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Scandale Facebook: perquisition au siège londonien de Cambridge Analytica


Londres, Royaume-Uni | AFP | samedi 23/03/2018 - Une perquisition était en cours vendredi soir dans les bureaux londoniens de la société Cambridge Analytica (CA), accusée d'avoir acquis les données de millions d'utilisateurs de Facebook sans leur consentement.

Dix-huit membres de l'Information Commissionner's Office (ICO), le régulateur britannique chargé de la protection des données, se trouvaient au siège britannique de l'entreprise, situé dans le centre de Londres.

Cette autorité indépendante, chargée de protéger les données personnelles, avait obtenu un peu plus tôt un mandat de perquisition délivré par un juge de la Haute Cour de Londres.

L'ICO avait réclamé cette mesure pour "fouiller les serveurs" de Cambridge Analytica et "effectuer une vérification des données".

"Il ne s'agit là que d'une partie d'une enquête plus vaste sur l'utilisation de données personnelles à des fins politiques. Nous allons devoir maintenant recueillir, évaluer et examiner les éléments de preuve avant de tirer des conclusions", a expliqué un porte-parole de l'ICO après l'obtention du mandat.

Le régulateur avait indiqué avoir demandé dès le 7 mars à Cambridge Analytica de pouvoir accéder à ses dossiers, mais ne pas avoir pas obtenu de réponse "dans les délais impartis". D'où sa demande de mandat.

CA est accusée d'avoir récupéré à leur insu les données de 50 millions d'utilisateurs de Facebook et de les avoir utilisées pour développer un outil informatique permettant de cibler des électeurs afin de peser dans la campagne présidentielle de Donald Trump en 2016.

- Brexit: quel rôle a joué CA ? -
La presse britannique s'interroge également sur son rôle pendant la campagne référendaire sur le Brexit, également en 2016.

Brittany Kaiser, qui était jusqu'il y a deux semaines directrice du développement de CA, a déclaré au quotidien britannique The Guardian que la firme avait effectué une recherche de données pour Leave.EU, qui était l'un des principaux groupes favorables à la sortie de la Grande-Bretagne de l'UE, via le parti anti-UE Ukip.

Selon ses déclarations au journal, Mme Kaiser estime que les démentis publics et répétés de CA selon lesquels la firme n'avait jamais travaillé sur ce référendum sur l'UE avaient induit en erreur les parlementaires britanniques et le public.

"A mon avis, je mentais", a-t-elle déclaré. A l'époque, "je pensais que nous aurions dû dire +C'est exactement ce que nous avons fait+".

Alexander Nix, le président de CA dont la firme a annoncé mardi la suspension, a déclaré en février à des parlementaires: "Nous n'avons pas travaillé pour Leave.EU. Nous n'avons entrepris aucun travail payé ou non payé pour eux, OK ?"

- Facebook dans la tempête -
L'entreprise affirme de son côté ne pas avoir mal agi.

"Toute personne connaissant notre personnel et notre travail peut en témoigner: nous ne ressemblons en rien à l'entreprise animée par des motivations politiques et contraires à l'éthique que certains ont tenté de dépeindre", a déclaré vendredi dans un communiqué le président intérimaire de CA, Alexander Tayler.

CA avait annoncé mardi la suspension de son patron Alexander Nix à la suite de "commentaires" de ce dernier enregistrés par la chaîne Channel 4 News, ainsi que d'autres "allégations" formulées à son encontre, qui "ne représentent pas les valeurs" de la société.

Ces commentaires étaient issus d'une enquête diffusée par la chaîne britannique où M. Nix apparaît en caméra cachée et se vante du rôle joué par son entreprise dans la campagne présidentielle de Donald Trump. Recherche, analyse, "on a dirigé sa campagne numérique", assure-t-il dans ces propos.

Entreprise de communication stratégique et d'analyse de données à grande échelle, CA dispose de bureaux à Londres, Washington et New York notamment.

Le scandale a plongé Facebook dans la tourmente, l'exposant à des plaintes en nom collectif, et a contraint son jeune patron milliardaire Mark Zuckerberg à présenter des excuses publiques.

Dans les colonnes du New York Times, celui qui a lancé le plus grand réseau social du monde depuis sa chambre d'étudiant à Harvard en 2004 a promis de "réparer le système pour que ce genre de choses ne se reproduise pas".

Rédigé par () le Vendredi 23 Mars 2018 à 15:10 | Lu 304 fois