Tahiti, le 20 octobre 2025 - Une série en quatre épisodes est en cours de tournage à Tahiti, coproduite entre la métropole et le Fenua. Ce projet ambitieux met en lumière le savoir-faire polynésien et pourrait bien ouvrir la voie à de futures productions internationales.
“Silence ! Ça tourne !” Sur le plateau de tournage à Punaauia, l'atmosphère était à la concentration maximale ce lundi matin. Caméras pointées, techniciens sur le qui-vive, et acteurs qui ne jouent pas, le nez plongé dans leur scénario pour réviser leurs répliques. Les interviews se font en chuchotant pour ne pas perturber les prises. Bienvenue dans les coulisses de Oro, la série qui pourrait marquer un tournant pour l'industrie audiovisuelle polynésienne.
Cette fiction de quatre épisodes de 45 minutes, coproduite par Nolita, Quintessence Fictions et Filmin'Tahiti, sera diffusée sur France Télévisions en 2026. Un projet ambitieux, tourné à 90 % avec des Polynésiens, qui prouve que le Fenua a les compétences pour accueillir des productions de niveau international.
Un thriller fantastique aux racines polynésiennes
La genèse de Oro remonte à trois ans, lors d'un atelier d'écriture en Polynésie. Franck Philippon, scénariste métropolitain (No Limit, Mirage, Les Espions de la Terreur), y rencontre Toarii Pouira et Manutea Garcia. “Le projet est né dans ma tête. C'était une discussion avec France Télévisions à Paris, qui voulaient faire une série fantastique”, explique-t-il. “Mais je voulais le faire avec des talents locaux.”
Le pitch : neuf personnes partent militer contre les forages. “Malheureusement, ils ne vont jamais y arriver”, résume Toarii Pouira. “Ils vont se réveiller sur une plage sans aucun souvenir.” Sur cette île mystérieuse, des phénomènes surnaturels vont “renvoyer chacun des personnages à leur conflit intime, à leur culpabilité, à leur colère”, précise Franck Philippon.
Les neuf personnages sont conçus comme des archétypes polynésiens. “On a vraiment essayé de faire en sorte que toute la Polynésie arrive à se reconnaître”, souligne Toarii Pouira. Le nom même de la série fait référence au dieu de la guerre, car “le thème, c'est un peu le conflit, qu'on a intérieurement et aussi avec les autres.”
Un budget serré, une ambition intacte
Tournée en quatre semaines, la série représente un investissement entre 100 et 120 millions de francs seulement pour les dépenses locales, selon Laurent Jacquemin, producteur exécutif de Filmin Tahiti. “En France, on est à 10 jours pour tourner un épisode. Là, on est à 5 jours”, reconnaît Franck Philippon. “On est dans des budgets qui sont inférieurs à ce qu'on a d'habitude sur France Télévisions”, ajoute-t-il.
Mais l'ambition reste intacte. David Hourrègue, réalisateur reconnu (Germinal, Rivages), travaille “d'arrache-pied pour que ce soit d'un niveau de série comme celle qu'on voit sur les plateformes”.
L'un des points de fierté : 90 % des techniciens et comédiens sont Polynésiens. Seuls deux acteurs viennent de métropole. "C'est une première, un genre de ce type-là en Polynésie”, confirme Toarii Pouira, le co-scénariste de la série.
Pour Franck Philippon, cette expérience est révélatrice : “J'ai été très agréablement surpris par le niveau de compétence des acteurs et des techniciens. On est vraiment dans un standard de fabrication complètement métropolitain.” Toarii Pouira témoigne du chemin parcouru : “Ma génération a dû tout apprendre par elle-même. C'était trop cher de faire des écoles et il fallait partir. Aujourd'hui, il y a l'université, l'ISEP, Canea. On sent qu'il y a vraiment un engouement.” Reste que peu peuvent en vivre pleinement. “On est polyvalents parce qu'on est obligés de jongler entre plusieurs casquettes”, reconnaît le scénariste, également infographiste. “On le fait par passion, mais on aimerait bien pouvoir en vivre.”
La Polynésie prête pour Netflix ?
Au-delà de la série Oro, Franck Philippon voit plus loin : “Netflix peut venir. J'espère bien un jour faire venir une série Netflix ici. J'y travaille.” Pour lui, cette production démontre que la Polynésie peut accueillir des productions internationales de grande envergure.
“Oro est pensée, construite, réalisée pour être dans un niveau de standards internationaux qui fait qu'elle peut voyager”, affirme-t-il. Laurent Jacquemin partage cet optimisme : “Si on en a deux projets comme ça dans l'année, ça permet de faire vivre la filière.”
