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Sarkozy en nouvelle-Calédonie, dans un archipel agité par des tensions


Sarkozy en nouvelle-Calédonie, dans un archipel agité par des tensions
PARIS, 23 août 2011 (AFP) - Nicolas Sarkozy se rend en Nouvelle-Calédonie de vendredi à dimanche, un voyage programmé de longue date dans cet archipel en proie à des tensions politiques et sociales, alors que la crise financière continue de sévir et que le régime de Kadhafi s'apprête à tomber.

C'est la première fois que le président de la République se rend dans ce territoire d'outre-mer, celui qui l'avait le mieux élu en 2007 (62,8%).

Accompagné des ministres de l'Outre-mer Marie-Luce Penchard, des Sports Chantal Jouanno, et de plusieurs sportifs (le nageur Alain Bernard notamment), M. Sarkozy ouvrira samedi soir les XIVe Jeux du Pacifique.

Sur le chemin de l'aller, il fera jeudi une halte à Pékin pour avoir un entretien et un dîner avec son homologue chinois Hu Jintao, selon l'Elysée. Au menu: crise financière et Libye.

M. Sarkozy arrivera vendredi matin en Nouvelle-Calédonie, au moment où l'archipel est traversé par une crise politique et des tensions sociales qui ont dégénéré le 6 août en affrontements meurtriers.

Un conflit à la compagnie domestique Aircal sur l'île de Maré (200 km à l'est de Nouméa), dû à la hausse du prix des billets et greffé à des litiges d'ordre coutumiers et religieux, a provoqué des heurts entre partisans du président d'Aircal, Nidoish Naisseline, également chef kanak d'une région de Maré, et usagers. Quatre personnes ont été tuées, trente autres blessées.

Ces incidents se sont déroulés sur fond d'instabilité politique, ponctuée, au cours des derniers mois par de nombreux recours juridiques.

La droite, majoritaire sur l'échiquier scindé entre non-indépendantistes et indépendantistes, en proie à des profondes divisions, est à l'oigine de cette crise politique.

Après les élections provinciales de 2009, le Rassemblement-UMP, Calédonie ensemble (CE) et l'Avenir ensemble (AE) avaient conclu un "pacte républicain" pour gérer les institutions territoriales, mais il a volé en éclat le 17 février dernier.

Le gouvernement collégial de Philippe Gomes, leader de CE et adhérent de l'UMP brouillé avec la "filiale" officielle du parti de Nicolas Sarkozy en Calédonie, a été renversé par une alliance éclectique entre le RUMP, AE et deux partis indépendantistes, l'Union calédonienne et le très à gauche Parti travailliste.

En mai, les élus calédoniens ont été reçus par François Fillon, avant qu'une modification de la loi organique de l'Accord de Nouméa (1998) ne soit votée au Parlement pour limiter la possibilité de renverser le gouvernement.

Le fonctionnement des institutions n'est revenu à la normale que vendredi dernier, avec l'élection de Roch Wamytan (UC) à la tête du Congrès et dont la première élection avait été invalidée par le Conseil d'Etat.

A rebours des autres territoires d'outre-mer, la Nouvelle-Calédonie jouit d'une économie dynamique, grâce à son industrie du nickel, qui sera d'ailleurs un temps fort du séjour de M. Sarkozy, qui visitera le gigantesque chantier de l'usine du groupe anglo-suisse Xstrata.

Mais les inégalités sociales sont profondes et alimentent selon la Ligue des droits de l'Homme "un risque d'explosion à court ou moyen terme".

Le risque est d'autant plus grand que cette fracture suit une ligne ethnique entre Kanaks et Européens, à la veille d'échéances politiques capitales, qui vont relancer le débat sur l'indépendance.

Entre 2014 et 2018, termes de l'accord de Nouméa, un référendum d'autodétermination doit être organisé. Des réflexions sont engagées pour élaborer une solution institutionnelle partagée par les deux camps.

Enfin, M. Sarkozy a fait savoir qu'il annoncerait des "décisions" pour lutter contre la hausse de la délinquance dans l'archipel.


