceux de pouvoir faire ce qu'il aime
Parole à Ariihoe Tefaafana :
 
Le circuit WQS, c’est un peu le parcours du combattant ?
 
« Le WQS comprend plus de 500 surfeurs et seulement les 10 premiers du classement se qualifient pour le World Tour (WCT). Tout le monde veut se qualifier et je vous avoue que parfois on se demande si c’est vraiment possible. Il y a plusieurs étapes à franchir pour y arriver, d’abord les plus petits QS (1000, 3000) pour réussir à entrer dans les grands QS (6000, 10000), et là tu peux jouer la qualification. »
 
Vous vous serrez les coudes entre Tahitiens ?
 
« On essaie au maximum de voyager ensemble pour garder « la bonne vibe » et surtout pour se motiver entre nous. Ce n’est jamais facile de voyager seul, surtout lors des défaites. Chaque voyage est unique, il est un moment fort car on est là pour faire ce qu’on aime, on peut dire qu’on est chanceux. »
 
Vous rencontrez tout type de vagues ?

« La plupart du temps, nous avons des conditions « pourries » avec des petites vagues, du vent…Par contre, la dernière étape du circuit, la Triple Crown à Hawaii, on a souvent de grosses conditions parfaites, mais difficiles. Tu surfe des planches deux fois plus grandes que lors des autres WQS. »
 

Ariihoe Tefaafana, ici à Sunset Beach, termine 4e de la zone Hawai'i-Tahiti en 2017
Ariihoe Tefaafana, ici à Sunset Beach, termine 4e de la zone Hawai'i-Tahiti en 2017
Quelques mots sur ta participation à la Van’s World Cup ?
 
« Le placement est souvent primordial. Sunset Beach, ce n’est pas toi contre tes adversaires mais toi contre la nature. La Triple Crown est une étape cruciale car tout se joue la bas pour certains. Tu peux être à la 50e place et te qualifier à Hawai’i, comme tu peux être dans le top 10 et ne pas te qualifier car certains ont fait mieux que toi à Hawai’i. »
 
Une année difficile pour les Tahitiens ?
 
« Cette année a été moyenne pour les Tahitiens par rapport à l’année dernière où on avait trois tahitiens dans le top 100 (ndlr O‘Neil Massin, Mateia Hiquily et Mihimana Braye). Cette année, seul Mihimana se qualifie pour les Prime. Même avec une victoire à domicile, je me classe qu’à la 163ème place. Cela signifie que seul Mihimana fera les QS 10 000 l’année prochaine et moi - avec lui - les QS 6 000 ! Les autres n’auront pas assez de points pour participer aux QS 6000 et 10000. »

Ariihoe Tefaafana possède un style radical et aérien
Ariihoe Tefaafana possède un style radical et aérien
Qu’est ce qui te motive à continuer ?
 
« J’aime ce que je fais, j’ai beaucoup donné pour ce sport et je ne veux pas m’arrêter là. J’ai appris beaucoup de la vie grâce à mes voyages, mes compétitions, j’ai découvert plusieurs cultures et cela m’a vraiment fait grandir. Pour le moment, je compte continuer le QS à fond jusqu’au milieu de l’année prochaine pour voir ensuite si je reprends le chemin de l’université ou pas, car j’ai dans un coin de ma tête l’idée de valider ma 3e année de Licence éco-gestion. »
 
Satisfait de ton année ?
 
« Je termine 4e de la zone Tahiti-Hawai’i grâce à ma victoire au Papara Pro WQS, je termine dans le Top 10 des championnats du monde ISA, j’ai réussi à participer à la Triple Crown et surtout j’ai eu les points suffisants pour participer aux QS 6000 en 2018. Chez les Tahitiens, ce n’est vraiment pas le talent qui manque, c’est au niveau financier que ça ne suis pas. C’est très difficile pour chacun d’entre nous, à part Michel ! On fait avec le minimum mais l’amour que nous avons pour ce sport est grand et c’est tout ce qui compte. » Propos recueillis par SB

Ariihoe et Annaelle forment un couple qui s'épanouit dans le sport, un bel exemple pour notre jeunesse
Ariihoe et Annaelle forment un couple qui s'épanouit dans le sport, un bel exemple pour notre jeunesse

Rédigé par SB le Jeudi 7 Décembre 2017 à 13:03 | Lu 3763 fois