Le tournage se déroule entièrement sur Tahiti, entre la Presqu'île où l'équipe a passé quelques jours à Teahupoo, Marina Taina et d'autres sites. La diffusion est prévue avant l'été ou à la rentrée 2026 sur Polynésie la 1ère, les réseaux outre-mer et la plateforme France Télévisions.
“Silence ! Ça tourne !” Sur le plateau de tournage à Punaauia, l'atmosphère était à la concentration maximale ce lundi matin. Caméras pointées, techniciens sur le qui-vive, et acteurs qui ne jouent pas, le nez plongé dans leur scénario pour réviser leurs répliques. Les interviews se font en chuchotant pour ne pas perturber les prises. Bienvenue dans les coulisses de Oro, la série qui pourrait marquer un tournant pour l'industrie audiovisuelle polynésienne.
Cette fiction de quatre épisodes de 45 minutes, coproduite par Nolita, Quintessence Fictions et Filmin'Tahiti, sera diffusée sur France Télévisions en 2026. Un projet ambitieux, tourné à 90 % avec des Polynésiens, qui prouve que le Fenua a les compétences pour accueillir des productions de niveau international.
Un thriller fantastique aux racines polynésiennes
La genèse de Oro remonte à trois ans, lors d'un atelier d'écriture en Polynésie. Franck Philippon, scénariste métropolitain (No Limit, Mirage, Les Espions de la Terreur), y rencontre Toarii Pouira et Manutea Garcia. “Le projet est né dans ma tête. C'était une discussion avec France Télévisions à Paris, qui voulaient faire une série fantastique”, explique-t-il. “Mais je voulais le faire avec des talents locaux.”
Le pitch : neuf personnes partent militer contre les forages. “Malheureusement, ils ne vont jamais y arriver”, résume Toarii Pouira. “Ils vont se réveiller sur une plage sans aucun souvenir.” Sur cette île mystérieuse, des phénomènes surnaturels vont “renvoyer chacun des personnages à leur conflit intime, à leur culpabilité, à leur colère”, précise Franck Philippon.
Les neuf personnages sont conçus comme des archétypes polynésiens. “On a vraiment essayé de faire en sorte que toute la Polynésie arrive à se reconnaître”, souligne Toarii Pouira. Le nom même de la série fait référence au dieu de la guerre, car “le thème, c'est un peu le conflit, qu'on a intérieurement et aussi avec les autres.”
Un budget serré, une ambition intacte
Tournée en quatre semaines, la série représente un investissement entre 100 et 120 millions de francs seulement pour les dépenses locales, selon Laurent Jacquemin, producteur exécutif de Filmin Tahiti. “En France, on est à 10 jours pour tourner un épisode. Là, on est à 5 jours”, reconnaît Franck Philippon. “On est dans des budgets qui sont inférieurs à ce qu'on a d'habitude sur France Télévisions”, ajoute-t-il.
Mais l'ambition reste intacte. David Hourrègue, réalisateur reconnu (Germinal, Rivages), travaille “d'arrache-pied pour que ce soit d'un niveau de série comme celle qu'on voit sur les plateformes”.
L'un des points de fierté : 90 % des techniciens et comédiens sont Polynésiens. Seuls deux acteurs viennent de métropole. "C'est une première, un genre de ce type-là en Polynésie”, confirme Toarii Pouira, le co-scénariste de la série.
Pour Franck Philippon, cette expérience est révélatrice : “J'ai été très agréablement surpris par le niveau de compétence des acteurs et des techniciens. On est vraiment dans un standard de fabrication complètement métropolitain.” Toarii Pouira témoigne du chemin parcouru : “Ma génération a dû tout apprendre par elle-même. C'était trop cher de faire des écoles et il fallait partir. Aujourd'hui, il y a l'université, l'ISEP, Canea. On sent qu'il y a vraiment un engouement.” Reste que peu peuvent en vivre pleinement. “On est polyvalents parce qu'on est obligés de jongler entre plusieurs casquettes”, reconnaît le scénariste, également infographiste. “On le fait par passion, mais on aimerait bien pouvoir en vivre.”
La Polynésie prête pour Netflix ?
Au-delà de la série Oro, Franck Philippon voit plus loin : “Netflix peut venir. J'espère bien un jour faire venir une série Netflix ici. J'y travaille.” Pour lui, cette production démontre que la Polynésie peut accueillir des productions internationales de grande envergure.
