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Situation Politique en Polynésie: un résumé pour comprendre.


PARIS, 19 avril 2011 (AFP) - Quatre ans après avoir échoué à mettre un terme à l'instabilité chronique de la Polynésie française, le gouvernement présente mercredi en Conseil des ministres un nouveau projet de loi organique destiné à résoudre une situation qui pèse lourdement sur l'économie locale.

Depuis la victoire surprise, le 23 mai 2004, de l'indépendantiste Oscar Temaru, aux dépens de l'autonomiste Gaston Flosse, treize gouvernements, en incluant les remaniements ministériels, se sont succédé à Papeete, le plus souvent au gré des changements d'alliances à l'assemblée locale.

Dans cette collectivité d'outre-mer autonome, les électeurs votent pour leurs représentants à l'Assemblée, qui choisissent ensuite le président du gouvernement.

En sept ans, Oscar Temaru, qui a repris le pouvoir le 1er avril dernier, a été président cinq fois, Gaston Flosse deux fois et Gaston Tong Sang (autonomiste) a dirigé trois gouvernements.

Défait au début du mois par une courte majorité (29 élus sur 57), M. Tong Sang était au pouvoir depuis novembre 2009. Ce record de longévité depuis 2004 ne tenait cependant qu'à un fil car le maire de Bora Bora ne contrôlait plus que 9 sièges.

Pour clore cette "vaste comédie", selon Nicolas Sarkozy, la ministre de l'Outre-mer Marie-Luce Penchard a mis au point une réforme de la loi électorale réintroduisant une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête aux élections et rendant plus difficiles les conditions de renversement des gouvernements.

C'est parce qu'il avait écarté cette prime que l'ancien secrétaire d'Etat à l'Outre-mer Christian Estrosi n'était pas parvenu à installer en Polynésie une majorité stable lors d'élections anticipées, début 2008.

Pire même, le vaincu des élections Gaston Flosse (10 sièges) avait fait une alliance spectaculaire avec son vieux rival Oscar Temaru (20 sièges) et retrouvé la présidence, tandis que le vainqueur Gaston Tong Sang (27 sièges), soutenu par Paris et l'UMP, s'était retrouvé Gros-Jean comme devant.

Instruite par l'expérience, Mme Penchard a rétabli une importante prime majoritaire de 19 sièges pour la liste arrivée en tête, calculée au taux de 33% dans les cinq circonscriptions, dont 15 dans la plus importante, celle de l'archipel de la Société (Tahiti, Moorea, Bora Bora).

Seules pourront se présenter au second tour les listes ayant obtenu au moins 10% des électeurs inscrits, soit environ 12,5% des suffrages exprimés, selon le ministère de l'Outre-mer, ce qui va réduire le nombre de listes au second tour.

Avec deux listes, la liste arrivée en tête se verrait attribuer au minimum 31 sièges, rien que dans l'archipel de la Société, ce qui lui donnerait une majorité absolue à l'assemblée.

Le projet de loi prévoit un seul mode de scrutin, proportionnel, dans toutes les circonscriptions, ramenées de six à cinq.

Il maintient finalement le nombre d'élus à l'assemblée locale (57) ainsi que le nombre de représentants pour les quatre archipels éloignés de Papeete (12), alors que Mme Penchard prévoyait en octobre de ramener à 50 le nombre d'élus et à huit le nombre de représentants des archipels éloignés.

Les motions de défiance contre le gouvernement devront dorénavant être signées par un tiers des élus à l'assemblée (soit 17), au lieu du quart, et être adoptées à une majorité qualifiée des 3/5e, au lieu de 50%, afin d'éviter les alliances de circontance.
Une illustration de Lolo sur le blog Tahitiheraldtribune.com décrit avec humour la situation
Une illustration de Lolo sur le blog Tahitiheraldtribune.com décrit avec humour la situation

Rédigé par Par Eric BASSI le Mardi 19 Avril 2011 à 05:49 | Lu 5090 fois