PROGRAMME du Déplacement en Nouvelle-Calédonie

Vendredi 26 août

10h45 Arrivée de M. le Président de la République sur la place Bir Hakeim de Nouméa
Accueil républicain et populaire
Cérémonie républicaine au monument aux morts de Nouméa


11h00 (Paris - 2h00) Allocution de M. le Président de la République sur la contribution de la Nouvelle-Calédonie à la libération de la France et sur le 70ème anniversaire de la création du bataillon du Pacifique


11h30 Arrivée au Sénat coutumier
Geste coutumier


12h00 Réunion de travail avec les élus au Haut-Commissariat


16h00 (Paris - 7h00) Visite du quartier Tuband
Présentation du projet urbain,
Inauguration du nouveau bureau de police,
Échange informel avec les acteurs de la sécurité et les habitants


Samedi 27 août

09h25 (Paris - 0h25) Arrivée de M. le Président de la République sur le site du Service militaire adapté de Koné
Visite de différents ateliers professionnels et d'un chantier d'application


10h00 (Paris - 1h00) Arrivée sur le chantier de l'usine du Nord (exploitation du nickel)
Présentation du site et du procédé industriel
Présentation des principales infrastructures en cours d'édification
Échange avec les salariés des entreprises engagées sur le chantier
ainsi qu'avec les stagiaires et formateurs du SMA


15h45 (Paris - 6h45) Visite du village des Jeux du Pacifique (Nouméa -- Presqu'île de Nouville)
Rencontre avec les délégations présentes tout, particulièrement celles de Polynésie française, de Nouvelle-Calédonie et de Wallis-et-Futuna


20h30 (Paris - 13h00) Arrivée au stade Magenta
Allocution de. M. le Président de la République à l'occasion de la
cérémonie d'ouverture des XIVe Jeux du Pacifique


Dimanche 28 août

10h00 (Paris - 1h00) Discours de M. le Président de la République - salle omnisports de
Païta

Un détour par la Chine pour s'entretenir avec Hu de la crise

Sarkozy en nouvelle-Calédonie, dans un archipel agité par des tensions
En pleine crise financière, Nicolas Sarkozy fera escale à Pékin jeudi, en se rendant en Nouvelle-calédonie, pour s'entretenir avec son homologue chinois Hu Jintao des "grands dossiers de la présidence française du G20" en 2011, selon l'Elysée.

Les deux chefs d'Etat devraient parler prioritairement du problème des dettes souveraines.

La Chine, qui détient une grosse partie de la dette américaine, avec 1.170 milliards de dollars (811 milliards d'euros) de bons du trésor américain dans ses caisses, pourrait de son côté exprimer ses inquiétudes face à la dégradation de la note des Etats-Unis, début août.

Le chef de l'Etat sera rejoint à Pékin par François Baroin, ministre des Finances, présent pour sa part en Chine jeudi et vendredi afin de préparer les prochaines réunions du G20, ont indiqué ses services mardi.

La France préside cette année les G8 et G20, forums des principaux pays riches et émergents.

Lundi, à trois jours de l'arrivée du président Sarkozy, le Quotidien du Peuple, l'organe officiel du régime, a affirmé que les pays de la zone euro devaient prendre des "mesures concrètes" pour réformer leurs institutions économiques et restaurer la confiance.

C'est la sixième fois que le président de la République se rend en Chine, ce qui est "sans précédent et donne la mesure de l'intensité des relations entre Paris et Pékin", fait-on valoir à l'Elysée.

Les deux chefs d'Etat auront un entretien à partir de 17h00 puis un dîner de travail.

Ils devraient également s'entretenir de la taxation des transactions financières, de nouveau proposée par le président français et la chancelière allemande Angela Merkel. Pour être réellement efficace, cette taxe nécessite d'être adoptée au niveau mondial.

Par ailleurs, les présidents français et chinois pourraient également évoquer la situation de la Libye où le régime du colonel Kadhafi est en passe de tomber.

M. Sarkozy avait réussi à persuader la Chine, membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU, de ne pas opposer son droit de veto à l'action de l'Otan en Libye (débutée le 19 mars) mais depuis, Pékin a exprimé de vives critiques envers les attaques aériennes de l'Alliance atlantique.

Mardi, la presse chinoise a estimé que l'Occident avait la responsabilité de "nettoyer le désordre qu'il a mis" dans ce pays.

Au lendemain de l'entrée des rebelles dans Tripoli, la Chine a également souhaité la poursuite de liens économiques et commerciaux "mutuellement bénéfiques" avec la Libye, où elle a investi des milliards de dollars dans les chemins de fer, le pétrole et les télécoms essentiellement.

Rédigé par Par Claudine WERY et Nadège PULJAK le Mardi 23 Août 2011 à 05:22 | Lu 866 fois