“Oro est pensée, construite, réalisée pour être dans un niveau de standards internationaux qui fait qu'elle peut voyager”, affirme-t-il. Laurent Jacquemin partage cet optimisme : “Si on en a deux projets comme ça dans l'année, ça permet de faire vivre la filière.”
Le tournage se déroule entièrement sur Tahiti, entre la Presqu'île où l'équipe a passé quelques jours à Teahupoo, Marina Taina et d'autres sites. La diffusion est prévue avant l'été ou à la rentrée 2026 sur Polynésie la 1ère, les réseaux outre-mer et la plateforme France Télévisions.
Un projet unique, ancré dans la spiritualité”
Kahu Kaiha, 28 ans, raconte son personnage de Koru dans Oro
“Je joue Koru, celui qui parle de la mythologie dans la série, qui raconte l'histoire de l'île, que le personnage connaît à travers son grand-père. Cette série est un projet unique car elle plus ancrée dans l'authenticité, dans le monde spirituel de la Polynésie. Ce n'est pas une simple carte postale. Pour avoir ce rôle, j'ai été contacté par le scénariste Toarii [le rôle a été écrit pour lui, NDLR]. Sur le tournage, il y a beaucoup de préparation, de mises en scène, de synchronisation avec les caméras. Mais il y a une très bonne entente avec tout le monde. D'origine marquisienne, je vis en Nouvelle-Zélande où je suis acteur. Je pense que ce sont mes origines marquisiennes qui m'apportent la force.”
Kahu Kaiha, 28 ans, raconte son personnage de Koru dans Oro
“Je joue Koru, celui qui parle de la mythologie dans la série, qui raconte l'histoire de l'île, que le personnage connaît à travers son grand-père. Cette série est un projet unique car elle plus ancrée dans l'authenticité, dans le monde spirituel de la Polynésie. Ce n'est pas une simple carte postale. Pour avoir ce rôle, j'ai été contacté par le scénariste Toarii [le rôle a été écrit pour lui, NDLR]. Sur le tournage, il y a beaucoup de préparation, de mises en scène, de synchronisation avec les caméras. Mais il y a une très bonne entente avec tout le monde. D'origine marquisienne, je vis en Nouvelle-Zélande où je suis acteur. Je pense que ce sont mes origines marquisiennes qui m'apportent la force.”
David Hourrègue, réalisateur, partage son expérience du tournage de Oro
Qu'est-ce qui vous a convaincu de réaliser cette série ?
“D'abord un alliage de personnes. Hélène Saillon chez France Télévisions [la directrice fiction du pôle outre-mer, NDLR], avec qui j'avais fait Germinal. Les talents réunis avec Nolita, Franck Philippon à l'écriture, Manutea Garcia et Toarii Pouira. Tout ça a aiguisé ma curiosité. J'avais déjà travaillé dans les îles, notamment à La Réunion. La promesse d'un thriller fantastique à Tahiti et la possibilité de travailler avec deux nouveaux comédiens et une comédienne avec qui j'avais déjà fait deux projets ont suffi à me donner envie.”
Vos impressions sur les compétences locales ?
“Tahiti est une terre extrêmement riche de compétences. Il y a un vivier de talents comme j'en ai rarement vus. Il y a un manque d'expérience par rapport à la métropole, mais ce qu'il leur faut, c'est de la confiance, de la pratique et de l'expérience. On s'est évertué à faire la meilleure préparation possible pour donner la chance à ces talents de s'exprimer pleinement. Je suis tellement fier de ce que livrent les comédiens et les techniciens.”
Quelles sont les difficultés rencontrées ?
Chaque territoire a ses spécificités. Le ratio entre ce que Tahiti nous apporte et les difficultés rencontrées, c'est bien peu de choses. On a eu quelques soucis – une partie de l'équipe s'est fait attaquer par des larves de méduses – mais on était tellement heureux d'être là. Avec toutes ces compétences locales, c'est bien peu de choses par rapport au plaisir. Je me régale au quotidien.
Qu'est-ce qui vous a convaincu de réaliser cette série ?
“D'abord un alliage de personnes. Hélène Saillon chez France Télévisions [la directrice fiction du pôle outre-mer, NDLR], avec qui j'avais fait Germinal. Les talents réunis avec Nolita, Franck Philippon à l'écriture, Manutea Garcia et Toarii Pouira. Tout ça a aiguisé ma curiosité. J'avais déjà travaillé dans les îles, notamment à La Réunion. La promesse d'un thriller fantastique à Tahiti et la possibilité de travailler avec deux nouveaux comédiens et une comédienne avec qui j'avais déjà fait deux projets ont suffi à me donner envie.”
Vos impressions sur les compétences locales ?
