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Sur une île mystérieuse en Indonésie, un Robinson internaute


Sur une île mystérieuse en Indonésie, un Robinson internaute
PARIS, 17 octobre 2013 (AFP) - Une île mystérieuse posée quelque part dans l'archipel indonésien, sous une mousson diluvienne. Et au milieu, un homme seul, 54 ans, parti démontrer qu'avec les technologies de la communication, le télétravail n'est plus une utopie.

Depuis le 11 octobre, Gauthier Toulemonde s'inflige ainsi une quarantaine inédite, une robinsonade spartiate et militante. Une démonstration par l'exemple de l'abolition des distances lorsque le monde est connecté.

Directeur de la maison d'édition Timbropresse, mais aussi rédacteur en chef de deux magazines, l'un philatélique, l'autre traitant de l'immobilier, Gauthier Toulemonde entend, depuis ce petit morceau de terre tropicale, poursuivre via internet son travail quotidien, comme dans son bureau parisien.

On n'en saura pas plus sur le nom et la localisation secrète de son île mystérieuse: la région est infestée de pirates.

Mais pour convaincre, il lui a fallu partir loin, confie-t-il à l'AFP par téléphone satellite. "J'ai choisi cette destination exotique pour le côté spectaculaire. L'impact aurait été bien moindre si je m'étais installé sur un caillou désert en Bretagne".

M. Toulemonde - non, ce n'est pas un pseudonyme - va rester 40 jours sur cet îlot. Un pari de plus dans le parcours d'un homme qui n'a jamais choisi la facilité.

Lorsqu'il sort des collections de timbres, c'est pour affronter les grands espaces, souvent dans des conditions extrêmes. Une année, c'est une expédition au pôle Nord géographique. Une autre, il remonte le fleuve Maroni en Amazonie guyanaise. A chaque fois, il édite un nouveau timbre.

Il passe aussi en 2005 par l'atoll corallien de Clipperton, dans le Pacifique, pour y rejoindre le médecin-explorateur Jean-Louis Etienne qui y dirige une expédition scientifique.

Rats, varans et serpents

"C'est là que j'ai eu l'idée de cette robinsonade, en voyant les chercheurs de Clipperton travaillant sous les cocotiers comme dans leurs labos, grâce aux liaisons internet", explique-t-il.

Sur son bout de terre émergé de 700 m de long sur 500 de large, dont on ignore si il se trouve côté océan Indien de l'île de Sumatra à l'Ouest ou dans les eaux de la mer de Java à l'Est, Gauthier Toulemonde a acheminé quatre petits panneaux solaires pour alimenter en énergie son ordinateur portable et ses deux téléphones satellites.

Il veut ainsi assurer les liaisons avec ses collaborateurs installés en France. Sauf que l'autre face du miroir s'apparente plus à Daniel Defoe qu'à Bill Gates.

"J'ai amené avec moi un jeune chien, cinq chats dont les femelles pleines ont fait une dizaine de petits depuis mon arrivée, une poule et un coq pour peut-être avoir des oeufs", raconte-t-il.

Il dort dans un hamac recouvert d'une moustiquaire et d'une bâche. Des trombes d'eau de mousson s'abattent régulièrement sur le campement. Et lorsque le ciel s'éclaircit, l'air se remplit d'une vapeur étouffante. Il fait plus de 35°C.

La petite île abrite une végétation très dense où l'internaute n'a pas osé encore s'aventurer. Royaume des rats, des serpents et des varans de belles tailles, l'île accueille aussi des nuées de mouches et autres insectes qui transforment le paradis de carte postale en enfer du quotidien.

Du clavier à la pêche à la ligne

Pour se nourrir, Gauthier Toulemonde a fait provision de pâtes et de riz. "Mais pour améliorer mon ordinaire et nourrir ma grande famille de chats, je dois pêcher tous les jours. Je pose mes lignes sur la plage. Ca mord bien".

Lorsque la survie est assurée, ce geek du bout du monde passe plus de 6 heures par jour devant son ordinateur.

Sous ces latitudes, le soleil pointe à 6 heures et s'évapore à 18 heures. "Les journées sont longues et éprouvantes, convient-il. Mais je ne souffre pas trop de la solitude grâce à la compagnie de mes animaux."

En cas d'accident ou de maladie, Gauthier Toulemonde dispose de secours à environ cinq heures de navigation.

Il lui reste une trentaine de jours à vivre seul dans cet environnement sauvage et étranger. Loin de tout, mais joignable par tous.

Au bout, il y aura encore un timbre. Mais l'histoire ne dit pas si cet envoyé spécial envisage, à l'issue de cette singulière aventure, d'y délocaliser son siège social.

Rédigé par () le Jeudi 17 Octobre 2013 à 10:14 | Lu 1150 fois