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Sécheresse au Cap: mode d'emploi du "Jour zéro"


Le Cap, Afrique du Sud | AFP | jeudi 07/02/2018 - Après trois années consécutives de sécheresse, Le Cap, la deuxième ville d'Afrique du Sud, s'apprête à vivre une situation inédite pour une mégapole des temps modernes: l'eau pourrait ne plus couler aux robinets.

Voici le mode d'emploi de ce scénario catastrophe.

Le "Jour zéro", c'est quoi ?

Le "Jour zéro" correspond au jour où la municipalité du Cap coupera l'approvisionnement en eau de 75% des habitations, soit plus d'un million de foyers.
Familles et commerces seront alors contraints de faire la queue à 200 points d'eau pour obtenir une ration de 25 litres par jour et par personne.
Ces robinets publics seront probablement gardés par les forces de sécurité pour éviter les débordements.
Les habitations épargnées par les coupures sont situées dans le centre ville et les quartiers pauvres, déjà privés d'eau courante à domicile.

A quand le "Jour zéro" ?

La date change régulièrement en fonction de la consommation. 
Pour l'éviter, Le Cap ne doit pas consommer plus 450 millions de litres par jour. En-dessous de ce seuil, la date est repoussée. 
Le "Jour zéro" est à ce jour fixé au 11 mai.
Actuellement, les barrages, principale source d’approvisionnement en eau du Cap, ne sont remplis qu'à 25,9% de leur capacité. Selon les experts, en-dessous de 10% de remplissage, l'eau des barrages n'est pas utilisable.

Comment l'éviter ?

Le "Jour zéro" est évitable, ne cessent de répéter les autorités, la responsabilité en incombe avant tout aux habitants.
Réduire la consommation des foyers (70% de la consommation totale) est la priorité, plutôt que de limiter celle des industries, trop coûteuse économiquement.
La municipalité exhorte depuis des mois sa population à faire des efforts. Depuis février, elle leur recommande de ne pas utiliser plus de 50 litres quotidiens par personne, contre 87 plus tôt.
Par comparaison, une chasse d'eau consomme 9 litres, une douche d'une minute 10 litres.
La responsable de la province du Cap occidental, Helen Zille, montre l'exemple: elle affirme ne se doucher que "brièvement" une fois tous les trois jours. "Avoir les cheveux gras pendant la sécheresse, c'est aussi important que d'avoir une voiture poussiéreuse", a-t-elle lancé.
Le Cap, bordé par les océans Atlantique et Indien, réfléchit aussi à développer ses capacités de désalinisation.
La première usine doit être opérationnelle ce mois-ci. Située sur le touristique front de mer Victoria et Alfred, elle produira initialement 2 millions de litres d'eau par jour. La consommation actuelle de la ville est de 600 millions de litres.
Trois autres usines sont en cours de construction mais les travaux ont pris du retard.
De l'eau est aussi acheminée au Cap. L'organisation Gift of the Givers collecte actuellement dans 70 points répartis dans tout le pays de l'eau à distribuer aux plus vulnérables.
Les autorités envisagent également de puiser dans trois aquifères: l'un situé sous la fameuse montagne de la Table (40 millions de mètres cube), l'autre dans le quartier défavorisé des Cape Flats (80 millions de mètres cube) et le dernier dans celui d'Atlantis (30 millions de mètres cube).
De fortes pluies permettraient aussi d'éviter le jour J, mais elles ne sont pas attendues dans la région avant mai.

Qui sera épargné ?

Les sites "économiquement essentiels" et les quartiers défavorisés, qui dépendent des robinets municipaux et n'absorbent que 5% de la consommation de la municipalité.
Le gouvernement local a assuré que l'approvisionnement en eau des centres de santé - publics et privés - serait garanti.
Les écoles seront aussi épargnées. En cas de chute des réserves, 400 des 1.000 établissements disposent de puits.

le Jeudi 8 Février 2018 à 05:17 | Lu 402 fois