“Tahiti est une terre extrêmement riche de compétences. Il y a un vivier de talents comme j'en ai rarement vus. Il y a un manque d'expérience par rapport à la métropole, mais ce qu'il leur faut, c'est de la confiance, de la pratique et de l'expérience. On s'est évertué à faire la meilleure préparation possible pour donner la chance à ces talents de s'exprimer pleinement. Je suis tellement fier de ce que livrent les comédiens et les techniciens.”
Quelles sont les difficultés rencontrées ?
Chaque territoire a ses spécificités. Le ratio entre ce que Tahiti nous apporte et les difficultés rencontrées, c'est bien peu de choses. On a eu quelques soucis – une partie de l'équipe s'est fait attaquer par des larves de méduses – mais on était tellement heureux d'être là. Avec toutes ces compétences locales, c'est bien peu de choses par rapport au plaisir. Je me régale au quotidien.
Le Tahiti film commission, nouveau guichet unique
La Direction générale de l'économie numérique (DGEN) lance un dispositif pour accompagner le développement et la promotion de l’audiovisuel polynésien à l’échelle locale et internationale. Créé il y a deux mois, la Tahiti film commission marque une nouvelle étape. Vatea Toofa, directeur adjoint de la DGEN, détaille : “L'objectif est d'accompagner tous les producteurs avec un objectif premier : attirer les productions internationales, créer de l'emploi, faire fonctionner tout le marché de l'audiovisuel.”
Le dispositif repose sur le Soutien à la création audiovisuelle et cinématographique (SCCA), qui peut financer documentaires, fictions ou courts-métrages. “Il est possible également de soutenir de manière ponctuelle des productions, puisque des subventions peuvent être délivrées sous arbitrage DGEN et présidence”, précise-t-il. Pour Oro, une aide de 10 millions de francs est attendue et en cours de validation.
Le Tahiti film commission constitue actuellement un catalogue exhaustif répertoriant tous les producteurs, sites de tournage et prestataires. “De l'assistant de production au chauffeur ou l'excursionniste qui pourrait conduire les équipes”, détaille Vatea Toofa. Le Tahiti Film Commission se positionne comme le guichet unique pour tous les producteurs souhaitant tourner en Polynésie.
Le SCCA prévoit deux commissions par an. La prochaine aura lieu fin mars 2026, avec ouverture des demandes en décembre. La seconde se tiendra fin août 2026. “Cette aide soutient les producteurs locaux en coproduction avec des productions internationales, mais aussi les projets 100 % locaux”, précise le directeur adjoint.
Deux importantes productions internationales se tournent actuellement quelque part en Polynésie. Anglophones toutes deux, mais impossible d'en dire plus : clause de confidentialité oblige.
La Direction générale de l'économie numérique (DGEN) lance un dispositif pour accompagner le développement et la promotion de l’audiovisuel polynésien à l’échelle locale et internationale. Créé il y a deux mois, la Tahiti film commission marque une nouvelle étape. Vatea Toofa, directeur adjoint de la DGEN, détaille : “L'objectif est d'accompagner tous les producteurs avec un objectif premier : attirer les productions internationales, créer de l'emploi, faire fonctionner tout le marché de l'audiovisuel.”
Le dispositif repose sur le Soutien à la création audiovisuelle et cinématographique (SCCA), qui peut financer documentaires, fictions ou courts-métrages. “Il est possible également de soutenir de manière ponctuelle des productions, puisque des subventions peuvent être délivrées sous arbitrage DGEN et présidence”, précise-t-il. Pour Oro, une aide de 10 millions de francs est attendue et en cours de validation.
Le Tahiti film commission constitue actuellement un catalogue exhaustif répertoriant tous les producteurs, sites de tournage et prestataires. “De l'assistant de production au chauffeur ou l'excursionniste qui pourrait conduire les équipes”, détaille Vatea Toofa. Le Tahiti Film Commission se positionne comme le guichet unique pour tous les producteurs souhaitant tourner en Polynésie.
Le SCCA prévoit deux commissions par an. La prochaine aura lieu fin mars 2026, avec ouverture des demandes en décembre. La seconde se tiendra fin août 2026. “Cette aide soutient les producteurs locaux en coproduction avec des productions internationales, mais aussi les projets 100 % locaux”, précise le directeur adjoint.
Deux importantes productions internationales se tournent actuellement quelque part en Polynésie. Anglophones toutes deux, mais impossible d'en dire plus : clause de confidentialité oblige.








































