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Six artistes réunis salle Muriavai


TAHITI, le 2 mars 2020 - Inspirés par un même thème (Où allons-nous ?) Carole Tinel, Phillippe Meunier, Tafetanui Tamatai, Kelly Hooten, Vashee et Sébastien Canetto ont produit des œuvres qu’ils présentent cette semaine à la Maison de la culture.

Cela fait près d’un an que six artistes œuvrent sur le thème "Où allons-nous ?" Chacun d’eux, avec sa sensibilité, son approche et ses techniques a essayé de répondre à la question.

Tafetanui Tamatai, par exemple, travaille autour d’un motif premier, celui qui donne naissance à toutes ses créations, c’est le Matahoata. "Il évoque le regard visionnaire si l’on s’en réfère à l’ouvrage Patutiki (Te Patutiki, Dictionnaire du tatouage polynésien des îles Marquises, ndlr), pour moi il est le regard protecteur. "

Vashee, quant à lui, aborde le sujet de l'environnement et des problèmes de la société actuelle, mettant le plus souvent en scène le monde de la mer et les animaux marins, un thème récurrent dans son travail d'artiste. "Je puise dans l'univers pictural de ma culture métissée (motif polynésiens, illustrations...) pour dessiner et peindre... "

Sébastien Canetto a souhaité montrer le mal de notre époque où personne ne veut ni entendre, ni voir, ni parler. Il s’est engagé dans le projet car le thème était "sympathique" mais aussi "parce que c’est intéressant de travailler avec des personnes différentes".

Kelly Hooten a choisi de présenter dix paysages, de forêts principalement... "Ces forêts nous mènerons à des sentiers semés d'embûches, des culs de sac, des carrefours... Un choix à prendre selon la direction. Ce sont des paysages mentaux, parfois oniriques (des couleurs vives, menant à la lumière au bout du chemin...), d'autres fois tourmentés (atmosphère brumeuse, obstacles, fort courant dans les rivières, arbres endeuillés, parfois dépourvus de feuilles)."

Ses tableaux s'inspirent de forêt polynésiennes (les hauteurs de Punaauia, les plateaux de Taravao...) et "invitent à réfléchir sur les chemins que nous choisissons d'emprunter".

Carole Tinel embarque le spectateur dans un voyage onirique avec des "toiles inspirantes" et des "dessins spirituels qui nous guident vers une réflexion philosophique".

Les artistes se sont exprimés à l’initiative de Philippe Meunier, lui-même artiste. Installé en Polynésie depuis 1964, il a la nostalgie du Tahiti d’antan. "Quand je me retourne, il y a un certain nombre de choses qui m’interpellent. Est-ce que la Polynésie veut tout cela pour demain?"

Pour illustrer ses propos, il parle de ce "bidonville" devant lequel il passe sous la RDO en rentrant chez lui tous les jours, il parle des médias qui se font l’écho "de choses préoccupantes, comme l’ice par exemple".

Il a souhaité ce projet d’exposition collective pour transmettre son sentiment d’inquiétude. "Les mots, les médias parlent à l’intellect, le graphisme, l’art parlent au cœur", dit-il.

L’une de ses toiles raconte les manifestations de 1984 qui "ont mis la ville en feu lors de la reprise des essais". Il a peint une femme rentrant chez elle avec, en arrière-plan une masure sur un terrain vague, il a aussi voulu traiter le climat tumultueux en métropole avec les manifestations des gilets jaunes ou aborder la problématique du changement climatique avec un tiki immergé.

Il propose des portraits de Polynésiens vivant dans la rue. "Mais ces portraits ne sont pas misérabilistes", précise-t-il. "Il ne s’agit pas de coups de colère." L’idée est de montrer, sans doute pour faire bouger les choses.

Enfin, une toile montre Maui pêchant l’île de Aotearoa pour "parler de la nécessité pour les Polynésiens de se souvenir d’où nous venons pour savoir qui nous sommes et où nous allons".

Les questions sont posées, plusieurs réponses sont possibles.

Pratique

Du mardi 3 au samedi 7 mars à la salle Muriavai, entrée libre.

Horaires : de 9 heures à 17 heures jusqu’à vendredi et samedi de 9 heures à midi.

Vernissage mardi 3 mars à 18 heures.

Contacts

Tél. : 40 54 45 44
Site internet de la Maison de la culture.


Rédigé par Delphine Barrais le Lundi 2 Mars 2020 à 20:41 | Lu 2477 fois