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Sarkozy ouvre les XIVe Jeux du Pacifique. La Polynésie défile derrière le drapeau tricolore


NOUMEA, 27 août 2011 (AFP) - Le président Nicolas Sarkozy a ouvert samedi soir à Nouméa les XIVe Jeux du Pacifique, sorte de "Jeux méditerranéens" des antipodes, en rendant hommage à "l'esprit de dialogue" et de "respect mutuel" des Néo-Calédoniens.

"C'est la 3e fois que la Nouvelle-Calédonie organise les Jeux du Pacifique mais c'est la première fois" qu'elle le fait "dans un esprit de dialogue, de réconciliation, de rassemblement et de paix", a affirmé M. Sarkozy, en ouvrant ces jeux au stade Magenta de Nouméa.

Le chef de l'Etat, en visite dans l'archipel jusqu'à dimanche, est accompagné des ministres des Sports, Chantal Jouanno, et de l'Outremer, Marie-Luce Penchard.

Les habitants de ce territoire, Kanaks indépendantistes et Calédoniens d'origine européenne, connaissent des tensions mais sont néanmoins à la recherche d'un consensus visant à la paix sociale. Ainsi, ils ont récemment décidé, avec l'accord de l'Etat, d'adopter deux drapeaux pour les représenter, le drapeau tricolore et le drapeau kanak.

"En 1987, lorsque vous viviez des heures sombres, tous vous avez souffert, lorsque hélas, la politique avait pris le dessus sur les enjeux sportifs", a rappelé le président en allusion aux graves événements, cette année-là, qui s'étaient soldés par la mort de 25 personnes, dont 19 Kanaks, suite à une prise d'otage, à Ouvéa.

"Pour moi, en tant que président de la République française, je veux dire mon émotion profonde de voir la délégation des athlètes de Nouvelle-Calédonie défiler derrière ces deux drapeaux entremêlés, entrecroisés, les drapeaux de la paix, du rassemblement", a-t-il affirmé, sous les applaudissements de la foule.

"Ma présence est là pour témoigner à la face du monde entier que la violence est une impasse, que la parole et le dialogue, le respect mutuel, c'est la solution", a-t-il poursuivi.

"Je veux dire à tous nos amis venus du Pacifique, dont le nom des pays chantent et évoquent des paysages de rêve, que vous démontrez qu'à l'échelle de la mesure démographique ou économique, on peut être un petit pays mais qu'à l'échelle du souvenir de ses ancêtres, à l'échelle de la mémoire de ses traditions, à l'échelle de la fierté de sa culture, on peut être un grand pays. Et la Nouvelle-Calédonie accueille aujourd'hui sur ce territoire des grands pays venus du pacifique".

Quelque 3.500 athlètes de 22 pays du Pacifique - du Vanuatu et îles Fidji aux îles Samoa, de Tahiti aux îles Mariannes et de Guam - participent à ces jeux. Dans quatre ans, ce sera à la Papaousie-Nouvelle Guinée de les organiser.

Contrairement aux menaces des autorités indépendantistes de Polynésie française, la délégation de Tahiti a finalement défilé derrière le drapeau tricolore.

npk/sm/sd

Sarkozy salue le projet Koniambo nickel calédonien, symbole de "justice"

Sarkozy ouvre les XIVe Jeux du Pacifique. La Polynésie défile derrière le drapeau tricolore
Nicolas Sarkozy a visité dans la matinée le vaste chantier d'extraction et de transformation de nickel, minéral dont regorge l'archipel, situé à Vavouto (nord). Il a affirmé samedi que le projet minier Koniambo d'extraction du nickel de Nouvelle-Calédonie, actuellement en chantier dans le nord de l'archipel, allait permettre à ses habitants de "bâtir un avenir de paix et de justice".

"Je mesure ce qu'il a fallu de compétences et de travail pour bâtir cette cathédrale qui commencera à fonctionner dans quelques mois", a affirmé M. Sarkozy.

La réalisation de ce projet, l'un des plus importants au monde de ce type, et d'un coût de 5 milliards d'euros, traduit la volonté de l'Etat de "rééquilibrage" économique entre le nord et le sud de la Nouvelle-Calédonie.

L'archipel souffre en effet d'un déséquilibre de développement : d'un côté, une province sud dynamique et prospère, dominée par la ville de Nouméa, et peuplée majoritairement par des Calédoniens d'origine européenne; de l'autre, la province nord et celles des îles, peuplées majoritairement de Kanaks.

C'est en 1998 avec le "protocole de Bercy", sous gouvernement socialiste, qu'il avait été décidé de céder aux indépendantistes kanaks de la province nord le soin de gérer l'immense gisement de nickel de leur région.

Selon ce protocole, le complexe minier est possédé à 51% par la Société minière du sud pacifique (SMSP), et à 49% par Xstrata, un géant minier anglo-suisse.

Le complexe devrait commencer à fonctionner fin 2012 et produire 60.000 tonnes de nickel par an. Près de 800 emplois pérennes seront créés.

"Ici (dans la province nord de l'archipel), les Calédoniens d'origine européenne sont chez eux. Comme au sud, les calédoniens d'origine mélanésienne sont chez eux. L'exclusion est parfaitement incompatible avec ce genre de projet" développé à Vavouto, a plaidé M. Sarkozy.

"On peut bâtir un avenir de paix et de justice sur cette réalité, cette culture multiple, européenne et mélanésienne", a-t-il insisté, ajoutant que "personne ne doit s'excuser de sa culture, ou renoncer au souvenir de ses ancêtres".

"La Nouvelle-Calédonie que j'aime, c'est celle qui est capable avec tous ses enfants de construire un projet mondial", a-t-il également affirmé.

Au président de la province nord, l'indépendantiste kanak Paul Neaoutyine, qui l'a accueilli sur le site, le chef de l'Etat a lancé : "On n'est pas d'accord sur tout, mais on est d'accord sur le fait que Koniambo Nickel doit réussir. On est d'accord sur autre chose", que ce projet va "donner du travail aux habitants de Calédonie", s'est-il réjoui.


Rédigé par AFP le Samedi 27 Août 2011 à 06:14 | Lu 2669 fois